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Être livreur en pleine épidémie : le sacrifice des uns pour le profit des autres

Nombreux sont les cas illustrant les inégalités face à l’épidémie du Covid-19, et la crise sanitaire les accroit indéniablement. Parmi eux, celui des livreurs de repas des grandes plateformes en ligne interroge, quand ils doivent mettre leurs vies en danger pour aller livrer des pizzas.

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 Crédits : AFP/Archives - Daniel LEAL-OLIVAS 

Alors qu’Emmanuel Macron ne cesse de répéter lors de ses allocutions que nous sommes en état de guerre, parallèlement pourtant, son gouvernement continue de mettre en danger la vie de nombreux travailleurs, en permettant la continuité de la production non essentielle, dont la livraison de repas à domicile.

En effet, si les restaurants sont officiellement fermés depuis le 15 mars dernier car jugés non essentiels, la livraison de repas n’a jamais été stoppée, quand elle se révèle pourtant également très risquée, tant pour les clients que pour les livreurs. Ces derniers sont en première ligne dans cette crise sanitaire, contraints d’être au contact de nombreuses personnes et de nombreuses surfaces infectieuses comme les poignées de portes et ou les interphones, sans moyens de protection suffisants.

Totalement déconnecté de la réalité du terrain et soucieux de continuer à faire du profit, Deliveroo a proposé à ses employés de leur rembourser 25 euros de matériel de protection, alors que le pays fait face à une pénurie de masques et de gel hydroalcooliques dans les hôpitaux. Cette annonce de la firme est d’un cynisme effarant, quand les soignants déplorent tous les jours leur pénurie et fait résonner un amère écho, quand de nombreuses entreprises en vue du profit, utilisent ces masques pour pratiquer des activités non essentielles. Une autre disposition se révèle insuffisante : la mise en place par ces entreprises d’une aide financière destinée aux livreurs atteints du covid-19, mais ce uniquement le temps de la suspension du compte, c’est-à-dire durant 14 jours.

Les livreurs, otages d’un statut d’auto-entrepreneur leur empêchant tout droit de retrait et de chômage, se voient donc contraints de mettre leurs vies en danger pour aller livrer des produits relevant plus du confort que de la nécessité. L’enseigne joue sur les besoins financiers des travailleurs précaires pour les inciter à venir travailler, même en pleine pandémie. Une nouvelle fois le besoin pour les travailleurs précaires d’un congé payé à cent pour cent se fait ressentir.

Depuis ses débuts, l’épidémie du covid-19 met en lumière l’importance des travailleurs et travailleuses dans le maintien du fonctionnement du pays, travaillant dans des conditions difficiles et sans aucune reconnaissance humaine et économique de leurs emplois. Pour autant, en autorisant le maintien de la production non essentielle, le gouvernement décide délibérément de sacrifier ces travailleurs mais aussi le personnel soignant d’hôpitaux déjà saturés, qui luttent avec des moyens tout à fait dérisoires face à l’ampleur de la crise sanitaire. La liberté offerte par l’État aux entreprises d’obliger ses employés à travailler tout en étant incapable de leur assurer un environnement de travail sûr, relève d’un mépris délibéré pour la santé et la vie des travailleurs et d’une politique criminelle.

Contre la propagation de l’épidémie et pour la protection de tous, il est donc plus que jamais nécessaire d’exiger du gouvernement l’arrêt immédiat de la production non essentielle. A l’heure où patrons et gouvernement travaillent main dans la main, faisant primer l’intérêt économique, à la lutte contre la pandémie. La semaine prochaine, les soignants n’auront toujours pas de masques, la population ne sera toujours pas dépistée. Mais elle pourra commander des repas en ligne, au péril de la vie d’autres travailleurs.


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