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Aéronautique

Grève à Latécoère contre la délocalisation : « le patron on ne le convainc pas, on le contraint ! »

Face à la menace de délocalisation des sites de Montredon et Labège du sous-traitant aéro Latécoère, les salariés ont entamé leur première journée de grève. À cette occasion, une centaine de salariés et soutiens se sont rassemblés devant le siège du groupe pour refuser la délocalisation.

Violette Renée

15 février 2023

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Une centaine de salariés en grève et de soutiens devant le siège

Une centaine de salariés en grève et de soutiens se sont rassemblés devant le siège de Latécoère, rue Périole, contre la délocalisation des sites de Montredon et Labège et les suppressions d’emploi : sur les 150 postes délocalisés seuls 63 seront ré-ouverts. A Labège et à Montredon, plus de 80 % des salariés étaient en grève aujourd’hui.

Dans le même temps, le DRH négociait avec les syndicats un accord d’industrie ainsi qu’un accord GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels). Les salariés en grève ont envahi le siège et sont restés un long moment devant la salle de réunion pour mettre la pression sur les négociations. 

De nombreux soutiens notamment de l’aéronautique sont venus au rassemblement : les Ateliers de la Haute-Garonne, Mécachrome, Thalès, Capgemini ou encore Airbus Defense&Space. 

Chez les salariés une grande détermination est palpable, ils veulent se battre face au projet de délocalisation d’un patronat inutile qui n’est bon qu’à prendre de l’argent public et à détruire des emplois pour ses marges.

Des pouvoirs publics complices qui mettent leur grain de sel

Comme dans tous les projets de délocalisations, commence très vite la valse des élus, qui après avoir déroulé le tapis rouge aux capitalistes vont faire semblant de hausser le ton. Ainsi, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, s’est opposée dans les médias à la délocalisation ces derniers jours : « On ne va pas accepter que les salariés soient les premiers impactés et que derrière, la France et l’Europe soit affaiblies alors que cette même entreprise a bénéficié de l’argent public  » s’était-elle exprimée au micro de France Bleu. Car, en effet, Carole Delga en a donné de l’argent public. Elle avait ainsi accompagné le processus de démantèlement de l’usine de Périole en participant au financement de « l’usine du futur » à Montredon, permettent alors au groupe de justifier la suppression de 172 postes sur le site historique. 

Le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, ancien gestionnaire de fonds de pension et un des premiers mécènes de Macron, essaye de son côté de faire vibrer la corde sociale : « Je souhaite avant tout que les salariés soient extrêmement bien traités. On espère qu’un certain nombre vont être reclassés dans le site et que l’activité soit par ailleurs maintenue sur ce site. J’ai échangé à ce sujet justement avec Carole Delga, la présidente de la Région  ». Au micro de France Bleu, il poursuit : « dans l’ensemble, compte tenu des recrutements prévus, une soixantaine à ce jour, et des fins de postes, environs 110, il n’y aurait qu’une cinquantaine de personnes à reclasser et la direction s’est engagée à la faire sous la forme de départs volontaires avec dans ce cas de figure un accompagnement financier.  »

En résumé, le ministre se fait l’avocat, à la place des actionnaires de Latécoère, de la suppression des emplois, avec la vieille manœuvre qui consiste à pousser les salariés dehors avec un chèque qui sera vite dépensé et qui ne remplacera pas un salaire ! Aucune confiance à faire dans ces politiciens professionnels, pour conserver leurs postes, les grévistes ne peuvent compter que sur leurs propres forces et celle des autres travailleurs de l’aéronautique.

« Le patron on ne le convainc pas, on le contraint ! »

Car les salariés restent fermes et ne cherchent pas à marchander des miettes : « non à la délocalisation ! ». Une nouvelle AG est organisée vendredi pour décider des suites du mouvement avec de nouvelles journées de grèves et d’actions. Comme l’ont affirmé les syndicalistes de la CGT : «  Le patron on ne convainc pas, on le contraint !  » 

Venu soutenir les salariés de Latécoère en lutte, Gaëtan Gracia, militant CGT aux Ateliers de la Haute-Garonne, souligne l’importance des liens entre les questions politiques « nationales » comme les retraites et ces revendications locales contre les licenciements et délocalisations : « lorsque l’on discute dans les manifestations contre la réforme des retraites, les gens en ont marre aussi de leurs conditions de travail, de la pénibilité, des salaires et des délocalisations  ». En ce sens, la mobilisation en cours doit s’élargir pour faire peser toute la force des travailleurs en lutte pour arracher des augmentations de salaire et remettre en cause les pleins-pouvoirs du patronat sur les emplois et l’économie. Il serait contre-productif que face à une telle déferlante de colère ouvrière et populaire, lutter contre la réforme de Macron ne soit pas synonyme de lutter contre les fermetures de boîte et les baisses de salaire qui existent dans tout le pays.

Très majoritairement, les travailleurs de tout le pays expriment leur refus de donner deux ans de vie de plus aux patrons. Mais pourquoi accepterait-on que ces mêmes patrons puissent sacrifier des vies, des emplois et fermer des usines pour faire toujours plus de profits ? Pas un emploi ne doit être supprimé, pas une machine ne doit être déplacée, il faut mettre en échec les plans de la direction de Latécoère !


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