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« On a relancé l'esprit de lutte »

Havre : grève victorieuse du personnel soignant contre les conditions d’hospitalisation inhumaines

« On nous oblige à être maltraitant », dénoncent les travailleurs de l'hôpital psychiatrique du Havre qui, se sont mis en grève 26 jours pour réclamer plus de moyens face à des conditions d'hospitalisation qu'ils jugent de plus en plus inhumaines. Mardi 10 juillet, leur direction a cédé sur une partie de leurs revendications : création de 34,3 postes et de 22 lits supplémentaires.

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« Bienvenu dans l’hôpital de la Honte » ..

Voilà ce qu’on peut lire devant l’enceinte de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre. Le personnel soignant de cet hôpital s’est en effet mis en grève depuis le 16 juin pour lutter contre les conditions de travail déplorables qu’on leur impose et qui, aboutissent inévitablement à des conditions d’accueil et de soin de plus en plus inhumaines pour les patients. Les grévistes, qui se surnomment « les Perchés », ont occupé le toit des urgences de l’hôpital jusqu’à ce que l’accord avec la direction ait été signée ce mardi 10 juillet. Soutenus par l’ensemble du personnel soignant de l’hôpital, ces derniers se sont battu contre les "conditions d’accueil et de soin, maltraitantes" qu’ils se voient forcés d’infliger à leurs patients.

En effet, le manque de moyen criant de cet hôpital aboutit au fait que, l’ensemble des unités, les urgences en premier lieu, sont saturées et surchargées. Ainsi, comme le décrit France Info, qui a interviewé différents salariés, nombres de patients de retrouvent à dormir par terre, sur des matelas à même le sol : « Les patients ont zéro intimité. Beaucoup dorment par terre, sur un matelas à même le sol. On est revenus au temps de l’asile », déclare Ophélie, une aide soignante. La salle de télé à quant à elle été transformée en chambre avec deux lits et beaucoup de patients, qui ne sont pas toujours aptes, sont poussés à quitter l’hôpital.

Face à cette réalité, le directeur du groupe hospitalier, Martin Trelcat avait toujours refusé d’ouvrir un pavillon récemment rénové, qui permettait pourtant de mettre à disposition 22 lits supplémentaires ! La raison ? D’après Johann, aide-soignant et gréviste, consigne du ministère (!) qui ne veut pas envoyer de signal politique donnant envie à d’autres hôpitaux de demander davantage de lits... On voit encore une fois, à travers cette gestion comptable et inhumaine du service public hospitalier, à quel point Macron et consorts n’en ont qu’à faire de la vie et de la santé des patients hospitalisés ainsi que des conditions de travail du personnel soignant.

En ce qui concerne les repas, les patients se voient bien souvent obligé de manger sur une chaise, plateau sur les genoux, du fait du manque de tables...

"On nous oblige à être maltraitants", des soignants au bord du burn out

Dans une vidéo de Brut, Ophélie, aide soignante en grève, boule au ventre, a déclaré ceci « Tous les jours on arrive la boule au ventre au boulot, et on repart en pleurant.. », poursuivant en déclarant que ces derniers rencontraient de plus en plus de difficulté, voire une impossibilité, à exercer leurs métiers à cause du manque de moyens. A France-Info, cette dernière explique comment, du fait du sous-effectif, le personnel médical n’a plus le temps d’échanger avec les patients, ce qui aboutit à des méthodes froides et à une sur-médicalisation : « Quand un patient va vraiment mal, on est obligé soit de lui faire une injection, soit de l’enfermer. Je suis écoeurée de tout ce que je fais ». Une autre gréviste déclare quant à elle ceci : "Maltraiter nos pairs, c’est impossible à accepter", poursuivant :"Un jour, ce seront peut-être nos familles qui viendront à Janet, et peut-être même nous ».

Dans toutes les interview, videos, on peut ressentir la souffrance, la fatigue, mais aussi la culpabilité de ces soignants, qui, pour certains, au bord du burn out, témoignent de leur épuisement et de leur incapacité à continuer comme ça.

Une victoire partielle, qui n’est que le début du combat selon eux

Cette grève, historique sur ce site, a poussé la direction à céder sur une partie des revendications. Ainsi, le protocole de sortie de crise, validé par l’ensemble des grévistes réunis en Assemblée Générale mardi 10 juillet, prévoit la création de 34,4 postes « équivalent temps pleins », des investissements de 15 millions d’euros sur les cinq prochaines années destinés à la réhabilitation de trois pavillons d’hospitalisation, ainsi que l’ouverture, temporaire, pour une durée de 4 mois, d’une nouvelle unité composée de 22 lits. Si les grévistes sont plutôt satisfaits, et que ces avancées vont, de fait, vers une amélioration des conditions de travail du personnel et de l’accueil des patients, il est clair que ces mesures sont insuffisantes et pour ces derniers, la mobilisation ne fait que commencer. Ces derniers mettent en effet en avant la vague de résistance, de grève, qui a secoué les hôpitaux ces derniers mois, notamment dans les unités psychiatriques, avec le cas de la mobilisation au Rouvray, qui les a inspiré : « Quelque chose de très fort s’est enclenché, dans les services de psychiatrie et plus largement dans l’hospitalier », déclare Frédéric le Touze, infirmier et syndicaliste, à France Info.

Ainsi, les grévistes ont bien décidé de s’appuyer sur ce petit souffle de mécontentement qui gronde dans les hôpitaux. Ils comptent se rendre, dés ce week-end, à Amiens, pour soutenir leurs collègues en grève pour obtenir eux aussi plus de moyens, humains et financiers. « Maintenant, il va falloir s’unir si on veut tenir sur la durée », affirme Frédéric Le Touze. Une vague de résistance et de convergences entre les différents hôpitaux en lutte qu’il est primordial de développer et d’entretenir, à l’heure où, après plus de 25 ans d’austérité budgétaire dans les hôpitaux, les conditions d’accueil et de soins sont de plus en plus déplorables pour les patients et où les burn out, et suicides au sein du personnel hospitalier sont de plus en plus fréquents..


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