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L'ultra-droite israélienne au pouvoir

Israël. L’ultra-droite de Naftali Bennett prend la place de la droite dure de Netanyahou

Après 12 ans de gouvernement Netanyahou, une coalition de partis vient de nommer Naftali Bennett au poste de premier ministre. La ligne ultra-droitière du nouveau gouvernement confirme la droitisation du régime israélien qui sort tout juste d'une sanglante offensive contre la population palestinienne.

Boris Lefebvre

14 juin 2021

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Crédits photo : YONATAN SINDEL POOL/AFP

La crise politique qui agite Israël autour de la figure de Benjamin Netanyahou vient, provisoirement, de prendre fin. Après 12 ans de règne de Netanyahou, une coalition hétéroclite de douze partis allant de l’ultra-droite au centre, en passant par un parti de « gauche » et le Raam, un mouvement islamiste issu de la population arabe israélienne et de sensibilité conservatrice, vient de remporter les élections à la Knesset. Naftali Bennett, un leader nationaliste d’ultra-droite, prend ainsi les rênes du pouvoir à la tête de cette coalition « anti-Bibi » qui n’arrache la majorité que d’une seule voie, laissant présager une situation politique précaire dans un contexte où l’État d’Israël sort d’une séquence d’agressions militaires meurtrières contre la population palestinienne.

Issu d’un petit parti de la droite ultra-nationaliste et religieuse, Naftali Bennett ferait presque passer son prédécesseur pour un modéré tant ses prises de positions sont empreintes d’un programme ultra-réactionnaire. Ancien membre des forces spéciales de l’armée israélienne, Naftali Bennet n’hésitait pas en 2013 à affirmer : « j’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça ». À cette rhétorique guerrière, il n’hésite pas non plus à verser dans le racisme et affirmait même en 2010 dans un débat télévisé que les Arabes grimpaient « encore aux arbres quand un État juif existait déjà ». Ayant fait fortune dans la cyber-sécurité (digne représentant du complexe militaro-industriel israëlien) avant de se lancer en politique aux côtés de Netanyahou, Naftali Bennet combine les traits de l’ultra-droite israélienne la plus radicale et le visage du néo-libéralisme. Pour l’instant, sa coalition gouvernementale avec le leader de centre-droit Yair Lapid donne l’impression qu’un vent nouveau souffle sur l’État hébreu alors qu’en réalité la ligne politique se dirige de plus en plus vers l’extrême droite. Les populations palestiniennes de Gaza qui viennent de subir plusieurs centaines de morts et des destructions conséquentes ont tout à redouter de Naftali Bennett.

Les médias auront beau montrer les images de liesse dans les rues en Israël et insister sur le soutien reçu par Bennet de la part du président des Etats-Unis Joe Biden, le programme de Naftali Bennet n’a rien à envier à celui de Benjamin Netanyahou. Dans son premier discours à la Knesset, Naftali Bennett s’est empressé de remercier Biden, principal soutien du pays, « pour avoir soutenu Israël lors de la dernière opération à Gaza, "Gardien des murs" ». Très proche des colons israéliens en Cisjordanie dont il a été le représentant au sein du Conseil de Yesha, Bennett a annoncé qu’il allait renforcer les colonies de la zone C sur lesquelles l’État d’Israël exerce déjà une autorité absolue et une oppression sur les populations palestiniennes. Enfin, sur l’Iran, Naftali Bennett s’est montré très guerrier en montrant les muscles sur la question de la reprise des discussions à propos du nucléaire iranien : « Israël ne permettra pas que l’Iran soit équipé d’armes nucléaires. Israël n’est pas partie à l’accord et conservera sa pleine liberté d’action ».

Avec une majorité somme toute très précaire et une coalition définie plus par son opposition à Benjamin Netanyahou que par un projet en positif, le régime de Naftali Bennett peine à donner le change face à un État israélien qui vient de soulever l’ensemble des forces palestiniennes contre lui lors des derniers combats. Néanmoins, le virage enclenché faisant passer le pays d’un gouvernement de droite très dure à un gouvernement d’ultra-droite confirme la fuite en avant du gouvernement israélien et sa volonté de poursuivre la colonisation des territoires palestiniens et sa politique d’apartheid.


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