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Instrumentalisation

« J’ai été »...ou la dernière tentative de Marine Le Pen de se présenter comme candidate des femmes

Lors de son dernier discours de campagne, à Ennemain, Marine Le Pen a usé d'une longue anaphore pour exprimer tout ce qu'elle prétend être et représenter. L'occasion pour elle, entre autre chose, de chercher à se présenter à nouveau comme la candidate des femmes.

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Après un débat face à Emmanuel Macron qui ne s’est pas révélé aussi réussi que ce qu’elle avait prévu, la candidate a cherché à joué la seconde mi-temps lors de son dernier discours de campagne, à Ennemain. Elle a ainsi cherché à se présenter comme la candidate « du peuple », victimes des attaques du candidat de la finance et de ses médias. Le Huffington Post a publié la vidéo raccourcie de ces « j’ai été », de tous ces électeurs que la candidate du Front National prétend représenter, du chômeur au chef d’entreprise, en passant par « la volonté inexpugnable de la France de ne pas se soumettre » :

A plusieurs reprise, Marine Le Pen a alors cherché à donner à son discours un caractère « féministe » - quoique celle-ci n’aille quand même pas jusqu’à prétendre à ce qualitatif. Pour cela, dans son anaphore du « j’ai été », on aura noté trois femmes qu’elle prétend « avoir été » dans ces présidentielles : « la mère de famille qu’on flexibilise à mort avec la loi El Khomri », « la retraitée qui attend un logement social depuis des années », et « la jeune fille qui se pose la question le matin de savoir comment elle va s’habiller, savoir si elle ne va pas être insultée parce qu’elle a mis une jupe ou un short ». Marine Le Pen, candidate contre la précarité des femmes au travail, contre les petites retraites des femmes, et contre le harcèlement de rue ?

Derrière une pseudo défense des droits des femmes, le racisme en embuscade

Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen cherche à se présenter de cette manière. Il y a quelques années, elle avait même été jusqu’à cité Simone de Beauvoir. "Je repense à ces paroles de Simone de Beauvoir : ’N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». Mais dans cette citation comme dans son discours de Ennemain, la défense des droits des femmes est accolée à une logique purement xénophobe : la « crise » qui remettrait en cause les droits des femmes, pour Marine Le Pen, c’était en effet la « crise migratoire », et non la crise économique, la casse du service public de la santé ou le chômage de masse... Et en parallèle, cela n’a pas empêché la candidate d’extrême-droite de voter contre toutes les mesures en faveur des droits des femmes (avortement, contraception...) au Parlement Européen.

De la même manière, dans son discours de Ennemain, « la retraitée qui attend un logement social depuis des années » est dépeinte comme voyant « les nouveaux arrivants être logés en quelques semaines », comme si là encore, les migrants devaient être tenus responsables de la misère des petites retraites et du mal-logement des femmes âgées. C’est en tenant compte de l’ensemble de cette tirade patriotique et nationaliste que l’on comprend aussi la référence à « cette jeune fille qui se pose la question le matin de savoir comment elle va s’habiller » : évidemment qu’il ne s’agit pas là de prendre la défense de toutes ces jeunes filles voilées qui se sont fait agressées dans la rue ces dernières années, non plus qu’il ne s’agit d’ailleurs de proposer un programme de lutte contre le harcèlement de rue. Il s’agit en revanche de dire, comme le scande ses militants lors de son meeting : « On est chez nous ! »...et que l’on préfère certainement que les filles soient harcelées par des français « bien de chez nous ».

La politique d’un Macron : un boulevard pour les idées du Front National

Mais si Marine Le Pen peut chercher à se trouver un espace « de lutte pour les droits des femmes » en cette fin de campagne, et malgré son programme réactionnaire sur la question, qui prévoit de renvoyer les femmes au foyers et de remettre en cause le mariage pour tous et toutes, c’est qu’elle a en face d’elle un candidat défendant lui aussi des intérêts opposés aux femmes. La loi El Khomri par exemple, que Le Pen attaque dans son « j’ai été » et que Macron veut accélérer a en effet été une violente attaque contre les droits des femmes travailleuses. De même que les suppressions de fonctionnaires que prévoit le candidat d’En Marche, qui ne feront qu’aggraver la situation du service public de la santé.

Lors du débat de mercredi soir, la candidate réactionnaire et raciste a eu beau jeu de se présenter comme la candidate de la justice sociale face au candidat des banques. Entre les politiques néolibérales d’un Macron et le nationalisme xénophobe d’une Le Pen, une chose est sûre, les revendications des droits des femmes auront bien du mal à rentrer dans l’urne ce dimanche.


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