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International

L’Ukraine sur l’échiquier mondial

L'Ukraine est historiquement d’une importance stratégique dans les confrontations entre la Russie, les États-Unis et l'OTAN. La presse internationale fait actuellement état d’une montée des tensions en Europe de l'Est suite à la mobilisation des troupes russes aux frontières ukrainiennes. Naturellement, cela soulève un certain nombre de questions : la Russie va-t-elle envahir l'Ukraine ? S'agit-il d'une guerre civile ou d'une confrontation directe entre puissances ? Comment ce conflit est-il né ? Quels sont les rôles de chacun des acteurs ? Nous tenterons ici d'analyser le dossier depuis ses origines, en abordant les différentes dimensions d'un conflit bien plus complexe qu'il n'y paraît, ainsi que les conceptions stratégiques de chacune des puissances en présence.

Santiago Montag

26 janvier 2022

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Dans un dialogue célèbre, deux personnages de Shakespeare font une analogie entre la réalité du monde et la fiction. Le duc Frédéric dit que « ce vaste théâtre de l’univers offre de plus tristes spectacles que cette scène où nous jouons », ce à quoi Jacques répond dans son célèbre monologue que « le monde entier est un théâtre », en comparant les étapes de la vie à celles d’une pièce. À quelques jours de la fin de l’année [l’article ayant été rédigé au mois de décembre 2021, ndlr], les tensions s’exacerbent en Ukraine, une scène sur laquelle les principaux acteurs du monde sont appelés à jouer différents rôles. Dans une pièce de théâtre, l’important, ce sont les apparences et les compétences de chaque acteur qui font que les spectateurs entrent dans ce monde imaginaire et qui suscitent leur empathie. En fonction de celui qui nous a invité à voir la pièce, certains nous apparaissent comme les « méchants » et d’autres comme les « gentils ». Mais la réalité est bien plus complexe si l’on examine les racines historiques de l’Ukraine et les enjeux actuels de ce conflit géopolitique à l’échelle mondiale.

En Ukraine, plusieurs scènes se chevauchent, différentes pièces en une seule. En coulisses, les réalisateurs et les producteurs préparent la mise en scène dans une bataille constante pour déterminer qui dirige quel acte. Entre les tensions internes aux États-Unis et des objectifs géopolitiques divergents ; les ambitions d’une Union européenne plus autonome mais maintenue par l’OTAN ; et une Russie qui cherche à retrouver sa grandeur... Les États-Unis brandissent le spectre de l’autoritarisme russe pour justifier leur avancée vers l’Est, la Russie pointe du doigt la présence massive d’armes nucléaires et d’infrastructures militaires de l’OTAN aux abords de son pays, tandis que l’UE cherche à dialoguer avec la Russie pour calmer le jeu en raison de sa forte dépendance énergétique. De leur côté, les Ukrainiens traversent une véritable tragédie sociale qui a divisé le pays en deux grandes régions, alors même que de nouvelles fractures internes sont apparues depuis les manifestations de Maidan en 2013 et 2014.

La crise ouverte en Ukraine, depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch par le mouvement Euromaïdan et jusqu’à la guerre déclenchée dans le Donbass (à l’est du pays) présente des causes multiples et à des échelles différentes. Comme l’explique Rubén Ruiz Ramas, la guerre dans le Donbass est une guerre hybride, au sens où il s’agit d’une guerre asymétrique sans délimitation rigide du front, avec des stratégies et des opérations offensives et défensives continues menées dans différentes arènes : politique, économique, militaire, informationnelle et cybernétique [1]. C’est une guerre dont les principaux acteurs sont locaux, mais à laquelle participent également des acteurs internationaux, tant sur le terrain que par la mise en place de stratégies depuis l’extérieur. Nous allons tenter de commenter ce conflit dont la résolution est encore lointaine.

Le contexte historique et structurel du drame ukrainien actuel

Des vétérans défilent sur la place Maidan contre la « capitulation » dans le Donbass, exigeant de reconquérir les territoires en 2019. Source : DW.

Le déclenchement, fin 2013, de la révolte connue sous le nom d’Euromaïdan [2], a ouvert une crise dont les causes multiples ont consolidé un vieux clivage dans la société ukrainienne et sur lequel on doit porter notre attention. Les premières causes sont à chercher dans le nationalisme ukrainien né après l’effondrement de l’URSS, qui a été schématiquement divisé en deux camps géographiques de la population.

