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Guerre en Ukraine

Inflation. Vers un risque de crise alimentaire en Afrique ?

La flambée des prix aggravée par la guerre en Ukraine et le risque de pénurie de blé ont des conséquences lourdes sur l’économie mondiale et font peser le risque de famines, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, fortement dépendants des importations.

Louis McKinson

18 mars 2022

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Les prix sur les produits alimentaires flambent et les pénuries s’aggravent sur le continent africain. La guerre en Ukraine et la guerre économique à laquelle se livrent les grandes puissances accélèrent les possibilités d’une famine de grande ampleur pour les pays semi-coloniaux.

Le risque d’une catastrophe alimentaire

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, les prix des marchés mondiaux s’envolent et les économies les plus dépendantes le payent au prix fort. En première ligne de ces hausses sur les marchés énergétiques et alimentaires mondiaux, les économies africaines, fortement dépendantes des importations.

Ce sont surtout les hydrocarbures russes qui mettent le marché sous pression. Or avec les prix de l’énergie ce sont des chaînes de valeurs entières qui sont impactées. Coté produits alimentaires, l’équation n’est guère meilleure – à elles seules, l’Ukraine et la Russie représentent en effet un tiers des exportations de céréales dans le monde.

Redoublée à coup de sanctions impérialistes interposées, l’inflation se répercute durement sur les ménages. En Égypte, l’inflation annuelle en février 2022 culmine à 10% et les prix des légumes, fruits et céréales ont augmentés de 20%. En Cote d’Ivoire, le sac de farine a doublé de prix. Au Malawi, le pain et l’huile de cuisson ont augmenté de 50%. Aucun pays n’est épargné par cette hausse sur les produits de première nécessité. Au global, le prix des produits alimentaires n’avaient pas été aussi hauts depuis 1973, lors de l’embargo américain sur le soja.

Le coup porté est d’autant plus difficile à encaisser que ces économies se relèvent à peine de la crise du Covid et sont victimes de nombreux « aléas climatiques » (inondations, sécheresse, cyclones).

Une situation risquée, qui fait craindre aux classes dominantes une ébullition sociale et fait planer le spectre d’émeutes de la faim. Aussi, les gouvernements mettent en place de maigres palliatifs, largement insuffisants. D’un coté en essayant d’endiguer l’inflation via un contrôle sur les prix, des subventions ou encore des suspensions de taxes. La Cote D’Ivoire par exemple a instauré un plafond de trois mois sur les prix du sucre, du riz, du concentré de tomates, de l’huile de cuisson, des pâtes alimentaires, du bœuf et du lait. Et de l’autre, en essayant de prévenir les pénuries, comme en Égypte, ou les exportations de produits agricoles sont désormais interdites.

L’urgence anti-impérialiste

Si la guerre en Ukraine expose les classes populaires africaines à un risque de famine, cette exposition est conditionnée par la place qui est assignée à ces pays dans l’économie mondiale. C’est sur fond d’économies spoliées par l’impérialisme et maintenues dans la dépendance que se joue cette situation dramatique.

La dépendance agricole et alimentaire de ces pays n’est pas neuve (32 pays africains importent plus de 90% de leur apport en blé). Et si elle s’accentue en temps normal – alors que le continent regorge de ressources et de terres à mettre en culture – c’est le fait du statut semi-colonial qui caractérise ces économies dans la division impérialiste du travail.

La lutte dans les pays impérialistes contre la guerre en Ukraine est à ce titre une question de vie ou de mort pour des millions de personnes à travers le monde : d’où l’importance de s’opposer non seulement à l’invasion menée par Poutine mais aussi aux sanctions économiques de l’OTAN qui accentuent les tendances à la crise de l’économie mondiale.


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