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Que justice soit faite !

Justice pour Mohamed Gabsi : l’autopsie met en cause les policiers

En plein confinement, le 8 avril dernier, Mohamed Gabsi trouvait la mort suite à une interpellation violente par la police municipale de Béziers. Le rapport d’autopsie qui a été communiqué révèle une asphyxie, vraisemblablement causée par un plaquage ventral.

Gabriel Ichen

5 juin 2020

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Avant-même la révélation du rapport d’autopsie, les déclarations de la police et du procureur suite à la mort de Mohamed Gabsi semblaient mener sur la piste du plaquage ventral : « un policier municipal se serait assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite au commissariat de police »

A leur arrivée au commissariat, Mohamed sera retrouvé inconscient, et, 45 minutes plus tard, déclaré mort par un médecin urgentiste.

Le 4 juin dernier, la sœur de Mohamed Gabsi a révélé dans un article du Midi Libre différents éléments du rapport d’autopsie. Les conclusions de ce rapport viennent ainsi confirmer la possibilité d’une mort par asphyxie causée par un plaquage de la part des policiers.

L’autopsie mentionne en effet une « compression cervicale antérieure gauche par une surface large, ayant été prolongée et appuyée à l’origine d’infiltrations musculaires, fracture de la corne thyroïdienne et contusion du nerf vague ; un syndrome asphyxique macroscopiquement a minima ».

Les termes de « compression […] par une surface large ayant été prolongée et appuyée » et « syndrôme asphyxique » semblent ainsi sans appel et ne peuvent que rappeler les techniques de plaquages ventraux souvent utilisés par la police. Des plaquages qui ont entraîné la mort de Cédric Chouviat en janvier dernier ou encore celle d’Adama Traoré en 2016, comme l’a confirmée une récente expertise.

Suite à ces révélations, le procureur de la République de Béziers a rendu publique les éléments révélés par l’autopsie. Cependant, il a surtout insisté sur les conclusions tirées, non pas du rapport d’autopsie, mais du rapport de toxicologie qui indique une « prise massive de cocaïne ».

Se faisant, le procureur participe à un procédé bien connu qui vise à déresponsabiliser l’institution policière en mettant en cause, non pas les policiers, mais la victime elle-même. Des victimes souvent présentées comme marginales, délinquantes, ou en mauvaise santé, minimisant ainsi leur mort et salissant leur mémoire. Cela a été le cas lors de l’enquête sur la mort d’Adama Traoré où une expertise de juin 2019, aujourd’hui contredite, attribuait l’asphyxie d’Adama à une « concentration élevée de cannabis ».

De la même manière, concernant le meurtre raciste de George Floyd, de nombreux médias mainstream et commentateurs politiques droitiers cherchent à expliquer sa mort en évoquant une possible consommation de cocaïne. En France c’est le récidiviste Éric Zemmour (condamné à deux reprises pour incitation à la haine raciale) qui s’est récemment adonné à ce genre de sortie sur la chaîne CNews.

L’insistance sur la consommation de cocaïne par Mohamed Gabsi occulte ainsi d’autres éléments qui peuvent se montrer à charge contre les policiers impliqués.

En effet, dans un article paru le 5 juin, des journalistes de Mediapart, ont dévoilé d’autres conclusions du rapport d’autopsie, non mentionnée par le procureur de la République. Des conclusions qui viennent encore appuyer la probabilité d’une mort causée directement par l’interpellation policière :

« Ces éléments sont en faveur d’un appui maintenu appliqué avec une force certaine (…) dont l’aspect fait plutôt évoquer l’application d’une surface plutôt large (genou, coude, poing…). »

Concernant le syndrome asphyxique indiqué dans l’autopsie, les médecins légistes révèlent qu’il a pu être causé de manière « mécanique, c’est-à-dire secondaire à l’appui prolongé en région cervicale » et « positionnel : transport de M. Gabsi en décubitus ventral [à plat ventre] ».

Contactée par Mediapart, la sœur de Mohamed Gabsi s’est exprimée en affirmant vouloir faire « en sorte que justice soit faite. Le premier combat ça a été contre les présentations calomnieuses faites sur mon frère dans la presse. On l’a présenté comme un drogué, un SDF, un voleur. Certes, il a eu des problèmes avec la justice et avait une dépendance à la cocaïne, mais est-ce une raison pour être tué lors de son interpellation ? »

« Que justice soit faite ». C’est ce que nous demandons pour Mohamed en adressant tout notre soutien pour sa famille et ses proches.

« Que justice soit faite ». Ce mot d’ordre simple mais fort est aujourd’hui à l’origine d’un mouvement contre les violences policières qui a pris un tournant international sans précédent depuis l’assassinat de George Floyd aux États-Unis, où des milliers de jeunes se révoltent depuis des jours contre l’ordre policier soutenu par l’État.

En France, ce mouvement s’incarne dans la lutte politique que mène depuis maintenant quatre ans le Comité Adama, et qui a trouvé un écho historique mardi 2 juin dernier où 40 000 personnes se sont rassemblées contre le racisme et pour réclamer justice pour toutes les victimes de violences policières. Depuis quatre ans, le Comité Adama mène un travail d’enquête indépendante de la police et de l’Etat pour mettre la lumière sur la mort d’Adama et sur le rôle de la police.

C’est ce que nous devons revendiquer : l’auto-organisation de commissions d’enquête indépendantes de la police et de l’IGPN. Seule à-même de pouvoir apporter des preuves sur les trop nombreuses morts dans les mains de la police, ces commissions permettraient de révéler le véritable rôle de l’institution policière, à savoir protéger les intérêts de la classe dominante.

Rassemblement contre les violences policières, pour que justice soit faite pour toutes les victimes, à Béziers rendez-vous Place du 14 juillet à 11h.
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