D’une part, l’est et le sud du pays où se trouve un secteur de l’oligarchie héritier de l’appareil productif soviétique, aux côtés de la population russophone (environ 30 % des Ukrainiens) qui tirent ses racines historiques et son identité culturelle de Moscou, transcendant les frontières. [3]

D’autre part, une partie de la société et de l’élite politique a cherché à se rapprocher de l’UE en essayant de construire une identité ukrainienne pure, semblable à celle du reste des pays slaves d’Europe de l’Est (c’est-à-dire libéré des Russes), et ce, plus comme un moyen de se distancier de la Russie plus qu’une adhésion au système d’idées libéral européen. Depuis le 12e siècle, la région ukrainienne était sous la domination de Moscou, mais l’histoire plus récente pèse désormais davantage sur les consciences. Au cours de cette période, la population de la région a traversé plusieurs processus historiques qui ont façonné un profond sentiment anti-russe au sein de la population occidentale : l’oppression du tsarisme, la guerre civile de 1917-1921 (où s’affrontèrent la Garde blanche, l’Armée rouge et les nationalistes ukrainiens), la collectivisation forcée du stalinisme, les famines de 1932 et 1933, et la Seconde Guerre mondiale.

Carte ethno-linguistique de l’Ukraine. Source : Washington Post

Cette situation a entraîné le pays dans une crise historique de la construction de l’État et de l’identité nationale, si bien que l’élite politique ukrainienne n’a pas pu suivre un vecteur géopolitique unique. Ainsi, après l’indépendance en 1991, ils ont cherché à établir de bonnes relations avec les deux parties, tout en restant équidistants, bien que la tendance générale fût d’importer le modèle démocratique libéral occidental.

Pour un secteur de la bourgeoisie ukrainienne, le rapprochement avec l’UE était essentiel pour se distancer de la Russie, étant donné qu’elle conservait des liens économiques importants avec la Russie dues à son implantation industrielle et de la dépendance énergétique croissante de l’Ukraine, ainsi que des liens culturels, religieux et ethniques dans le sud et l’est du pays. En Ukraine, comme dans tous les pays de l’espace post-soviétique, les années 1990 ont été marquées par des processus d’accumulation à travers d’énormes privatisations, la concentration des entreprises appartenant aux Ukrainiens et l’entrée des transnationales. La chute significative de tous les indicateurs sociaux et économiques, en plus du déclin démographique sans précédent, a été comparable à celui d’une guerre à grande échelle. Leon Zhukovskii a appelé cela l’involution périphérique, c’est-à-dire la destruction et le remplacement prémédités d’un système de relations sociales d’un développement historique (tant dans sa matérialité que dans ses fondements éthico-politiques) plus grand que celui du capitalisme périphérique qui lui a succédé [4]. Ce qui s’est traduit par une forte discipline de l’impérialisme - qui entrait dans une phase d’unipolarisme - envers les pays de l’ancien bloc socialiste afin de les subordonner au « nouvel ordre mondial », mais aussi matériellement et symboliquement envers tous les travailleurs du monde par l’expansion des formes de production et de reproduction capitalistes.

Sur le plan territorial, on peut donc observer un ouest ukrainien où les principales entreprises se sont accaparé les terres les plus fertiles de la planète ; et un est qui a conservé une région industrielle liée au bassin du Donbass, d’où sont extraites d’importantes ressources minérales pour les usines ex-soviétiques. Cette partition territoriale ethnique et culturelle s’exprime également sur le plan électoral : les oligarchies pro-russes et pro-européennes se sont disputé le pouvoir en maintenant leurs bases respectives circonscrites à ces deux grandes régions du pays, livrant le pays à une lutte d’influence internationale délicate.

