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Hôpital public : Martinez appelle à manifester le 16 juin mais toujours pas d’appel à la grève

Le 16 juin sera une première journée nationale de grève et de mobilisation des travailleurs qui ont été en première ligne de la crise sanitaire : les hospitaliers. Un appel à la grève auquel commencent à se joindre d'autres secteurs comme la CGT Chimie. Ce dimanche, Philippe Martinez de son côté a appelé les citoyens à aller manifester en soutien, mais toujours aucune déclaration d'appel à la grève en vue de la part de la direction confédérale de la CGT.

Cécile Manchette

8 juin 2020

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Le 16 juin a été fixé comme une date de mobilisation nationale dans la santé par une dizaine de syndicats (dont la CGT, FO, Sud, l’Unsa) et des collectifs hospitaliers (collectif inter-urgences et inter-hôpitaux). Une date préparée dans plusieurs établissements de santé qui, pour rendre visible leurs revendications et construire la date, rythment leur mobilisation par les mardis et les jeudis de la colère. Leurs revendications sont claires, les hospitaliers exigent une revalorisation générale des salaires (avec un point d’indice qui est gelé depuis 10 ans), un plan de d’embauche, du matériel et des lits, ou encore l’arrêt de tous les plans de restructuration et de fermetures d’établissements, de services ou de lits.

Face à la contestation du côté des soignants, le gouvernement a ouvert il y a deux semaines un Ségur de la santé qui génère nombre de débats et de critiques au sein du corps hospitalier tant sur le contenu, avec entre autres la perspective d’une modification du temps de travail en contrepartie d’une augmentation salariale ou encore sur la personnalité politique désignée pour piloter le grenelle, Nicole Notat. Après deux semaines, le syndicat Sud Santé Sociaux a décidé de claquer la porte des négociations dénonçant une "parodie de négociations". Le syndicat avait auparavant dénoncé les problèmes d’ordre démocratique dans le Ségur qui avait notamment exclu le collectif inter-urgences du cadre. Pour le moment, le départ de Sud n’en n’a pas entraîné d’autres. Pourtant, en effet, il n’y a rien à attendre de ce Ségur qui vise avant tout à canaliser la colère d’un secteur combatif qui, une nouvelle fois sous le quinquennat Macron, a décidé de redescendre dans la rue pour arracher de meilleures conditions de travail, défendre les retraites et le service public hospitalier.

Ce 16 juin sera la première journée nationale de grève, d’actions et de mobilisation appelée par une intersyndicale depuis le début de la crise sanitaire. Une date lancée par le secteur de la santé et qui mise sur une mobilisation de l’ensemble de la population à leurs côtés suite à la gestion catastrophique du CoVid 19 autour d’une lutte pour des moyens, des conditions de travail dignes, la sauvegarde de l’hôpital public, qui concerne tout en chacun. "Le mot d’ordre qu’on donne le 16 juin, c’est "Ne nous donnez pas une RTT, mais prenez-la pour vous mobiliser avec nous !]" » assène Christophe Prud’homme, remonté suite au vote à l’Assemblée Nationale de "dons de congés payés".

Dans ce sens, Philippe Martinez a invité dimanche soir les citoyens à aller manifester dans la rue le 16 juin leur soutien aux soignants. Sur BFM TV, le dirigeant syndical de la CGT a ainsi déclaré "Avoir acclamé chaque soir les soignants durant le confinement c’est très bien, mais cette journée nationale d’action est l’occasion pour beaucoup de salariés, beaucoup de citoyens de dire, après les avoir applaudis, on vient les soutenir dans la rue". Un appel à la mobilisation en solidarité avec les hospitaliers qu’on ne peut qu’acquiescer mais pour l’heure, nul appel clair à la grève et à la mobilisation n’a été formulé par le dirigeant syndical. Un non-dit qui ne participe pas à pousser à une construction d’une journée massive de grève et de mobilisation à la base dans la santé, ni à étendre la mobilisation à d’autres secteurs, ce que certains appellent pourtant de leurs vœux. Ce serait pourtant le meilleur signe à envoyer au gouvernement pour construire un véritable rapport de force sur les lieux de travail et dans la rue.

En effet, en pleine crise sanitaire, sociale et économique, cette journée pourrait être une première journée centrale de grève et de mobilisation dans la santé mais aussi pour l’ensemble du monde du travail, public comme privé, mais aussi pour la jeunesse, les quartiers populaires ou encore le mouvement féministe. De la gestion de la crise sanitaire aux conséquences sociales, économiques et sanitaires sur des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses, en passant par les plans sur le terrain économique élaborés par le gouvernement et le patronat pour le "monde d’après" et l’état d’urgence sanitaire, les raisons de se mobiliser du côté du monde ouvrier, de la jeunesse et des quartiers populaires ne manquent pas.

Si, pour le moment, à une semaine de la date, la journée du 16 juin ressemble peu à une journée d’union des colères, quelques éléments commencent à aller en ce sens. Comme la déclaration de la fédération CGT de la chimie qui a publié un appel à la grève le 16 juin, adressé à tous ses syndicats et aux travailleurs de son syndicat, pour rejoindre la mobilisation des soignants. La fédération dénonce notamment le choix du gouvernement de distribuer des milliards au patronat tout en promettant des miettes aux travailleurs. Les syndicats du groupe Korian qui gère des Ehpad appellent également à rejoindre la date, et quelques initiatives locales se développent comme à Paris où un rassemblement de soutien à Eric, un cheminot menacé de licenciement par la SNCF, est appelé par Sud Rail devant la gare Saint-Lazare avant la manifestation des hospitaliers.

Pour que la mobilisation se généralise, il est essentiel que l’ensemble du monde du travail, de la jeunesse, des quartiers populaires, s’y joignent, si possible, par la grève, ou par les manifestations. De ce point de vue, il est plus que nécessaire que les directions confédérales proposent un plan de bataille sérieux, à la hauteur, à même d’unifier les différents secteurs du monde du travail. Unir le monde du travail dans l’action et par la grève pour frapper « tous ensemble » sur le même clou, c’est la seule façon de réellement construire le rapport de force pour faire gagner les soignants et les usagers sur leurs revendications.


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