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Comment claquer la porte

Guyane. Pas de négociation avec le gouvernement

Elle n’aura pas duré longtemps la négociation. Devant le refus des représentants du gouvernement que le dialogue avec les organisations mobilisées soit suivi par la presse, les Guyanais ont claqué la porte. Et ils ont bien raison !

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Crédits Photos : JODY AMIET / AFP

Sur fond de mobilisation depuis une dizaine de jours et après quatre journées de grève générale à l’appel de 37 syndicats et organisations, le gouvernement a finalement missionné en hâte une délégation. Jusqu’à lundi, le préfet refusait l’idée que des ministres se rendent en Guyane si le mouvement ne structurait pas davantage ses revendications (lire, ne modérait pas ses exigences). Dès mercredi, il tournait casaque et annonçait la venue de la ministre des Outre-Mer, Erika Bareigts et, surtout, du tout nouveau ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl.

En 2009, au cours de la grève générale conduite par le LKP, la Guadeloupe n’avait pas eu droit au locataire de la Place Beauvau pour instaurer un dialogue. C’est une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que Hollande est extrêmement inquiet de la tournure que pourraient prendre les événements sur place, plus encore à quelques semaines du premier tour. Mais au bout de quelques minutes, les représentants des secteurs mobilisés ont décidé de quitter la table de négociation.

Les différentes modalités de mobilisation qui ont accompagné la grève générale, notamment le blocage des ronds-points, les fermetures d’administrations et d’établissements publics, la paralysie portuaire et aéroportuaire ont mis suffisamment de pression pour que des ministres soient obligés d’écourter la réunion du Conseil à Matignon, mercredi, et de venir en toute urgence. L’objectif, bien entendu, est de faire baisser le niveau de tension d’une situation sociale et politique explosive. En voulant afficher leur « compréhension » et en avançant la nécessaire négociation dans le prétendu « calme et respect des règles », les ministres imaginaient pouvoir faire baisser la tension. Ils n’ont pas été déçus. Le mouvement se poursuit.

Les méthodes habituelles du gouvernement pour faire face aux mobilisations possibles dans les territoires coloniaux se formulent autour de la division des secteurs en lutte par la promesse de satisfaire une partie des revendications. En ce sens, le gouvernement se montre surtout enclin à discuter des revendications liées aux questions sécuritaires et du « problème de la délinquance » porté, notamment, par le Collectif des 500 Frères dont les liens sont extrêmement forts avec les notabilités et les forces locales de police. Mais même si une partie des exigences avancées par le mouvement guyanais dans son ensemble mêle des revendications parfois très discutables, c’est le caractère massif du mouvement qui donne le ton ainsi que son contenu et ses revendications sociales.

C’est ce qui a décidé, en dernière instance, que les représentants du mouvement soient obligés de se retirer moins d’une demi-heure après le début de la négociation, jeudi, malgré les quelque dizaines de millions d’euros mis sur la table pour la Santé et l’Éducation. C’est le représentant local du Medef, Stéphane Lambert, qui a souligné qu’en l’absence des médias, les négociations ne pouvaient pas se tenir. C’est le très hamoniste nouveau ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl qui s’est lui fendu d’une leçon de « démocratie made in PS » en soulignant qu’il était seulement prévu que les médias aient accès à un compte-rendu des discussions.

Cette question de la transparence des négociations sur fond de mouvement social massif s’était déjà posée en 2009 en Guadeloupe. Il pose, en réalité, la question de la façon dont les Guyanais devraient, réellement, décider de leur avenir et discuter des solutions pour sortir de la marginalisation structurelle dans laquelle Paris maintient sa colonie. Ce ne sont pas un TGI et un nouveau centre pénitentiaire à Cayenne ou le renforcement du contingent policier, mesures actées mercredi par le gouvernement, qui en changera quelque chose.

En attendant, la mobilisation se poursuit et le gouvernement suit à la loupe son évolution. Nos organisations, en solidarité avec nos frères et sœurs de Guyane, devraient faire de même, mais en solidarité avec les rond-point bloqués et avec la grève.


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