De la révolution orange à la place Maidan

Lors des élections de 2004, le candidat de l’époque, Viktor Iouchtchenko, a été le premier à se déclarer ouvertement en faveur d’une orientation pro-occidentale et pro-européenne, alors que Viktor Yanukovych, appartenant à l’oligarchie pro-russe, était réticent à tout rapprochement avec l’alliance atlantique. Cette année-là, des accusations de fraude électorale ont conduit à la « révolution orange » (couleur du parti pro-occidental « Notre Ukraine ») qui a mis Iouchtchenko au pouvoir entre 2005 et 2010. Au cours de cette période, M. Iouchtchenko réclamait sans réserve l’adhésion à l’UE et à l’OTAN. Ainsi l’Occident [5] fournissait une aide économique et un soutien politique sans tenir compte de l’élargissement du fossé interne causé par le nouvel alignement international, qui a en même temps conduit à des réformes internes du système politique ukrainien. M. Iouchtchenko considérait les régions de l’est et du sud comme un fardeau de l’ère soviétique, ce qui faisait des populations de ces régions des groupes discriminés par le gouvernement de Kiev. La politique de confrontation avec la Russie qui a conduit aux guerres du gaz (2006-2009) ainsi qu’une forme de gouvernement en faveur d’une oligarchie ukrainienne ont conduit à la victoire de Ianoukovitch en 2010. À l’époque, le nouveau président - un allié traditionnel de la Russie - prenait ses fonctions avec l’idée de reprendre le chemin de meilleures relations avec l’UE, du développement économique, du bien-être social et de la consolidation de la démocratie. Comme l’explique Javier Morales [6], vers 2013, l’idée d’ouvrir le commerce aux produits de l’UE a suscité des craintes au sein du gouvernement en raison de l’impact négatif que cela aurait pu avoir sur l’industrie ukrainienne, qui était à son tour associée aux exigences du FMI en matière d’ajustements structurels dans le cadre des conditions de crédit dont le pays avait besoin pour éviter la ruine totale. En outre, l’UE a exigé des réformes constitutionnelles qui affaibliraient le pouvoir de l’exécutif au profit d’autres pouvoirs. En contrepartie, l’Ukraine ne pouvait pas adhérer à l’Union économique eurasienne (UEE), l’union douanière créée par la Russie avec la Biélorussie et le Kazakhstan, ce qui a renforcé la pression exercée par Poutine sur M. Ianoukovitch dont l’objectif était l’abandon de l’accord avec l’UE. Pour le dirigeant russe, l’UEE est un pilier important pour projeter l’influence et l’intégration économique de la Grande Russie dans l’espace.

Situation dans le Donbas jusqu’au 19 mai 2020. L’Ukraine contrôle l’ouest et le nord des oblasts de Donetsk et de Lougansk, tandis que les rebelles contrôlent la zone couleur sable, y compris une longue portion de la frontière avec la Russie. Bien que la ligne de front soit statique, les combats continuent. Cette carte a été publiée par le ministère ukrainien de la défense. Source : L’ordre mondial et le ministère

Des manifestations du Maidan à la guerre dans le Donbass

Fin 2013, des milliers d’Ukrainiens se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance, ou Maidan, pour lutter contre la décision du président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, d’accepter les conditions d’aide financière de Vladimir Poutine, en pleine crise économique majeure. À savoir de recevoir du gaz naturel russe à prix réduit et une ligne de crédit de 15 milliards de dollars pour éviter la faillite du gouvernement de Kiev en échange de l’abandon par Ianoukovitch de sa tentative de rapprochement avec l’Union européenne, avec laquelle la signature d’ un pacte de libre-échange, l’accord d’association ukraino-européen, était prévue.

Source : eslavia.com.ar

Les manifestations à Kiev ont été menées par différents groupes, des ONG aux politiciens nationalistes et pro-européens, ainsi que par une large composante des partis d’extrême droite. Les mobilisations de milliers d’Ukrainiens ont combiné la fatigue populaire face à la crise économique - héritée du désastre social après l’effondrement de l’URSS et couplée à la crise de 2008 - avec diverses revendications sociales. Notamment du secteur pro-européen qui a utilisé les bannières néolibérales de la démocratie et des valeurs occidentales pour polariser avec le spectre de l’autoritarisme et de la corruption de l’oligarchie pro-russe. La grande majorité avait également été conditionnée par le bombardement idéologique du soft power américain. Comme l’a reconnu Victoria Nuland, sous-secrétaire du Bureau des affaires européennes et eurasiennes à Washington :

« Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, les États-Unis ont aidé les Ukrainiens à renforcer leurs institutions démocratiques, à promouvoir la participation civique et la bonne gouvernance, autant de conditions préalables à la réalisation des aspirations européennes de l’Ukraine. Nous avons investi plus de 5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à atteindre ces objectifs et d’autres qui garantiront une Ukraine sûre, prospère et démocratique. [7]. »

La participation de Nuland, comme celle d’autres responsables occidentaux aux manifestations qui prenaient une position active contre le gouvernement Ianoukovitch, a été interprétée comme un passage du soft power au hard power en intervenant directement dans le conflit.

