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Rassemblement contre la répression à La Poste

Gaël Quirante : « Nous avons bataillé contre la précarité et la suppression d’emplois et La Poste veut me licencier »

Ce 24 janvier, Gaël Quirante, représentant départemental de Sud Poste 92, était initialement convoqué devant la Cour administrative d’appel de Versailles. La Poste, qui est connue pour son acharnement anti-syndical et la répression qu’elle met en place, a fait appel suite à la décision du tribunal administratif, qui refusait son licenciement. La répression n’est pas une nouveauté à La Poste, où le cas de Yann, le premier postier révoqué pour motif syndical depuis 1951, avait déjà suscité la colère et la mobilisation des postiers. Révolution permanente a interviewé Gaël, qui nous explique sa situation. Le ministère du Travail étant entretemps intervenu dans le cadre du procès, en se positionnant contre le licenciement de Gaël, le rassemblement qui était à l’origine prévu ce mardi devant la Cour administrative d’appel de Versailles est reporté. Un nouveau rassemblement sera organisé dès que la nouvelle date du procès sera connue. Propos recueillis par Laura Varlet

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Révolution permanente : Tu [étais] convoqué devant la Cour administrative d’appel de Versailles ce 24 janvier, tu peux nous expliquer quelle est la situation aujourd’hui ?

Gaël : Je me retrouve au tribunal à la suite d’un véritable acharnement de la part de La Poste. Les faits dont on parle datent de mai 2010 : les factrices et facteurs d’Asnières, Châtillon et Clamart étaient en grève contre des suppressions d’emplois, une grève qui allait durer 66 jours. Dans les premiers jours de la grève, pour que La Poste accepte ne serait-ce que de recevoir les grévistes, il avait fallu occuper la direction départementale. La Poste a fait passer après coup cette occupation pour une « séquestration ». Elle m’a donc traîné à la hâte en commission disciplinaire pour prononcer mon licenciement. Étant salarié « protégé », ils ont été obligés de demander l’autorisation de me licencier à l’Inspection du Travail. Ce qu’elle a refusé. La Poste a donc fait appel de cette décision auprès du ministre du Travail (c’était Xavier Bertrand à l’époque), qui a lui aussi refusé le licenciement ! La Poste n’a pas pour autant lâché l’affaire et a donc attaqué la décision du ministre du Travail au Tribunal administratif… et cela a encore échoué.

On aurait pu croire que La Poste allait en rester là, mais non : elle a fait appel 7 ans après les faits auprès de la Cour d’appel du tribunal administratif de Versailles ! Les patrons n’en sont pas restés là : depuis 13 ans que je suis à La Poste, j’ai cumulé 1 an et demi de mise à pied (et donc autant d’annuités en plus à effectuer)… et, cerise sur le gâteau : j’ai reçu le 26 décembre une nouvelle convocation en vue d’un licenciement pour « comportement préoccupant, alarmant et anxiogène vis-à-vis de la ligne managériale ». C’est quand même le monde à l’envers : alors que La Poste s’est fait connaître pour les multiples suicides liés aux conditions de travail et à la pression patronale, on accuse les militants qui se battent contre cette politique d’écrasement des salariés d’être irrespectueux des cadres !

RP : Pourquoi La Poste cherche à te licencier ? Quels sont les vrais motifs ?

Gaël : La vraie raison, c’est que notre organisation syndicale a mené une politique d’opposition sans concession aux suppressions d’emplois, en menant des grèves qui cherchaient systématiquement à regrouper plusieurs centres postaux. Nous avons mené des grèves en 2009, 2010, 2011, 2012 avec plusieurs centres de distribution. En 2014, nous avons mené une bataille contre la précarité qui associait, à une petite échelle, des chômeurs et précaires qui s’étaient fait virer de La Poste, et qui a aussi mis à certains moments côte-à-côte des postières et postiers de métiers différents (distribution, guichet, colis). Et en 2016, plusieurs bureaux étaient à nouveau en grève, et nous avons tissé des liens de solidarité avec d’autres secteurs en lutte en participant activement à la mobilisation contre la loi Travail. C’est cette politique qui est visée. Notre syndicat est à la fois radical, et majoritaire dans son secteur, et la Poste ne le supporte pas.

RP : Sud Poste 92 appelle à un rassemblement devant la Cour administrative d’appel de Versailles, [au moment du procès qui est reporté à une date encore inconnue, car le ministère du Travail s’est positionné contre le licenciement ce lundi] . Qu’est-ce que vous attendez de ce rassemblement ?

Gaël : Nous espérons qu’un maximum de monde sera présent, et que cela poussera la juge à confirmer la décision de ne pas autoriser mon licenciement ! Et nous espérons aussi que ce rassemblement sera une étape de regroupement des équipes militantes frappées par la répression mais qui veulent aussi arrêter de se battre de manière fragmentée, et au contraire préparer une mobilisation d’ensemble contre ce système capitaliste !


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