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Réforme des retraites

Flixbus et Blablabus, deux compagnies briseuses de grève, se gavent sur le dos des grévistes

Alors que la grève contre la réforme des retraites s'ancre dans le temps, elle est source de profit pour d’autre. Notamment les bus Macron, qui voient les taux de réservation exploser. Ils rendent un grand service au gouvernement tout en s’en mettant plein les poches au grand dam de leurs salariés et des grévistes de la SNCF et de la RATP.

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Crédit photo : Laurent Cerino/REA

Au 15ème jour de grève contre la réforme des retraites, le trafic reste fortement perturbé à la SNCF et à la RATP, et ce à quelques jours des vacances de Noël.
Le gouvernement tente de pousser les grévistes à faire une trêve qui s’annoncerait fatale pour le mouvement. Les bureaucratie syndicales rentrent dans le jeu des discussions alors même que leur base souhaite un retrait pur et simple de la réforme.

Tout est bon pour contourner l’impact de la grève et démoraliser les grévistes. Ainsi, on peut voir sur les plateaux, surtout de BFM Business, Nicolas Brusson, directeur général et co-fondateur de BlaBlaCar, vanter sa plateforme de covoiturage et ses bus Macron, Blablabus (ex-Ouibus).

En effet, sur BFM Business, il est intervenue pour expliquer que 2 millions de places devraient être disponibles sur BlaBlaCar et BlaBlaBus. D’après lui, cela représente « 5000 rames de TGV ».

Il n’a pas hésité à s’arranger avec la vérité, expliquant que les prix ne changent pas avec l’augmentation de la demande. Depuis le début de mouvement contre la réforme des retraites, il y a 2 fois plus de voyageurs sur Blablacar et Blablabus et 20 fois plus sur Blablalines (covoiturages domicile-travail). Pourtant, lorsque l’on regarde le prix des places pour un Paris-Toulouse pour ce dimanche 22 décembre, il faut débourser pas moins de 190 euros pour se taper 13h55 de bus avec un changement à Lyon. Sur le site de la SNCF, on peut voir qu’un billet Paris Toulouse en 4h38 est disponible pour 115 euros le lundi 23.

Nicolas Brusson a également signalé que Blablabus allait nouer des partenariats afin de déployer plus de bus sur certaines lignes.

Les bus Macron n’ont jamais aussi bien porté leur nom

La flotte de Blablabus et Flixbus surfent sur la grève pour se faire un max d’argent. Flixbus, qui représente 60% du marché français, a enregistré une progression de 100% de ses réservations, depuis le début de la grève. Bien évidemment, avec leur merveilleux système basé sur l’offre et la demande, les prix s’envolent.

Dans L’Express, l’association UFC-Que Choisir a indiqué que « les billets avaient augmenté de 129% en moyenne entre le 28 novembre et le 5 décembre, et de 141% pour Flixbus ». « Sur cette ligne Paris-Lyon le tarif FlixBus pour le jeudi 5 décembre est ainsi de 78,99 euros, contre 4,99 euros le jeudi précédent ; plus de quinze fois plus cher. » 1583 % d’augmentation en une semaine...

Yvan Lefranc-Morin, directeur général de FlixBus France, ne s’en cache même pas. « Cinq euros c’est le prix d’une place quand le bus est vide ».

Les bus Macron, comme on les appelle, ont le soutien du gouvernement qui voit là une bonne manière de contourner les effets de la grève. C’est pourquoi un arrêté du ministère des Transports, allant jusqu’au 24 décembre et publié ce mercredi matin au Journal officiel, autorise les conducteurs à conduire plus longtemps, aux dépens de leur propre sécurité et de celle de leurs passagers. Les conducteurs pourront rouler 10 heures, deux fois maximum par semaine et jusqu’à 56 heures par semaines et 90 heures sur deux semaines consécutives, selon le site du ministère de la Transition écologique. C’est énorme. Et les syndicats ne voient pas cela d’un bon œil.

C’est la deuxième fois que le gouvernement Macron se sert des bus Macron pour contourner l’impact d’un mouvement social, puisque cette mesure a déjà été mise en place en novembre 2018 pour faire face aux blocages des rond-points par les Gilets Jaunes.

Dans un tract relayé par le Huffingtonpost, le syndicat Solidaires Transports a dénoncé cet arrêté avec virulence « La seule logique de ce décret est de casser la grève à la SNCF, la RATP, mais aussi dans les centaines d’entreprises de transports par bus (...) Le gouvernement prend volontairement le risque de provoquer des accidents de transports en commun suite à l’extrême fatigue imposée aux conducteurs ».

Notons que la SNCF est actionnaire de Blablacar depuis le rachat de Ouibus par cette dernière. Une partie des juteux profits de l’entreprise, via le boom du covoiturage et du bus, va donc aller directement dans les poches… de la SNCF. C’est donc un coup double pour la SNCF qui va quand même pouvoir amortir l’impact de la grève d’un point de vue financier, mais qui se sert également de ces bus pour décourager les grévistes en leur montrant que la circulation des personnes est possible sans les agents SNCF.

La RATP n’est pas en reste puisqu’elle en partenariat avec plusieurs boites privées de transports, dont des moyens permettant de contourner la grève, comme Blablalines. Ces entreprises proposent d’ailleurs certaines réductions aux usagers de la RATP, en partenariat avec celle-ci, comme l’explique sur BFM Business, Nicolas Brusson.

Des procédés de briseurs de grève à peine voilés.


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