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Crimes policiers

Iran : Les violences sexuelles utilisées comme arme de repression contre les manifestants

Alors que la révolte en Iran dure depuis plus de deux mois, une enquête de CNN a rapporté de nombreux fait de viols et agressions sexuelles de la part des forces de répression sur les manifestantes et manifestants. Un outil de répression atroce pour mater la révolte en cours.

Typhaine Cendrars

25 novembre 2022

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Depuis le meurtre de Jina (Mahsa) Amini le 16 septembre dernier des mains de la police des mœurs après son arrestation pour port non correcte de son hijab, l’Iran s’est embrasé pour dénoncer le régime théocratique ultra réactionaire et patriarcal en place. La répression de la révolte est féroce, les forces du régime ont tué au moins 416 personnes depuis le début des manifestations selon l’ONG Iran human rights. Mais la répression ne s’arrête pas aux coups et aux tirs, parfois mortels, des forces de répression. Une enquête de CNN publiée le 21 novembre a en effet révélé que de nombreux manifestantes et manifestants ont subi des viols et agressions sexuelles de la part des forces de répression dans les manifestations et les centres de détention où ils sont enfermés.

Malgré la fermeture des frontières aux journalistes étrangers non accrédités et toutes les stratégies déployées par le régime pour faire taire les victimes, CNN est parvenu à documenter 11 cas de viols commis par les forces de répression contre des manifestantes et manifestants. Certains cas avec plusieurs victimes, dont des personnes mineures. Les éléments collectés, qui montrent entre autre que certains de ces viols entrent dans un protocole, ainsi que les témoignages recueillis indiquent qu’il s’agit d’une pratique de masse. Ces viols ont également été documentés et dénoncés par plusieurs organisations de défense des droits humains, à l’image de Human Right Watch et Amnesty International.

Parmi les éléments collectés, la discussion de personnel hospitalier racontant l’arrivée d’une femme de 20 ans amenée par les forces de répression et portant les marques de viols. Une femme de la région kurde, nommé Hana dans l’enquête, raconte sa détention où un agent de sécurité l’a violemment forcé à l’embrasser, elle relate que par la suite le policier lui a fait des avances sexuelles en échange de sa soi-disant liberté. Parmi toute la violence qu’elle décrit, Hana explique notamment que les femmes de sa cellule lui ont dit qu’elles avaient été violées au poste de police.

Le média américain a aussi récupéré le témoignage audio d’un jeune homme de 17 ans qui a déclaré que lui et ses amis avaient été violés et électrocutés en détention après avoir été arrêtés lors des manifestations : « Ils ont amené quatre hommes qui avaient été battus, qui hurlaient dans une autre cellule. Et l’un des hommes qui avait été torturé, a été envoyé dans la salle d’attente où j’étais », a déclaré le garçon à CNN. « Je lui ai demandé ce que tous ces cris voulaient dire ? Il a dit qu’ils violaient les hommes. »

Les journalistes se sont également entretenus avec le chef du réseau des droits de l’homme du Kurdistan. Ce dernier relate à partir de ses entretiens avec des prisonnières iraniennes que les forces de répression utilisent les viols et menaces pour soutirer de faux aveux, et les filment afin de garder des moyens de pression contre les victimes.

Alors que la révolte a débuté après le meurtre de Jina (Mahsa) Amini contre l’obligation de porter le voile et toutes les lois patriarcales qui entravent le droit des personnes à disposer de leur corps, les forces de sécurité utilisent les violences sexuelles comme une arme de répression pour stopper la révolte en cours. Les manifestations particulièrement radicales, dont les femmes sont à l’avant-garde, ont entrainé avec elles des secteurs du monde du travail et des classes populaires contre le régime et son système dans son ensemble. L’Etat réprime la population qui participe au mouvement, les viols et agressions sexuelles font entièrement partie de la tentative de soumission de la population aux forces de police.

L’utilisation des violences sexuelles pour réprimer la population n’est pas une exception iranienne, cette tactique est largement utilisée à l’échelle internationale par les forces de répression pour attaquer les soulèvements qui font trembler les régimes. Lors de la révolte qui a secoué le Chili en 2019, les policiers et l’armé torturaient les prisonniers politiques et utilisaient également le viol comme arme de repression. Comme nous le rappelions dans cet article qui relate des viols subis par les femmes ukrainiennes de la part de l’armée Russe dans le conflit en cours, les trop nombreux exemples d’utilisation du viol comme arme de soumission par des forces armées nous révèle son caractère systématique.


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