La répression brutale des manifestations par M. Ianoukovitch a rendu encore plus furieuse la population de Kiev et de l’UE, qui a commencé à faire pression sur le président. La radicalisation accrue des manifestations est liée au fait que le mouvement Euromaidan avait une composition sociale et politique hétérogène et décentralisée, sans direction politique claire. Mais au fil des événements, les secteurs nationalistes d’extrême droite ont occupé une place stratégique en organisant des brigades d’autodéfense. Après des négociations visant à stabiliser le pays, à la recherche d’une solution négociée, le Parlement a voté l’éviction de M. Ianoukovitch en février 2014, lors d’une session entourée de groupes d’autodéfense qui n’ont pas laissé entrer les députés pro-gouvernementaux, même si le président évincé a publiquement cédé à la plupart de leurs demandes. M. Ianoukovitch s’est enfui à Moscou et un gouvernement de transition a immédiatement été installé en Ukraine. Ce gouvernement provisoire a organisé des élections en mai de la même année, qui ont ensuite été remportées par le leader nationaliste pro-européen Petro Porochenko. Le gouvernement intérimaire a été rapidement reconnu par l’Occident sans grande mesure des conséquences, tandis qu’il a été rejeté par les régions de l’Est par le biais d’une série de manifestations de moindre ampleur, dites "anti-Maidan", en faveur de M. Ianoukovitch. Quelques jours après son départ, des groupes armés pro-russes se sont emparés du parlement de Crimée à Simferopol, ainsi que des gouvernements de Donetsk et de Lugansk - Poutine a reconnu par la suite que des forces russes s’étaient infiltrées. La Russie a immédiatement manœuvré pour ne pas perdre la péninsule stratégique. Un référendum a été organisé pour faire d’abord de la Crimée une république indépendante, puis pour annexer le territoire qui contient les principaux chantiers navals de l’ère soviétique et qui abrite la base navale russe de Sébastopol, la principale sur la mer Noire. En mars de la même année, avec 90 % d’approbation, la Crimée a été incorporée à la Fédération de Russie en tant que république autonome, mais seuls les gouvernements du Nicaragua, de l’Afghanistan, de la Syrie et du Venezuela ont reconnu l’appartenance de la péninsule à la Russie. [8] Les régions de Lugansk et de Donetsk sont deux oblasts ou provinces séparatistes qui tentent de s’intégrer à la Russie. Ces régions sont stratégiques dans la mesure où elles représentent 20 % du PIB de l’Ukraine et ont une population majoritairement russe, mais n’ont pas été soumises à un référendum, car ce sont des territoires qui n’ont pas le même lien avec la Russie que la Crimée. L’annexion a entraîné de lourdes sanctions économiques à l’encontre de la Russie, qui ont coûté environ 4 milliards de dollars d’aide financière à la Crimée par an, plus de 2 milliards de dollars perdus pour le transport du gaz à travers le territoire ukrainien, sans compter les difficultés d’accès aux financements internationaux, la fermeture des banques russes à l’étranger et la baisse des investissements directs étrangers ; selon le FMI, l’impact quantifié est une baisse de 2 % de la croissance annuelle [9].

Pravy Sektor sur la place Maidan, le 1er avril 2014. Source : https://www.kyivpost.com/

La forte présence de partis nationalistes et modérés, ainsi que de partis d’extrême droite (incontestés par l’Occident), éloignés de toute idée de démocratie libérale, a encore accru le niveau de violence de la répression, notamment en réaction à des actions armées d’occupation des bâtiments publics. Parmi eux, Pravy Sektor (« Secteur droit »), un parti portant le nom des nationalistes qui ont combattu l’URSS aux côtés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, dont les idées sont paradoxalement centrées sur le rejet du libéralisme occidental et de l’adhésion à l’UE. Ce parti s’est développé pour atteindre quelque 10 000 membres, la plupart d’entre eux étant à l’avant-garde des mobilisations. Nombre d’entre eux ont ensuite formé des groupes paramilitaires et ont rejoint le bataillon Azov, une unité ultranationaliste de l’armée ukrainienne. La participation d’organisations armées fascistes d’extrême droite et de groupes paramilitaires pro-russes a fait monter les tensions jusqu’au déclenchement de la guerre civile dans le Donbass, dont les acteurs ont été fortement soutenus par des puissances étrangères et où leur rôle a pris une importance décisive dans le conflit, bloquant toute alternative en dehors d’un conflit perçu comme à somme nulle. La guerre a fait environ 13 000 morts et près de deux millions de déplacés entre 2014 et 2020.

Depuis lors, il n’y a eu que des combats isolés aux frontières de la Crimée et des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Cela a maintenu le conflit dans un état de gel, créant un statut quo au cours des dernières années qui a permis au conflit d’être utilisé pour des intérêts externes et internes. Mais ces tensions ont généré un clivage si profond qu’il a conduit, par exemple, à l’éclatement de l’Église orthodoxe locale, où Kiev est devenu indépendant de l’autorité de Moscou en 2019, alors qu’ils étaient alliés depuis 1686 [...].10]. On observe également un isolement des populations de Donetsk et de Lugansk depuis la pandémie de Covid-19. La Russie a toujours été impliquée dans le conflit avec un soutien économique et de renseignement, ainsi que par l’apport d’armes non déclarées et de troupes secrètes, tout comme l’Occident avait soutenu économiquement et militairement le président de l’époque, Petro Porochenko,.

