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Du sang de Gilets Jaunes sur TF1 et France 2

Gilets Jaunes : ces violences policières que les médias ne peuvent plus nier

Mardi 15 janvier, pour la première fois depuis le début de la mobilisation des Gilets Jaunes, les JT de France 2 et TF1 ont diffusé un sujet à propos des violences policières et des blessés (plus de 2000) parmi les gilets. Pression des réseaux sociaux, discrédit médiatique, les grands médias qui condamnaient en boucle « l’hyper violence » de Christophe Dettinger, n'ont aujourd'hui plus le choix que d'en parler.

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Les violences policières : l’expression de leur fragilité grandissante

Le mouvement des gilets jaunes renverse décidément des montagnes. Après avoir fait reculer Jupiter, le voilà en passe de réaliser l’exploit de sensibiliser France 2 et TF1, d’une pierre deux coups, aux violences policières. Toujours au rendez vous pour condamner les prétendus « casseurs » ou « l’hyper violence » d’un homme non armé et à visage découvert, les médias sont désormais forcés de rendre compte du phénomène de répression de masse le plus important depuis la guerre d’Algérie.

Des milliers de manifestants sont chaque semaine depuis maintenant deux mois la proie d’un véritable déchainement policier. Les journées du 24 novembre, du 1 er et du 8 décembre établissent tour à tour des records absolus en termes de quantité de munitions, de grenades et de litres d’eau utilisés contre les manifestants. Près de 10 000 juste pour le samedi 24 novembre : un manifestant a la main arrachée. Le 1er décembre la répression monte d’un nouveau cran avec la mort d’une octogénaire. Le 8 décembre à Paris, le 15 décembre à Toulouse et Bordeaux, se sont les chars qui descendent les avenues. Lors de l’acte 8 et 9 de janvier, se précise aux yeux des gilets jaunes le rôle de la Brigade Anti-Criminalité (comme à Bordeaux avec un homme actuellement dans le coma, ou à Lyon) utilisée pour pourchasser, tabasser, terroriser les manifestants. Les témoignages pullulent sur la toile. Reste, en bon journaliste emprunt d’objectivité, à aller les consulter…

Enlisé jusqu’au cou dans un conflit auquel il ne peut apporter aucune solution réelle sans anéantir du même coup toute son assise, le gouvernement mise tout sur sa police. La stratégie est claire, il s’agit de réprimer le plus durement possible les manifestations pour instaurer un climat de terreur dans leurs rangs. Cette stratégie se situe aux antipodes de ce que pouvait en dire Castaner qui affirmait sans sourciller que la police ne fait que se défendre. Aussi grotesque que puisse sembler cet argument pour quiconque a participé ne serait-ce qu’à une seule manifestation depuis le 17 novembre, il a pourtant convaincu jusqu’ici l’ensemble de la caste médiatique.

L’isolement de Macron peut encore s’approfondir

Bien que médias et gouvernement aient l’habitude de voguer ensemble, quand le bateau tangue il peut arriver que certains rats quittent le navire avant d’autres. Leur camp, les médias l’ont pourtant choisi depuis longtemps. Le premier mai 2018, ils construisaient activement la vaste campagne de désinformation à propos de la manifestation, faisant de la mise à sac d’un MacDonald vide, un événement d’ampleur national alors que dans le même temps la vraie violence d’un Benalla s’abattait sur des manifestants à quelques encablures de là.

Voilà que ceux qui ont noirci tant et tant de papier à propos des « casseurs venus pour tuer » se rendent soudain compte que les centaines de milliers de voix qui s’élèvent contre les violences policières ne s’élevaient pas pour rien. Mais peut-être n’avaient-ils rien vu jusque là, eux dont le métier est pourtant l’information… Ce retournement médiatique est la conséquence d’une poussée sur les réseaux sociaux des témoignages, des prises de position, de la multiplication des FacebookLive et des partages qui mettent le nez sur la réalité du terrain et, par opposition, l’aveuglement des plateaux télé des grands JT. Mais c’est aussi le fruit d’un désaveu médiatique : à force de refuser d’informer sur les violences policières, les grands médias se retrouvent dans l’impasse et construisent d’eux-mêmes leurs propres tombes. Les sorties des gilets jaunes contre BFMTV et sa propagande gouvernementale n’ont pas épargné les autres chaines - LCI, France Info, etc. Les journalistes, sur le terrain, victimes de la ligne éditoriale de leurs rédactions, n’ont plus la confiance des manifestants. Et cela aussi fait pression…

Des médias au politique il n’y a qu’un pas. Et le fait que le sujet des violences policières surgisse dans les 20 heures n’est pas un bon symptôme pour l’exécutif, toujours plus retranché dans son isolement.

Le rappel des consignes qui flaire bon la panique

Face à l’ampleur de la polémique montante sur l’utilisation du lanceur de balles de défense (LBD40), le directeur général de la police Eric Morvan a estimé qu’un rappel à l’ordre sur les règles encadrant son emploi était de bon aloi. Dans un document envoyé aux policiers que France 3 a pu se procurer, le directeur de police a appelé au « respect des intervalles de distance » par les policiers pour tirer avec un lanceur LDB.

La « fuite » du document parait propice pour celui qui donne les consignes en matière de « maintien de l’ordre » depuis plusieurs semaines. Une façon toute hypocrite de faire passer l’usage systématiquement abusif et non réglementaire des armes par les forces de l’ordre pour des dérives individuelles. Une manière aussi de dédouaner l’exécutif alors que le sujet des violences policières devient brûlant. Trêve de naïveté : ces « mauvais usages » sont monnaies courantes et ces armes tout comme les impressionnants dispositifs policiers n’ont d’autres but que de mater dans le sang ou dans la peur la mobilisation. Le gouvernement vient d’ailleurs tout juste de passer commande pour des centaines de nouvelles armes capables notamment de lancer en série 6 balles en caoutchouc.

Mais un tel message interne rendu public montre la fébrilité de la police et surtout, derrière elle, de l’Etat dont la vraie fonction - réprimer pour maintenir un ordre social fondamentalement inégalitaire - se livre de plus en plus clairement. L’heure est, pour nous, d’enfoncer le clou.


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