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Etat complice des constructeurs

Face à la détresse des GM&S, Bruno le Maire tente de mener en bateau les salariés

Alors que près de 120 salariés de GM&S bloquent actuellement le site de Renault Villeroy, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, est allé visiter l’usine de la Souterraine, qui pourrait être placée en liquidation prochainement. Une manœuvre politique pour mener encore une fois en bateau les salariés.

Arthur Fontane

19 juillet 2017

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Parmi les salariés présents sur le blocage de Renault Villeroy, peu d’entre eux attendaient quoique ce soit de la visite de Bruno Le Maire dans leur usine de la Souterraine. Cette visite était déjà assez facile pour le ministre, qui a évité d’aller à la rencontre des salariés les plus déterminés qui bloquent le site de Renault dans l’Yonne, préférant aller voir les autres salariés. De fait, à la Souterraine, aucun représentant syndical n’était présent. Une occasion pour le gouvernement de tenter de se placer comme le sauveur de l’entreprise, ou, si l’entreprise est liquidée, de se dédouaner de toute responsabilité. « Depuis notre intervention, nous avons trouvé un repreneur sérieux, nous avons convaincu les constructeurs de réinvestir sur ce site qu’ils avaient décidé d’abandonner, et je veux les féliciter de leur sens des responsabilités. Nous nous sommes battus pour trouver une solution, aujourd’hui nous en avons une. Je préfère avoir un repreneur sérieux avec un projet raisonnable que vendre des mensonges et des illusions » a expliqué le ministre aux salariés. Cependant, derrière ces mots, la réalité est toute autre : ce n’est ni l’intervention de l’Etat qui a permis de trouver un repreneur, ni le « combat » mené par le gouvernement ; c’est bien la grève et l’occupation de l’usine par les salariés, couplées aux nombreuses actions qu’ils ont menés sur le terrain de la lutte. Si Bruno Le Maire tente d’effacer cette réalité, c’est bien parce qu’il cherche à faire oublier la façon dont les salariés se sont battus pour leurs emplois. Un « exemple » qu’il souhaiterait ne pas revoir de sitôt.

Le ministre était aussi venu faire passer un autre message : si la reprise n’a pas lieu, l’Etat ne sera pas responsable. Cependant, ce message est difficile à entendre pour les salariés : l’Etat possède 20% du capital de Renault et 14% du capital de PSA. Toute décision d’un des deux constructeurs est donc partiellement de sa faute. De surcroit, il aura fallu attendre la manifestation du 16 mai à la Souterraine, qui avait rassemblé 2500 personne, pour que l’Etat commence à se préoccuper de l’affaire. Pourtant, cela fait des mois que l’usine est dans une situation de menace de liquidation. Face à ces scènes de théâtres de l’exécutif, certains salariés n’ont pas hésité à exprimer leur colère, parfois avec beaucoup d’émotions : « arrêtez de nous prendre pour des cons ! » lui lance un salarié qui lui rappelle que « 120 emplois c’est rien, Martineau peut faire plus ; derrière il y a des familles ! ».

Finalement, alors que les salariés sont toujours en lutte pour obtenir le plus de reprises d’emplois possible et une prime supra légale de licenciement pour ceux qui partiraient, Bruno Le Maire a aussi fait une « annonce » qui n’a convaincu personne : faire passer la prime de formation de 2500€ à 5000€. Une aberration pour des salariés qui sont déjà particulièrement formé et qui savent manier des machines nécessitant de hautes qualifications. Car si seulement 120 salariés sont repris, les 160 autres partiront avec 4 à 5 mois de salaire, malgré parfois plus de 30 ans d’ancienneté, le tout dans un département déjà sinistré. Si le ministre a tenté de faire illusion ce mercredi 19 juillet, la cinquantaine de salariés concluait sa visite beaucoup plus sceptique : « Tout ça pour ça ! » soupiraient, exaspérés, les ouvriers.


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