En 2019, Volodymyr Zelensky est arrivé au pouvoir en promettant la fin de la corruption, la paix dans le Donbass et l’amélioration de la situation des Ukrainiens. Son gouvernement, qui bénéficie d’un fort soutien populaire malgré des attentes non satisfaites, a initialement mené une politique beaucoup plus axée sur le dialogue que son prédécesseur. Cependant, l’échec des pourparlers du Groupe de contact trilatéral sur le Donbass (Ukraine, Russie et Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et la forte pression populaire intérieure mobilisée pour « empêcher la reddition de l’Ukraine à l’agression russe » ont conduit à une augmentation des combats aux frontières en 2021. M. Zelensky a ensuite fait pression pour que la plate-forme de Crimée reprenne la péninsule, ce qui a renforcé la pression sur la Russie, qui a réagi en augmentant son activité militaire aux frontières.

L’importance géostratégique de l’Ukraine

La tragédie de l’Ukraine d’aujourd’hui remonte au sommet de Malte de 1989, au cours duquel George H. W. Bush avait promis à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’est face à l’effondrement imminent de l’URSS. Après l’effondrement du bloc dit socialiste, l’Occident a cherché à rapprocher Kiev des structures et institutions occidentales sur la base de ce que l’on a appelé l’unipolarisme. L’influent diplomate et historien américain George Kennan et les secteurs libéraux de Moscou ont averti à l’époque sur le fait que le comportement anti-russe de l’Ukraine susciterait une réaction hostile à Moscou et finirait par être contre-productif pour la stabilité régionale. Mais les pays occidentaux ont fait la sourde oreille, faisant entrer de plus en plus de pays dans l’alliance atlantique et l’Union européenne.

Après son indépendance formelle en 1991, suite à la désintégration de l’URSS (un processus qui a donné naissance à de nouveaux « États indépendants »), le pays est né comme « État tampon » dans le cadre du Grand Jeu, d’une possible alliance entre l’Allemagne et l’Empire russe à la veille de la Première Guerre mondiale [11] comme avait déjà mis en évidence Halford Mackinder. Après la chute de l’URSS, les penseurs (néo-)réalistes américains ont actualisé cette vision pour contenir la Russie post-soviétique, qui conservait encore d’importantes capacités militaires et productives, afin de la tenir à l’écart de l’alliance occidentale et de l’empêcher de redevenir une superpuissance. Pour Mackinder, l’Europe de l’Est était la clé du cœur continental de l’Eurasie, un espace riche en ressources dont le potentiel fournirait la capacité de domination mondiale à celui qui le dirigerait. Pour cette raison, il était nécessaire d’empêcher l’Empire russe, et plus tard l’Union soviétique, de quitter les mers en encerclant l’Asie de bases militaires (c’est-à-dire d’États coloniaux apparentés) [12].

Nous pourrions dire que l’Ukraine était piégée dans cette région que Mackinder appelait la « marge continentale », c’est-à-dire la zone de friction avec le « cœur continental de l’île mondiale » qu’il faut contrôler pour bloquer l’expansion de l’Empire russe. De même, nous pouvons circonscrire les conflits actuels en Géorgie, en Ossétie du Sud, au Nagorno-Karabakh, entre autres, aux frontières de la Russie. Pour l’intellectuel géopolitique du début du 20e siècle, celui qui dominait le cœur continental dominait l’île mondiale, et celui qui dominait l’île mondiale dominait le monde. Plus tard, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de Jimmy Carter et futur penseur géostratégique de Barack Obama, explique dans son livre The Great World Chessboard (1998) que l’Ukraine revêt une grande importance stratégique pour les États-Unis dans leur confrontation avec la Russie. Pour lui, si l’Ukraine était dominée par les États-Unis, le géant russe pourrait être dompté, tandis que si la Russie contrôle l’Ukraine, elle a une chance de redevenir une grande puissance mondiale. L’importance de l’Ukraine a pu être constatée dans la situation de révolution et de contre-révolution ouverte par la révolution russe, lorsque Léon Trotsky a dirigé le front de l’Armée rouge pendant le développement de la guerre en Ukraine entre 1918 et 1920 contre la Garde blanche (soutenue par toutes les armées impérialistes du monde). Trotsky y met en avant l’importance stratégique de cette région pour la défense de la révolution prolétarienne contre la réaction blanche alliée à toutes les armées impérialistes [...].[13] Déjà avec l’URSS sous la déformation bureaucratique du stalinisme, Trotsky a soulevé l’importance d’une Ukraine soviétique indépendante et révolutionnaire à la veille de la Seconde Guerre mondiale face à l’avancée imminente des troupes nazies qui trouveraient un soutien populaire en Ukraine après le désastre causé par le régime de Staline [ ].[14]

