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Grève du bac

Grève du bac. L’éducation se mobilise contre la réforme des retraites et le bac Blanquer

Ce lundi pour le premier jour des épreuves de spécialité du baccalauréat, plusieurs piquets se sont tenus sur des lycées pour revendiquer une opposition ferme à la réforme des retraites mais aussi au bac Blanquer, qui se déroule pour la première fois cette année sous sa forme officielle.

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Grève du bac. L'éducation se mobilise contre la réforme des retraites et le bac Blanquer

Au lycée Camille Saint-Saëns de Deuil-la-Barre (95), les personnels se mobilisent contre le 49.3 et le bac Blanquer

L’utilisation du 49.3 et la crise politique que traverse le gouvernement a entraîné une radicalisation du mouvement actuel. Celui-ci se traduit dans la rue par de nombreuses manifestations et rassemblements spontanés, mais aussi dans la grève, à l’image des raffineurs qui durcissent leur mouvement de grève.
Dans ce contexte, les travailleurs et travailleuses de l’éducation, déjà largement mobilisés depuis le 19 janvier, durcissent également le ton avec la grève du bac ces 20 et 21 mars.

Grève du bac : les profs durcissent le ton contre la réforme des retraites et le bac Blanquer

La liste des lycées mobilisés ce lundi 20 mars ne laisse aucun doute : la grève de surveillance des épreuves de spécialité du bac qui se sont déroulées cet après-midi a été suivie sur plusieurs établissements. C’est le cas par exemple en Ile-de-France au lycée Camille Saint-Saëns de Deuil-la-Barre (95), au lycée Jacques Feyder d’Epinay (93), au lycée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency (95) ou encore au lycée Angela Davis de Saint-Denis (93).

Dans chaque établissement, entre 15 et 25 grévistes déclaré.e.s ont décidé de se mobiliser dès aujourd’hui pour manifester leur opposition à la réforme des retraites, suite à l’utilisation du 49.3 par la première ministre jeudi dernier à l’Assemblée, mais aussi pour remettre en cause le bac Blanquer. Cette mobilisation est aussi visible à l’échelle nationale. Ainsi, aux lycées Gustave Eiffel et Montesquieu à Bordeaux, au lycée des Graves à Pessac ou encore au lycée Elie Faure à Lormont (33) les personnels sont activement mobilisés.

Le collège Vauban de Blaye (33) mobilisé

Si les projecteurs sont braqués sur les lycées, les collèges sont également mobilisés ce lundi 20 mars. C’est le cas à Montreuil (93) où le collège Paul Eluard a été bloqué par les élèves ce matin, ou encore à Marseille où le collège Rosa Parks revendique clairement son opposition à la réforme des retraites et est soutenu par les collègues des établissements voisins. La mobilisation atteint même un niveau de mobilisation remarquable comme au collège Vauban à Blaye (33), entièrement bloqué et où la reconduction du blocage a été votée jusqu’à jeudi. Les établissements proposent aussi de soutenir les lycées pour massifier la mobilisation et intensifier l’opposition au bac Blanquer dans le cadre des revendications propres à l’éducation. Ainsi, les personnels en grève du collège Vauban ont décidé de se rendre au lycée Jaufré Rudel et au lycée professionnel de l’Estuaire pour aller mobiliser leurs collègues.

Ces grèves du bac et blocages se sont par ailleurs accompagnés de nombreux piquets. Pancartes, affiches, slogans d’opposition sont épinglés sur les grilles des établissements pour visibiliser les raisons de la colère et déstabiliser le déroulement des épreuves de spécialité, et par une importante auto-activité des grévistes.

A Chambéry, les personnels en grève organisent des barrages filtrants et des tractages devant tous les lycées de la ville pour la grève du bac. Au lycée Evariste Galois de Beaumont (95), les personnels qui ont voté une grève reconductible lundi, mardi, mercredi, jeudi ont décidé de bloquer massivement jeudi et de venir en soutien au lycée voisin Jacques Feyder d’Epinay (93). D’autres tractages sont organisés comme au lycée René Cassin de Gonesse (95), au lycée Léonard de Vinci de Saint-Witz (95) ou encore à l’initiative des personnels du collège Vauban de Blaye qui ont prévu un tractage sur les ronds-points et marchés d’ici à jeudi.

La logique est donc à la massification et à la multiplication des actions visant à créer du lien à l’échelle locale entre les établissements. C’est le cas par exemple du lycée Romain Rolland de Goussainville (95) qui organise un tractage sur les établissements voisins après les avoir déjà conviés il y a quelques semaines à une mobilisation nocturne sur l’établissement. Par ailleurs, à Rouen, un rassemblement devant le rectorat, appelé par l’intersyndicale éducation, a réuni une cinquantaine de personnes pour appeler à massifier la grève. La CGT Educ’Action a quant à elle organisé à Marseille un envahissement de la DSDEN.

