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Couacs, divisions, fragilités structurelles...

LREM : du fiasco sur le congé pour deuil au fiasco des municipales ?

Affaiblie par la lutte contre sa réforme des retraites, la majorité présidentielle l'est aussi par le couac de ces derniers jours sur le congé pour deuil d'un enfant. Structurellement faible, le parti présidentiel se retrouve en difficulté pour les municipales.

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Crédit photo : LUDOVIC MARIN/AFP

Ce mardi soir, Macron recevait sa majorité pour une réunion de travail à l’Élysée. Une façon de tenter de resserrer les rangs, notamment après le « couac » autour du congé pour deuil d’un enfant.

Le couac du congé pour deuil d’un enfant : une fissure de plus dans la Macronie

Pour rappel, la polémique avait pris après que le vote des députés La République en Marche (LREM) ait abouti au rejet de l’allongement de 5 à 12 jours du congé pour deuil lors d’un décès d’un enfant d’un salarié, le 30 janvier dernier. Le tollé avait été tel qu’il avait forcé le président lui-même à réagir malgré son déplacement en Pologne. Il avait alors – non sans cynisme – appelé les députés de son parti à « faire preuve d’humanité ».

Un recadrage peu apprécié par les députés alors que la consigne de vote avait été donnée par la ministre du travail Muriel Pénicaud elle-même. De nombreux députés ont alors tenté de se justifier, à l’instar d’Aurore Bergé. Elle, dont le vote avait été fait par procuration en son absence, en a accusé le gouvernement « Nous sommes pris entre deux feux : d’un côté, l’opinion qui, à raison, dit qu’on a déconné et de l’autre, une partie de l’exécutif qui nous traite de cons. Les cons, ce sont des députés qui ont juste été loyaux à l’égard du gouvernement. »

Macron et ses députés tentent de colmater les brèches

Pour rattraper le coup après ce vote qui est très mal passé auprès de l’opinion publique, quelques députés LREM ont tenté l’écriture d’un nouveau texte, plus ambitieux. Selon Le Figaro, « des élus ont travaillé, en lien avec le gouvernement, les partenaires sociaux et les associations, à une proposition de "plan d’action global" ». Ils préconisent un congé de 15 jours, mais aussi une « aide financière universelle aux obsèques de l’enfant » , un « accompagnement psychologique de plein droit », etc. En bref, comme l’écrit Le Figaro, « ils veulent faire oublier le fiasco des derniers jours ».

Mais du côté du président aussi, il s’agit de resserrer les rangs autour de lui et de se faire pardonner son appel à plus « d’humanité », que certains ont pris comme une humiliation. Dans un contexte de « crise interne », Emmanuel Macron a ainsi convoqué une réunion « pour tenter de faire redescendre la tension » – toujours selon les termes du Figaro. Les propos des membres de LREM, cités par le journal, sont éclairants : « Il commence à y avoir de la perte d’engagement dans le groupe. Il faut vite redonner une perspective, montrer le chemin » selon un parlementaire. D’après un membre du gouvernement, « cette réception donne l’impression d’un moment de fébrilité ».

Des fragilités structurelles qui vont s’exprimer lors des municipales

Il ne s’agit pas seulement d’une situation conjoncturelle, et cette fébrilité du côté d’Emmanuel Macron a des racines plus profondes. Comme l’exprimait Martine Wonner, députée de l’ « aile gauche » de LREM, avec cette réunion, « c’est peut-être le président qui a besoin d’être rassuré ». Et pour cause : ce couac s’ajoute à de nombreux autres, qui eux-mêmes s’ajoutent aux fragilités structurelles du parti présidentiel. Ces faiblesses, ce sont celles d’un parti peu implanté localement. Derrière la majorité parlementaire, LREM dispose de peu de relais locaux et de peu de militants actifs de terrain. Il risque de le payer cher aux élections municipales. De plus, le président et son parti sont au plus bas dans les sondages et ce notamment car leurs politiques anti-sociales provoquent la colère de nombreux secteurs de la population.

Le journal Les Echos titre dans son édition du jour : « Les élections municipales s’annoncent de plus en plus difficiles pour En Marche ». Selon le quotidien, la commission nationale d’investiture d’En Marche, après 6 mois de travaux qui se seraient déroulés « dans la douleur », a dû « revoir ses ambition à la baisse ». Ainsi, le parti « ne sera présent que dans à peine une ville de plus de 9.000 habitants sur deux ». De plus, les candidats LREM seraient « en difficulté dans la plupart des grandes villes, si l’on en croit les sondages » – sans parler du fiasco parisien, entre le manque d’enthousiasme des habitants de la capitale pour Benjamin Griveaux et le refus de Cédric Villani de se plier aux injonctions présidentielles. Enfin, la stratégie adoptée pour pallier à ses faiblesses cause, à son tour, des divisions dans la majorité. Toujours selon Les Echos, « Pour arriver à ses fins, LREM compte surtout sur les candidats qui seront sur les listes des maires sortants qu’elle soutient » ; mais « cette stratégie d’alliance a suscité beaucoup de tensions en interne et est à l’origine de nombre de candidatures dissidentes ».

Faire voler en éclats ce gouvernement

Si Macron, son gouvernement et sa majorité sont fragilisés, ils ne tomberont pas tous seuls. Dans ce cadre, il s’agit de construire la date du 17 février, appelée comme une « journée noire » par certains syndicats de la RATP, comme prochaine de journée de mobilisation – et ce en s’appuyant sur les secteurs qui montrent du dynamisme, comme la jeunesse et l’enseignement. Mais la stratégie de l’intersyndicale, faite de division des dates et de journées isolées, se refusant même à se joindre au 17 février, pour n’appeler à une prochaine mobilisation interprofessionnelle que le 20 février, est profondément contre-productive. Pour faire voler en éclat la Macronie, il s’agirait de construire un mouvement de grève générale reconductible !


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