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Violences policières

Gilets jaunes. Deux policiers en examen pour violences, dont celui qui aurait éborgné J. Rodrigues

Deux ans après, deux policiers ont été mis en examen pour violence lors de la répression du mouvement des Gilets jaunes, dont celui qui aurait fait perdre un œil à Jérôme Rodrigues. Une mise en examen tardive et qui n'est qu'une goutte d'eau dans une mer de justice à deux vitesses.

Sadek Basnacki

12 février 2021

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Crédit photo : Zakaria Abdelkafi / AFP

Deux ans, c’est long. C’est le temps qu’il a fallu pour que la justice mette en examen deux policiers responsables de violence lors de la dure répression du mouvement des Gilets jaunes. L’un des deux policiers est accusé d’avoir lancé la grenade qui a éborgné Jérôme Rodrigues le 26 janvier 2019. Il est mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente aggravées ». Le deuxième policier est quant à lui poursuivi pour « violences volontaires aggravées » lors de la même manifestation, mais sur un autre manifestant.

L’Obs s’est procuré le rapport de l’IGPN. Il est saisissant. Le lanceur de la grenade GMD explique l’avoir lancé en état de « légitime défense », « par instinct et dans l’espoir que ceux qui nous lançaient des projectiles arrêtent de le faire ». Une version remise en cause par des manifestants interrogés par l’IGPN expliquant que l’atmosphère était encore « calme » sur la place de la Bastille. D’après le lanceur de grenade, cette dernière serait arrivée « par hasard » au pied de Jérôme Rodrigues, qu’il ne connaissait pas d’après lui. Le tireur de LBD, qui a tiré dans la foulée de l’explosion de la grenade, et qui lui non plus ne connaissait pas Jérôme Rodrigues. D’après ses déclarations, il dit avoir agit par réflexe face au danger. Il affirme avoir tiré vers le bas. Pourtant, la blessure de Jérôme Rodrigues, figure des Gilets jaunes mais visiblement inconnu de tous les flics de France, correspond au type de blessure qu’entraine un tir tendu de LBD. Les expertises médico-légales ont conclu que c’était un palet de grenade GMD qui serait responsable de la blessure, ce qui est toujours contesté par Jérôme Rodrigues.

Le rapport nous apprend aussi que des images ont disparu. Le binôme du tireur LBD équipé de caméra n’a pas pu fournir de vidéo car elle n’aurait rien enregistré. Un policier de la CRS 41 (Saint-Cyr-sur-Loire) faisait un reportage photo ce jour là. L’IGPN a reçu 206 photographies mais étrangement, 23 d’entre elles auraient pu être effacées. Pour le policier, c’est parce qu’il supprime toujours ses photos ratées. Cependant, d’après l’IGPN ces photos supprimées auraient été prises après la blessure de Rodrigues. Ce même policier aurait également effectué un reportage vidéo. L’Obs explique que « C’est indiqué dans un “septimo” de la compagnie » – mais aucune trace de ce reportage n’a été trouvé. De son côté, le policier explique ne pas se souvenir d’avoir fait de reportage ce jour là et que si il n’y a pas de trace de cette vidéo c’est que « certainement qu’il n’y en avait pas eu ».

Il a fallu deux ans pour arriver à deux mises en examen, témoignage d’une justice à deux vitesses lorsque l’on regarde le nombre de condamnation de Gilets jaunes. D’après un article du Monde de novembre 2019, il y a eu 10 000 gardes à vue, 3 100 condamnations et « sur ces condamnations, environ 400 ont donné lieu à des peines de prison ferme avec incarcération immédiate dans toute la France ». Les forces de répression ont éborgné au moins 30 personnes et arraché 5 mains, d’après le journaliste David Dufresne. Il y aurait eu au minimum 3 800 blessés, sans oublier Zineb Redouane, tuée par un tir de grenade fumigène alors qu’elle était à sa fenêtre. Si les deux policiers sont poursuivis, ce n’est qu’une goutte d’eau dans une mer de justice de classe, qui tend à favoriser les puissants et les policiers dont ils défendent l’ordre ; et à accabler les classes populaires, et les militants politiques.


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