Au lycée René Cassin de Gonesse (95), mobilisation qui lie retraites et bac.

Ces actions viennent renforcer des actions de soutien aux secteurs les plus mobilisés. Ainsi, les personnes en grève votent massivement des ralliements aux piquets de grève d‘autres secteurs, comme par exemple d’aller soutenir le blocage des TIRU de région parisienne. Des professeur.e.s sont également allé.e.s soutenir les gaziers en grève depuis le 7 mars sur le site de stockage de Saint Illiers (78).

Autant de symptômes qui témoignent d’une radicalité des travailleurs et travailleuses de l’éducation et d’une volonté de durcir le ton à la base. D’autant plus que cette grève du bac s’est construite localement, par l’auto-organisation des personnels, en dépit des appels scandaleux de Laurent Berger et Philippe Martinez à « ne pas perturber le bac » et dans le contexte où l’intersyndicale de l’éducation, au niveau national, s’est contentée d’appeler timidement à « poursuivre la mobilisation pendant les épreuves de spécialité, y compris par la grève des surveillances là où cela est possible ».

De fait, cette mobilisation de l’éducation s’inscrit dans une séquence où une forme de radicalité tend à déborder les appels de l’intersyndicale nationale qui n’appelle à la grève que le 23 mars, à l’image du mouvement étudiant, du durcissement de la grève dans les raffineries ou encore de la multiplication des rassemblements et manifestations spontanées.

Affichage sur les grilles d’un lycée à Chambéry (73)

Si l’éducation se mobilise autour d’équipes militantes qui se constituent à l’échelle des établissements, la généralisation de la grève est encore à construire car force est de constater que la grève du bac est pour le moment restée minoritaire, principalement du fait du refus de l’intersyndicale éducation à y appeler clairement.

Après le 49.3, il faut généraliser la grève dans l’éducation et renforcer les cadres d’auto-organisation

Le recours au 49.3 a ouvert la voie à une radicalisation du mouvement et à un changement d’état d’esprit palpable dans les salles des profs. Les cadres d’auto-organisation à échelle des établissements ont ainsi été renforcés, une dynamique particulièrement intéressante à noter, alors qu’ils brillaient plutôt par leur absence durant la première phase de la mobilisation. Les AG se sont ainsi multipliées au sein des établissements mais aussi au-delà. Ainsi, par exemple, le collège Pierre de Geyter de Saint-Denis (93) est à l’initiative d’une AG inter-établissements de Saint-Denis et des environ à destination des personnels et parents, votée pour mercredi soir, à la bourse du travail de Saint-Denis, afin de réfléchir à une action coup de poing.

Une dynamique qu’il faut largement renforcer afin de doter le mouvement des cadres d’auto-organisation nécessaires pour s’emparer des potentialités du mouvement et rompre avec la logique de pression sur les institutions que l’intersyndicale continue coûte que coûte à maintenir, malgré la crise politique que traverse le pays. Dans le même sens, l’auto-organisation doit également être pensée en inter-pro. A ce titre, le réseau pour la grève générale auquel participent de nombreux travailleurs de l’éducation est un outil central pour coordonner les secteurs en grève et construire la généralisation de la grève.

Or, pour que sa colère converge avec celle qui prend forme dans certains secteurs stratégiques, en grève reconductible depuis jeudi dernier, l’éducation doit s’engager plus ouvertement dans une grève générale et massive aux côtés de l’ensemble des travailleuses et travailleurs. Car la radicalité du mouvement aussi forte soit-elle, que ce soit dans l’éducation ou dans les autres secteurs, ne sera à même de constituer un véritable rapport de force suffisamment construit et puissant pour faire plier le gouvernement, si elle ne prend pas la forme d’une grève générale massive qui paralyse l’économie et le pays durablement. Pour cela, l’éducation doit considérer plus sérieusement la grève du bac Blanquer comme un levier pour rejoindre et engager une grève générale de l’ensemble des travailleuses et travailleurs, et un levier pour construire une grève reconductible dans le secteur.

Le secteur de l’éducation a en effet un rôle à jouer aux côtés des autres travailleurs de la société non seulement pour faire reculer le gouvernement Macron qui est en grande difficulté, mais aussi pour réclamer plus. C’est le moment ou jamais de se battre pour revendiquer dans une période d’inflation aiguë l’augmentation des salaires et leur indexation sur l’inflation mais aussi exiger des moyens massifs dans l’éducation, la santé, et revendiquer pour nos élèves autre chose qu’une école de la sélection, du SNU ou du bac Blanquer.

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