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Du haut de son sommet…

Flicage des chômeurs : sur ses skis, Macron confirme la réduction de 50% des indemnités

Ce n’est pas la première fois qu’une révélation du « Canard Enchainé » vient perturber l’agenda politique présidentiel. Et c’est depuis la station de ski enneigée de La Mongie, dans les Pyrénées, qu’Emmanuel Macron, en vacances, a confirmé le contenu de la note confidentielle du ministère du Travail révélée par le Palmipède. Au plus grand bonheur de Pierre Gattaz, celle-ci préconise un renforcement du contrôle des chômeurs et la réduction de 50% des indemnités en cas de non-respect de ce contrôle.

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Photo : Purepeople Bestimage

Les rêves du président du Medef, Pierre Gattaz, sont en passe de devenir réalité. Celui qui préconisait la mise en place d’un contrôle journalier des chômeurs par Pôle Emploi, il y a quelques mois, a été clairement entendu par le gouvernement. Selon la note confidentielle du ministère du Travail publiée ce mercredi par le Canard Enchaîné, le gouvernement prévoit de renforcer les contrôles des chômeurs inscrits à Pôle Emploi et les sanctions qui s’y accolent : une recherche « insuffisante » d’emploi (adossée à la rédaction d’un bilan mensuel) , un refus de formation ou un refus de deux offres d’emplois entraîneraient une réduction des allocations chômage de 50% pendant deux mois, puis, en cas de récidive, leur suppression pure et simple pendant deux mois.

« Moi, Daniel Blake »

Depuis la station de ski de La Mongie dans les Pyrénées, où il passe ses vacances, le président Macron, en tenue de ski, interrogé au micro de LCI ne s’est pas dégonflé : « c’est normal. Il n’y a rien de choquant. Tous les pays qui nous entourent le font et je crois qu’il y a un consensus autour de cela » a-t-il assuré, flocons dans les cheveux. Pas sûr que la communication présidentielle ait été aussi bien rôdée qu’à l’habitude… Le film de Ken Loach « Moi, Daniel Blake » récompensé de la palme d’or du festival de Cannes en 2016 et qui suit l’enfer administratif d’un chômeur britannique dans l’incapacité de travailler et de toucher ses indemnités est encore dans les esprits. Alexis Corbière, député de la France Insoumise, ne s’y est pas trompé en l’évoquant et en taxant le gouvernement de faire la confusion entre « la lutte contre le chômage avec la lutte contre les chômeurs ».

De la baisse des allocations chômage à la baisse des salaires

Emmanuel Macron n’a pas les idées de son âge. Les présupposés économiques qui soutiennent des mesures en faveur du renforcement du contrôle des chômeurs sont vieux de deux siècles : le chômage ne serait pas lié à une insuffisance de l’emploi, entretenue par le capital, mais bien à la responsabilité du chômeur lui-même. Cet angle de vue est à proprement parler une vision patronale : elle légitime l’abaissement des indemnités – et donc des cotisations sociales qui sont une composantes du salaire –, dans l’objectif de faire accepter l’emploi, y compris dans des conditions et avec un salaire dégradés. Autrement dit, la baisse des indemnités chômage qui sont pourtant financées par les travailleurs eux-mêmes comme une partie de leur salaire, sont le préambule à une baisse des salaires en tant que tels. Pour le député LREM, Sylvain Maillard, cette mécanique des « droits et des devoirs » des chômeurs est très claire : d’un côté le chômeur a le droit de voir une partie de son salaire mutualisé dans les allocations chômage être réduit voire disparaitre ; de l’autre, il a le devoir d’accepter toute forme d’emploi au rabais, au salaire qui est fixé par le marché, autrement dit, par le patronat.

Faire baisser les chiffres du chômage ?

Malgré le retentissement qu’a provoqué la publication de cette note, ce mercredi, le renforcement du contrôle des chômeurs, en France, n’est pas nouveau. Actuellement, Pôle Emploi peut réduire de 20% les allocations des chômeurs qui ne « cherchent pas suffisamment ». Et sous François Hollande, en 2015, 200 « super-contrôleurs » avaient été mis en place par Pôle Emploi pour fliquer les chômeurs dans leurs recherches d’emploi, avec entretien téléphonique et en face à face à la clef. Le cas échéant, la procédure de radiation se met en place d’abord sur deux semaines puis sur la longue durée.

Mais, mauvaise nouvelle pour le gouvernement, d’après une étude du dispositif du contrôle des chômeurs mis en place il y a un an et demi, son efficacité est très discutable. Les bataillons de « profiteurs » sont loin d’être légions. Selon l’étude de Pôle Emploi parue cet automne, seuls 14% des cas contrôlés ne remplissaient pas les conditions de recherche d’emploi et ont été radiés, dont 10% qui ne touchaient pas d’indemnités. Avec de si mauvais résultats – et un chômage qui malgré toutes les prévisions du gouvernement n’a pas connu de baisse notable depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron en dépit de l’embellie économie que l’on nous fait miroiter et les promesses de baisse du nombre de demandeurs d’emploi réitérées par l’Elysée – le gouvernement convient d’une autre stratégie : renforcer les critères de contrôles – comme le suggère cette note qui veut les systématiser - pour pouvoir radier plus. Une bonne manière de faire disparaître les chômeurs des statistiques officielles.

Baisse des indemnités et des cotisations sociales, baisse des salaires, baisse – statistique – des chiffres du chômage, c’est le pactole royal contenu dans cette mesure pour le patronat et le gouvernement à sa botte. On voit bien que la soi-disant « universalisation » de l’assurance chômage que vend le gouvernement et sur lequel les syndicats sont actuellement en train de plancher avec la ministre du Travail n’est que l’appendice d’une assurance chômage au rabais, minimale et bientôt supprimée. La dessus les syndicats n’ont rien à négocier et tout à opposer, dans la rue, aux côtés des travailleurs qui voient, jour après jour, leurs droits et leurs acquis dégommés.


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