D’autre part, après la chute du mur de Berlin et l’intégration de la Russie dans les institutions néolibérales, les États-Unis ont observé ce dont Mackinder avait averti un siècle plus tôt : une intégration possible entre l’Allemagne et la Russie. Cette crainte était à la base de la grande stratégie américaine dans la guerre des Balkans, qui consistait à creuser un fossé qui éloignerait la Russie de tout rapprochement avec l’Europe. Cela a eu un certain nombre de résultats au niveau stratégique. La pensée géopolitique de la Russie post-soviétique est passée de l’Occident, considéré comme la clé de l’intégration mondiale, à l’eurasisme. Ce dernier est un ensemble d’idées aux racines conservatrices, slavophiles et chrétiennes orthodoxes, fondé sur un projet capitaliste qui vise l’intégration à l’échelle continentale sur une base multiculturelle, multiethnique et multireligieuse, par opposition à l’atlantisme occidental. Pour Alexandre Douguine, intellectuel eurasiste et conseiller de Vladimir Poutine, l’objectif de la Russie est de construire un monde multipolaire, où la Russie est un pôle de puissance parmi plusieurs autres pôles mondiaux [...15]. Cela signifie la construction d’un ordre fondé sur une oligarchie d’États ayant la capacité d’attirer et de subordonner des États plus faibles, où un équilibre mondial du pouvoir est créé entre les superpuissances.

En ce sens, des pays tels que l’Ukraine, la Biélorussie, l’Arménie et le Kazakhstan sont essentiels au projet de Grande Russie de Poutine en tant que bloc de puissance en raison de leurs liens historiques, culturels et ethniques, qui justifieraient toute intervention militaire ou diplomatique directe. Cela justifie également le rapprochement avec la Chine, avec laquelle elle a solidifié son alliance non formelle par le biais de diverses institutions telles que l’Organisation de coopération de Shanghai, son intégration dans la Nouvelle route de la soie et les institutions financières destinées à faire face aux sanctions économiques, entre autres, ainsi qu’en faisant bloc au Conseil de sécurité des Nations unies. Il s’agit d’une relation nécessaire compte tenu de la rivalité historique entre les deux pays. La pression démographique exercée par la Chine sur la Russie pour l’utilisation de la main-d’œuvre dans les régions sibériennes suscite actuellement une grande méfiance. L’eurasisme est une approche qui justifie également l’interventionnisme militaire et diplomatique dans diverses régions telles que le Caucase, l’Asie centrale, le Moyen-Orient ou l’Afrique, permettant à la Russie d’être considérée comme un acteur majeur à la table des négociations. Ainsi, nous pouvons voir ses actions dans les guerres civiles en Syrie et en Libye, ainsi que l’implication du Groupe Wagner en Afrique, son rapprochement avec Israël et l’Iran, et son rôle dans les processus actuels en Afghanistan.

Ces opportunités qui se sont ouvertes pour la Russie peuvent être comprises par le déclin des États-Unis et la capacité des institutions occidentales à écrire les règles du jeu d’une part, et par la pression d’autres acteurs mondiaux tels que la Chine, l’Inde ou le Brésil qui ont également poursuivi des intérêts nationaux particuliers.

La pensée de la Russie intègre également l’espace de l’Europe centrale dans le cadre de sa grande stratégie. C’est pourquoi la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe - par l’intermédiaire du géant monopolistique Gazprom - est si importante (40 % du gaz européen vient de Russie). C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui est le cœur productif et technologique de l’Union. Ainsi, le gaz est le principal facteur de pression pour la Russie, qui doit résoudre la situation économique due aux sanctions. Les principaux gazoducs et oléoducs à destination des pays européens passent par l’Ukraine, mais la clé du litige réside dans Nordstream II, qui relie les côtes russes au port allemand de Greifswald via la Baltique et attend toujours l’approbation des régulateurs allemands, qui dépendra du résultat des négociations en Ukraine. Le gazoduc contournant le territoire ukrainien entraînera pour l’Ukraine une perte d’un milliard de dollars en redevances de transport. En outre, l’Ukraine est l’une des portes terrestres de la Nouvelle route de la soie vers l’Europe pour la Chine, qui a conclu des accords commerciaux avancés avec plusieurs pays d’Europe orientale par l’intermédiaire du groupe 16+1. D’autre part, la Russie cherche à occuper des espaces qui génèrent un effet d’étranglement énergétique sur l’Europe, comme on le voit dans le conflit sur la Méditerranée orientale avec la Turquie, dans les affrontements de la guerre de Libye, ainsi que dans l’implication de Gazprom dans Sonatrach, le géant pétrolier algérien. Cela ne signifie nullement que la Russie rivalise à armes égales avec les États-Unis ou l’Union européenne, mais plutôt qu’il s’agit d’un géant aux pieds d’argile qui a la capacité de se battre pour obtenir de l’espace dans différentes parties du globe pour ses propres intérêts afin d’obtenir de meilleures conditions lorsqu’il s’agit de s’asseoir à la petite table. Cela montre qu’au stade actuel, des différents d’une énorme complexité se développent à partir de l’interdépendance économique entre les pays, où la crise de l’échiquier ukrainien menace constamment le faible (dés)ordre mondial.

