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Solidarité avec les travailleurs srilankais

Grève au Sri Lanka. Les travailleurs mobilisés contre le gouvernement militaire

Face aux mesures autoritaires et anti-sociales particulièrement agressives du président srilankais Gotabhaya Rajapaska, les travailleurs du Sri Lanka se sont lancés lundi et mardi dernier dans de nouvelles journées de mobilisation.

Victor Maurin 

17 novembre 2021

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Crédits photo : AFP

C’est dans un contexte de grave crise économique et alimentaire qui voit les srilankais manquer de produits de base que prennent racines ces manifestations. Les rayons des supermarchés sont vides, et de nombreux produits de base tel que le lait en poudre ou le kérosène manquent. L’état d’urgence alimentaire a été prononcé par un gouvernement qui continue pourtant de nier l’existence de pénuries.

Une lutte déterminée pour l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail

Lundi et mardi dernier, plus de 100.000 travailleurs de multiples secteurs, des salariés de la santé aux enseignants en passant par les employés d’ateliers ferroviaires, se sont lancés dans de nouvelles journées de mobilisations contre les offensives sociales du président Rajapaska et pour l’amélioration des salaires et de leurs conditions de travail.
Ces manifestations font suite aux manifestations des employés de l’électricité, des ports et du pétrole contre les privatisations de ces secteurs prononcées la semaine dernière.

Dans un premier temps se sont environ 50.000 agents de développements qui ont organisé une manifestation nationale pour l’augmentation des salaires. Le lendemain, c’était au tour des infirmières et du personnel paramédical de faire de même et prendre la rue. Leurs revendications se concentrent aussi sur les salaires.

Les enseignants leur ont ensuite emboîté le pas. Après une grève de quatre mois pour les salaires, les mobilisations ont été pour eux, l’occasion de contester la répression des enseignants et l’autoritarisme d ;u président Rapajaska ainsi que le manque de moyens mis dans la lutte contre la pandémie à l’école.

Dans le même temps, les agriculteurs aussi poursuivent leur mobilisation en réclamant des produits nécessaires à la culture. La mobilisation au Sri Lanka est donc particulièrement large, touchant de nombreux secteurs du public et du privé.. Malgré tout, et grâce au concours des directions syndicales, le gouvernement n’a pas l’intention de céder.

Un gouvernement autoritaire particulièrement offensif

Ces mobilisations particulièrement larges dans leur diversité trouvent leur source dans l’autoritarisme et la détermination anti-sociale du gouvernement srilankais.
L’actuel président Gotabhaya Rajapaska a été élu en 2019 dans un contexte sociale tendu après plusieurs vagues de grèves. C’est un général connu pour son nationalisme ainsi que pour les accusations de crimes de guerre le concernant durant la période de la guerre civile contre les Tamouls. Il remporte l’élection présidentielle de 2019 face au président sortant, connu pour ses politiques austéritaires et répressives envers les travailleurs.

Rajapaska consolide alors immédiatement sa victoire par une politique favorisant l’armée, en mettant à la tête des diverses administrations des membres de l’armée incluant des criminels de guerre. Il applique une politique sécuritaire afin de mettre au pas les travailleurs et adopte une rhétorique islamophobe et anti-Tamouls, une minorité ethnique du pays. Rajapaska profite alors de la crise sanitaire pour imposer un confinement ainsi qu’un couvre-feu tout en ne mettant en œuvre aucune mesure sanitaire réelle. Il arrête ainsi 50.000 personnes pour « non-respect du couvre-feu » cachant en réalité des arrestations politiques arbitraires.

Le déconfinement a eu lieu sous contrôle militaire dans la continuité de la politique de militarisation de l’Etat : des militaires sont placés dans les écoles, les gares ainsi que dans les rues pour rouvrir les entreprises.
Malgré cela, la contestation post-confinement revient de plus belle. Dés le premier jour du déconfinement, des grèves éclatent dans le secteur de l’habillement ou encore dans le secteur pétrolier. La répression se durcit alors à l’encontre de l’opposition, de nombreux abus voire des meurtres perpétrés par la police sont signalés et justifiés par le pouvoir par la lutte contre le trafic de drogue ou par la lutte contre la pandémie.

L’autoritarisme du gouvernement srilankais a calmé pendant un temps les mobilisations mais les problèmes sociaux sont toujours là : hausse du coût de la vie, licenciements, pénuries. Le pays est même passé à « l’Etat d’urgence alimentaire ». C’est dans ce contexte que les mobilisations de lundi et mardi dernier ont lieus contre un gouvernement qui n’a eu de cesse de réprimer les travailleurs tout en ne leur faisant aucune concession, en légitimant ses mesures autoritaires par une rhétorique islamophobe et en pointant du doigts les Tamouls.
Ainsi, face au gouvernement autoritaire, raciste et anti-social de Gotabhaya Rajapaske et les multiples trahisons des directions syndicales, nous exprimons notre soutien aux travailleurs srilankais qui se mobilisent pour leurs conditions de travail et leurs salaires.


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