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Palestine Vaincra

Interview. Le Collectif Palestine Vaincra à nouveau menacé de dissolution

Depuis quelques semaines, le Collectif Palestine Vaincra a été attaqué par une officine d’extrême-droite pro-israélienne, suivi d’un député LREM, réclamant sa dissolution. Nous avons interviewé un membre du Collectif Palestine Vaincra pour qu’ils reviennent sur ces attaques.

26 mai 2021

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Source photo : Corine Janeau

Il y a quelques semaines, l’officine d’extrême-droite pro-israélienne NGO Monitor, chargée de lutter contre les mouvements de solidarité avec la Palestine à l’international exigeait la dissolution du Collectif Palestine Vaincra auprès du gouvernement français. Une attaque perpétuée par la suite par le député LREM Patrice Pierrot dans une question parlementaire au ministre de l’Intérieur. Cette semaine, c’est la chaîne TV israélienne I24News qui a remis le sujet sur la table, en questionnant l’absence de réponse du gouvernement français quant à la dissolution du collectif, ce que l’officine NGO Monitor s’est empressée de relayer sur ses réseaux. Nous avons interviewé un membre du Collectif Palestine Vaincra pour qu’ils reviennent sur ces attaques.

Nous condamnons cette campagne diffamatoire menée par Israël et ses alliés à travers le monde qui tentent d’amalgamer la lutte contre le colonialisme sioniste et l’antisémitisme. Nous tenons à rappeler que nous défendons le droit à l’auto-détermination de la Palestine et la création d’un Etat unique, laïc et socialiste, construit sur les ruines de l’Etat colonialiste d’Israël, où Palestiniens et Juifs puissent vivre en paix et libérés de toute forme d’exploitation et d’oppression.

RP : L’officine israélienne NGO Monitor et le député En Marche Patrice Pierrot ont demandé il y a quelques semaines votre dissolution par le gouvernement français. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’ils vous reprochent ?

Ce qu’on nous reproche, c’est notre engagement au côté de la résistance palestinienne, un soutien clair et sans ambiguïté qui affirme sa légitimité politique. Les officines d’extrême droite israéliennes comme NGO Monitor ont pris le pas sur les autorités israéliennes, qui elles avaient qualifiées d’« organisation terroriste » le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun dont nous faisons partis.

Si NGO Monitor ont lancé une campagne pour demander notre dissolution au début du mois de mars, le contenu de leur attaque est vide. Ils nous reprochent d’appeler au boycott d’Israël, et de soutenir les palestiniens et leur résistance. Leur campagne d’intimidation a pour véritable objectif de faire taire notre organisation, car elle porte un discours radicalement antisioniste et anti-impérialiste. La chronique d’I24News, qui est le journal d’Israël en France, se plaint du fait que le gouvernement français ne réprime pas les organisations comme la nôtre et les manifestations qu’on organise. Elle attaque du même coup la FSE (Fédération Syndicale Etudiante), qui a récemment appelé à soutenir la lutte palestinienne, revendiquant une « Palestine libre de la Mer au Jourdain ».

RP : Israël, appuyé par les puissances occidentales comme la France et les Etats-Unis, attaque et désigne des organisations comme « terroristes ». Au-delà de vous, c’était une pratique déjà à l’œuvre ?

Depuis plusieurs années, le gouvernement israélien a mis en place un ministère des affaires stratégiques, qui est en charge de la lutte contre ce qu’il appelle le « mouvement de délégitimation de l’État d’Israël », notamment au travers du boycott. Cette « lutte » est menée par les forces israéliennes en lien avec les gouvernements européens et américains, dans le but de réprimer tout mouvement de solidarité.

Si cette pratique est continue, elle s’est accentuée depuis plusieurs années, voyant que la solidarité internationale envers les palestiniens s’accentue elle aussi. Et nous concernant, la pression qu’ils exercent s’explique parce que même si on a des forces modestes, ils voient qu’on est en capacité de mobiliser largement autour de lignes claires. Et encore une fois, ils ne veulent pas voir émerger des discours radicaux, résolument antiracistes et anti-impérialistes.

RP : Pour vous, cette pression s’inscrit dans la propagande israélienne à l’international, qui cherche à faire assimiler l’antisionisme à de l’antisémitisme ?

Oui, et c’est ce qui ressort du communiqué de NGO Monitor, qui invoque la définition de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) de l’antisémitisme, elle même reprise par le gouvernement français. Macron avait en effet déclaré en février 2019 que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme  ». Et c’est un pur scandale car l’antisionisme est un antiracisme et un anticolonialisme !

La France est un soutien indéfectible à l’État d’Israël, et ce par sa nature impérialiste, car elle a tout intérêt à ce qu’il y ait un agent stable et fidèle dans la région. C’était déjà le cas avec Mitterand, Chirac, Sarkozy ou Hollande. Mais alors qu’avant, la France cherchait à incarner une voie alternative à l’impérialisme américain, Macron et son parti ont pris un virage droitier, se rapprochant de la droite sioniste. On peut l’observer notamment à travers la remise en cause progressive de la position traditionnelle de la diplomatie française autour des « deux états », ou comme pendant les bombardements récents, où le gouvernement français a condamné le Hamas de manière unilatérale. On le voit aussi avec les prises de position de Manuels Valls ou d’Aurore Bergé, qui jouent le rôle de chiens de garde des intérêts du Likoud, le parti politique de Netanyahou.

En France, il y a des organisations pro-israéliennes qui travaillent à rapprocher étroitement les positions françaises avec celles de l’extrême droite israélienne comme le groupe Elnet. Cette organisation proche du Likoud travaille auprès des parlementaires français afin de les « sensibiliser » à la défense indéfectible d’Israël notamment en essayant d’intensifier la criminalisation du boycott d’Israël. Mais la situation n’est pas si facile que ça pour eux. On peut le voir avec la condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme sur la criminalisation du boycott, ce que le ministre Dupont-Moretti avait cherché par la suite à remettre en question au travers d’une circulaire pour poursuivre ceux qui appellent au boycott.

Mais le plus important, c’est qu’on a vu que la résistance palestinienne est loin d’avoir abandonnée. L’acquis politique de la dernière séquence de lutte, c’est qu’on a vu le peuple palestinien s’unir, indépendamment des endroits de vie spécifiques. Mais la leçon principale c’est que : par nature, l’État d’Israël est un état raciste, colonial, ségrégationniste, et tant qu’il ne sera pas démantelé, les Palestiniens ne seront pas libres.

C’est pour cela qu’il faut s’engager dans ce combat, en affirmant un soutien clair avec la résistance palestinienne et pour la libération de la Palestine, de la mer au Jourdain. En comprenant que nos destins sont liés. La victoire du peuple palestinien sera aussi une victoire pour nous ici, car nous menons un combat commun contre l’impérialisme. Et c’est ça, c’est aussi une tâche pour nous en France. De là où on est, la solidarité qu’on exprime c’est le signe d’un combat commun contre la domination de l’impérialisme !


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