Une paix chaleureuse en Ukraine ?

L’information selon laquelle les tambours de guerre battent en Ukraine fait le tour de la presse internationale. Jeudi dernier, le 23 décembre, le ministère russe de la défense a annoncé qu’il allait effectuer des exercices militaires simulant la prise d’une zone avec plus d’un millier de parachutistes et des centaines de véhicules. Cela tend le différend de la Russie avec l’Ukraine et l’OTAN, qui, à la demande des États-Unis, maintient des infrastructures militaires près de la frontière russe, en violation du protocole de Minsk - l’accord qui a gelé le conflit armé qui a débuté en 2014, qui stipulait de manière centrale qu’il ne devait pas y avoir d’installations militaires de l’alliance atlantique en Ukraine. Le récent sommet entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine, destiné à discuter de la question ukrainienne, n’était qu’une simple formalité, dont aucun engagement concret n’a découlé. [16]

Un soldat pro-russe regarde des bâtiments détruits dans la République populaire de Donetsk. Source : www.remocontro.it

Quelques jours plus tard, le Kremlin a adressé une série de demandes distinctes aux États-Unis et à l’OTAN, exigeant le respect du protocole de Minsk ainsi que des garanties de sécurité avec son retrait des pays de l’espace post-soviétique pour désamorcer le conflit. M. Biden est à la croisée des chemins à cet égard, car la polarisation politique interne aux États-Unis pourrait entraîner une nouvelle crise au sein de son gouvernement s’il cède à l’« autocrate russe ». En outre, les tensions partisanes aux États-Unis pendant la pandémie mondiale de covid-19 ont sapé la réputation internationale du pays en tant que modèle de démocratie libérale et érodé son autorité en matière de santé publique, tout comme, sur le plan intérieur, les contradictions et les faiblesses de la structure américaine ont été exposées sur fond de polarisation sociale et politique.

La situation est délicate, mais les experts suggèrent deux scénarios improbables : une invasion russe de l’Ukraine ou un retrait complet de la Russie [...]. [17] Pour sa part, Poutine aurait besoin du soutien populaire et de ressources économiques pour mener à bien un effort de guerre, ce qui est peu probable en si peu de temps. Mais dans le même temps, l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est une ligne rouge que la Russie ne peut tolérer, considérant qu’elle est vitale pour sa sécurité nationale, raison pour laquelle la défense de l’est de l’Ukraine est considérée comme une manœuvre défensive.
Le conflit en Ukraine est devenu le principal problème géopolitique à l’intérieur des frontières de l’Europe, dans un contexte d’agressivité accrue des États-Unis à l’égard de la Russie et de la Chine, mais qui s’inscrit dans une crise de l’équilibre capitaliste mondial qui montre des tendances à la confrontation entre grandes puissances à différents niveaux : militaire, économique, technologique, etc [...].18]. Dans le même sens, l’Ukraine, comme le dit Merino, "a ouvert une nouvelle phase ou un nouveau moment de la crise, caractérisé par le fait que l’aiguisement des tensions entre les blocs de pouvoir mondiaux se déroule dans des territoires majeurs et que les confrontations stratégiques - la dispute pour l’influence sur le territoire social - sont directes entre les puissances" [19].

Mais cette même situation internationale a également ouvert la possibilité d’affrontements entre les classes sociales, entraînant de fortes révoltes du Chili, de la Colombie, des États-Unis, à la France, au Liban ou au Myanmar. Les Ukrainiens ont été pris dans un drame qui ne peut être canalisé par des partis nationalistes, par une intervention impérialiste des États-Unis ou de l’UE, ni par la Russie ou la Chine avec leurs alliés locaux. Bien que les effets de la chute de l’Union soviétique continuent de frapper les travailleurs et les secteurs populaires ukrainiens, nous ne pouvons exclure qu’il existe une recherche d’alternative aux projets proposés par les acteurs en question.

