Dépôts et entrepôts de logistique, secteur agroalimentaire et grande distribution : partout où le SiCobas est présent, ce sont les préceptes de l’internationalisme ouvrier qui ont été mis en avant ce mardi. Là où ils sont implantés, les militantes et militants de ce syndicat de base, l’un des plus combatifs et lutte de classe en Italie, ont appelé à une heure de débrayage en lien avec la journée de grève du 28 mars, en France.

Un seul message, décliné sur des dizaines de cartons et pancartes exhibés sur les parvis des entreprises au moment des prises d’équipe du matin, de l’après-midi et du soir : « La grève continue, dalla Francia all’Ítalia » [« La grève continue, entre la France et l’Italie »], « Les travailleurs du SiCobas sont en grève en solidarité avec les travailleurs en lutte en France », « Noi siamo con i lavoratori francesi » [« Aux côté des travailleurs français »], « Solidarité avec tous les copains en France ».

A Fedex, Geodis, Brt, SdA, GLS, Fercam, dans la logistique, à Brescia, Mantoue, Bologne dans les supermarchés Ins de Tortona, (Alexandrie), Leroy-Merlin de Castel San Giovanni, à Plaisance, où le débrayage a été majoritaire, à Parme dans l’industrie agro-alimentaire ou à Brt, à Milan (Fedex, à Gênes, ou à Rome (Sda), pour ne citer que quelques-unes des boites qui ont participé au mouvement national dans le Nord Est et le Nord Ouest du pays, en Emilie Romagne, Toscane, Latium et Campanie, c’est en bleu de travail et chaussures de sécurité aux pieds que les grévistes ont exprimé leur solidarité avec leurs frères et sœurs de classe en France.

Comme le soulignait, mardi en journée, le coordinateur SiCobas pour la province de Rome, « l’adhésion à la grève est très forte là où nous sommes présents et concerne en particulier la logistique, les services et la grande distribution. Elle montre que certaines des fractions les plus avancées de la classe ouvrière en Italie sont tout à fait conscientes de l’importance de construire des ponts entre les luttes des prolétaires au niveau international, une condition essentielle pour pouvoir riposter de façon efficace face au patronat ».

🔴 SOUTIEN DES TRAVAILLEURS DE LA LOGISTIQUE ITALIENS A LA GREVE EN FRANCE

Les travailleurs la logistique de BRT à Cazzago ont débrayé une heure en soutien à la grève en France et adressent un message aux travailleurs en lutte en France. De tels débrayages ont eu lieu dans tout… pic.twitter.com/TKT8QFcLjP

— Révolution Permanente (@RevPermanente) March 28, 2023

Il ne s’agit en rien d’une pratique exceptionnelle, côté SiCobas, puisque la question de l’internationalisme est au cœur de sa pratique politique et syndicale. Déjà pendant la Loi travail, des rassemblements avaient été organisés, un peu partout en Italie, en solidarité avec les manifestants anti-El Khomri, ou au cours de l’hiver 2019-2020, lors de la précédente mobilisation contre la réforme des retraites de Macron.

La logistique a été en pointe, ces dernières années, en termes de conflictualité ouvrière dans la péninsule : pour les conditions de travail et les salaires, contre la fragmentation et la sous-traitance et un patronat particulièrement raciste, dans un secteur où les travailleurs sont, pour beaucoup, immigrés. « La grève d’aujourd’hui dans ce segment du monde du travail montre aussi la détermination à se préparer pour combattre la tentative des confédérations patronales de la logistique de restructurer le secteur et de remettre en cause les conquêtes économiques et réglementaires et la liberté syndicale gagnées en plus de dix années de luttes. En tant que Sicobas, nous avons lancé la phase de préparation à la grève ["stato d’agitazione"] et nous nous préparons à lancer une ou plusieurs grèves nationales dans le secteur de la logistique, de la distribution et du transport de marchandises. Nous avons bien à l’esprit la situation actuelle, caractérisée par la crise économique internationale et l’escalade des conflits commerciaux et des guerres qui en découlent et conduit la bourgeoisie de tous les pays à tenter de s’attaquer au niveau de vie et aux droits de la classe ouvrière. Encore une fois, aujourd’hui plus que jamais, la classe ouvrière ne peut répondre à l’attaque politique et économique des patrons qu’en renouant une vision internationale de la lutte ».

Et de conclure, avec lucidité et espoir, que « la lutte des travailleurs en France, aujourd’hui est en effet une lutte dont l’issue aura un impact au niveau international et conditionnera l’avenir de la classe ouvrière dans tous les pays. Défendre cette lutte, c’est nous défendre nous-mêmes ». C’est donc le message qui est passé sur les piquets animés par le SiCobas, tout au long de la journée de mardi. Une leçon d’internationalisme qui renoue avec les meilleures traditions du mouvement ouvrier révolutionnaire et qu’il nous faut reprendre.