[1] Ruiz Ramas, Rubén (coord.), Ucrania. De la Revolución del Maidán a la Guerra del Donbass, Comunicación Social, Salamanque, 2016.

[2] Nom donné au mouvement de protestation de la place Maidan en raison de son affinité avec l’Union européenne.

[3] Bien que le territoire de l’Ukraine ait abrité diverses ethnies et cultures, depuis la création de la Kievan Rus au 9e siècle par les peuples slaves, ceux-ci se sont déplacés vers l’est en luttant contre les Tatars et les Mongols, où Moscou a été établie comme capitale du tsarat russe au 12e siècle.

[4] Zhukovskii, L. (2016), "La involución periférica de Rusia y la geopolítica del capitalismo global", in Merino, Gabriel E. et Rang, Carlos, ¿Nueva Guerra Fría o Guerra Mundial Fragmentada ? Posadas : EDUNAM (Editorial de la Universidad Nacional de Misiones).

[5] Concept utilisé en termes géopolitiques, désignant fondamentalement les puissances dominantes des pays appartenant au noyau historique de l’OTAN, avec un accent sur les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne. Voir Merino, G. E. (2016) "Tensiones mundiales, multipolaridad relativa y bloques de poder en una nueva fase de la crisis del orden mundial. Perspectivas de América Latina", in Geopolítica(s) : revista de estudios sobre espacio y poder, vol. 2, núm. 7, Universidad Complutense de Madrid, p. 201-225.

[6] Ruiz Ramas, Rubén (coord.), Ucrania. De la Revolución del Maidán a la Guerra del Donbass, Comunicación Social, Salamanque, 2016.

[7] https://2009-2017.state.gov/p/eur/rls/rm/2013/dec/218804.htm

[8] L’annexion de la Crimée a été perçue par les Russes comme un territoire naturel, puisqu’une grande partie de la population est russophone et qu’elle a été aux mains du régime tsariste pendant 300 ans, jusqu’à ce que Nikita Khrouchtchev la cède à la République soviétique d’Ukraine. Les arguments de Poutine en faveur de l’intervention comprenaient le droit à l’indépendance de la Crimée et sa demande d’annexion, ainsi que le danger potentiel pour la population russe d’un changement de régime à Kiev.

[9] Anders Åslund et Maria Snegovaya. (2021). "L’impact des sanctions occidentales sur la Russie et comment les rendre encore plus efficaces". Conseil Atlantique. https://www.atlanticcouncil.org/in-depth-research-reports/report/the-impact-of-western-sanctions-on-russia/

[10] Mourenza, Andrés et Sahuquillol, María R. (2019). "L’Église orthodoxe d’Ukraine devient officiellement indépendante de la Russie". El País.Ver https://elpais.com/internacional/2019/01/05/actualidad/1546690286_845318.html

[11] Expression utilisée pour faire référence à la confrontation entre l’Empire britannique et l’Empire russe dans le cadre de la dispute de l’Asie centrale et du Caucase au cours du 19e siècle. La guerre de Crimée de 1853 à 1856, qui s’est déroulée dans la péninsule et s’est soldée par une défaite humiliante pour le tsarisme et un coup d’arrêt à son expansion, a été inscrite dans ces années-là.

[12] Zamora R., A. (2016), Política y geopolítica para rebeldes, irreverentes y escépticos. FOCA, Madrid.

[13] Trotsky, L. (1920). "Pour la défense de l’Ukraine soviétique". Voir sur https://www.marxists.org/espanol/trotsky/1920/mayo/11_v.htm

[14] Trotsky, L. (1938). "La question ukrainienne". Voir sur https://www.marxists.org/espanol/trotsky/ceip/escritos/libro6/T10V229.htm

[15] Dugin, A. G. (2015). Théorie du monde multipolaire. Moscou : projet académique.

[16] https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2021/12/07/readout-of-president-bidens-video-call-with-president-vladimir-putin-of-russia/

[17] Orr, Mathew. Quatre scénarios pour la montée des tensions Russie-Ukraine. Magazine Stratfor. https://worldview.stratfor.com/article/four-scenarios-rising-russia-ukraine-tensions

[18] Mercatante, Esteban, "El imperialismo hoy : ¿hacia un "caos sistémico" ?", Ideas de Izquierda.
https://www.laizquierdadiario.com/El-imperialismo-hoy-hacia-un-caos-sistemico

[19] Merino, G. E. (2016) " Tensions globales, multipolarité relative et blocs de puissance dans une nouvelle phase de la crise de l’ordre mondial ". Perspectivas de América Latina", in Geopolítica(s) : revista de estudios sobre espacio y poder, vol. 2, núm. 7, Universidad Complutense de Madrid, p. 201-225.


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