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Bataille des retraites

Énergie, transports, pétrole, éducation nationale... quels secteurs appellent à la grève le 19 janvier ?

Depuis l’annonce par l’intersyndicale d’une première date de grève et de mobilisation le 19 janvier pour s’opposer à la réforme des retraites, de nombreux secteurs annoncent tour à tour qu’ils rentrent dans la bataille. Suivez en direct la liste.

Erell Bleuen

16 janvier 2023

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Actualisé le 16 janvier à 16h30 avec l’ajout de la culture.

Depuis l’annonce de la réforme des retraites par Elisabeth Borne mardi, à laquelle l’intersyndicale a répondu par un appel à la grève et à la mobilisation le jeudi 19 janvier, de nombreux secteurs annoncent tour à tour entrer dans la bataille pour le retrait de la réforme. Entre les annonces d’une « grève puissante » chez les cheminots, et l’appel à construire une grève reconductible pour la CGT pétrole et la CGT énergie, le mouvement qui s’annonce pourrait bien se durcir dans la période à venir.

Un appel à monter crescendo jusqu’à la grève reconductible chez les raffineurs

Il y a quelques semaines encore, les raffineurs entamaient un mouvement de grève reconductible pour leurs salaires, qui avaient pratiquement asséché les stations-services du pays en octobre dernier. Face à la nouvelle réforme du gouvernement les syndicats CGT du pétrole ont commencé à esquisser un plan de bataille. Dans un communiqué, la FNIC appelle à suivre la grève du 19 janvier impulsée par l’intersyndicale, puis de monter crescendo le 26 janvier, avec 48h de grève, puis 72h le 06 février, « date à laquelle il sera proposé aux salariés la grève reconductible ».

Selon nos informations, au-delà des six raffineries des groupes ExxonMobil et Total, les syndicats de la CIM (l’entreprise qui gère l’entrée des produits pétroliers sur le port du Havre) seraient eux aussi prêts à suivre cet appel. Du côté des avitailleurs, notamment à la SASCA (qui gère le ravitaillement des avions sur plusieurs aéroports), des actions se prépareraient d’ores et déjà sur les aéroports de Bordeaux, Toulouse et Montpellier.

Dans l’énergie, la fédération CGT envisage à son tour la reconductible

Du côté de l’énergie, c’est le même état d’esprit qui règne. Dans un communiqué publié ce vendredi, la Fédération Mines Energie de la CGT (FNME-CGT) explique que « la reconduction dans nos entreprises n’est plus une question » et qu’elle prépare d’ores et déjà des actions sur les centrales nucléaires et plus largement tout le réseau électrique français. Celle-ci précise que les syndicats « ne s’interdiront rien dans cette lutte sans doute historique ».

Alors que les salariés d’EDF étaient eux aussi déjà mobilisés en octobre dernier, la colère qui règne dans le secteur est encore plus large aujourd’hui. Mobilisés contre l’allongement de l’âge de départ légal, de l’augmentation de la durée de cotisations, l’annonce de la fin des régimes spéciaux est également perçue comme une insulte. Par ailleurs, l’instauration de la « clause du grand-père » ne semble pas être à même de réduire la mobilisation : « on sait que c’est uniquement pour limiter l’impact de la lutte, et dans cinq ans quand la caisse ne sera plus bénéficiaire, ils utiliseront ça pour nous faire passer au régime général » nous expliquait Charles Carlhant, élu CGT sur la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.

Dans les transports, « tout mettre en œuvre » pour construire « une grève puissante »

Les travailleurs de la RATP, qui avaient été le fer de lance du mouvement de grève reconductible de 2019, ont annoncé jeudi prendre part à la journée du 19 janvier. Dans un communiqué unitaire, la CGT, l’UNSA, FO, et la CFE-CGC dénonçaient la réforme prévue par le gouvernement dont « l’objectif est de faire payer aux travailleurs et aux retraités le coût des crises successives ». La manœuvre du gouvernement pour diviser les travailleurs en fonction des générations avec « la clause du grand-père » ne passe pas pour les syndicats, qui qualifient la réforme « inacceptable ».

Du côté de la SNCF, même son de cloche. L’ensemble des organisations syndicales, à savoir la CGT Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail et la CFDT Cheminots ont déposé un préavis de mercredi à 19 heures jusqu’à vendredi à 8 heures, se déclarant « prêtes à lancer la bataille nécessaire ». Elles appellent à « une grève puissante » et dénoncent une réforme qui « va frapper de plein fouet l’ensemble des cheminotes et des cheminots : celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, ceux qui exercent des métiers pénibles, pour lesquels l’allongement de la durée de des carrières rend le risque d’inaptitude plus fort, et dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population seront particulièrement touchés ».

Canal Telegram : @revolution_permanente

Une journée de grève qui s’annonce suivie dans l’Éducation nationale

Dans l’Éducation nationale, c’est également la colère qui prime. « La réforme des lycées professionnels et la réforme des retraites témoignent de l’avenir que Macron promet aux travailleurs et à la jeunesse » expliquait une enseignante en lycée pro à Révolution Permanente ce vendredi.

La FSU, qui appelait déjà à la mobilisation le 17 janvier contre la réforme des lycées professionnels, s’est joint à l’appel de l’intersyndicale qui regroupe CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU. Dans leur communiqué, les syndicats dénoncent une « obstination politique et idéologique, celle de faire porter sur les salariés, et non sur les plus riches, le financement de notre système de retraites ». Selon nos informations, dans certains établissements où ont été organisées des Assemblées Générales, les salariés réunis discutaient de la nécessité de dépasser les journées de grève isolées et de construire un mouvement reconductible. La mobilisation s’annonce d’ores et déjà très suivie : selon le Snuipp-FSU, il devrait y avoir 70% de grévistes dans les écoles primaires et maternelles. Un niveau de grévistes historique, comparable à la mobilisation du 5 décembre 2019.

Entre pénibilité et travail précaire, la grève du 19 janvier se prépare dans l’aérien

Dans un communiqué publié jeudi, SNPNC-FO, premier syndicat des stewards et des hôtesses, se joint à l’appel à la grève et à la manifestation du 19 janvier. Il dénonce notamment une « pénibilité́ de notre profession est bien trop souvent masquée et ignorée » dont le « projet de réforme est la preuve ».

A l’aéroport de Roissy, où la précarité règne en maître, les syndicalistes témoignaient à Révolution Permanente : « ce n’est pas en journée qu’on va les faire reculer. La RATP et la SNCF ne suffiront pas pour faire retirer la réforme : il faut que le privé s’y mette  ». Ce vendredi, en pleine préparation de la journée de grève du 19 janvier, entre diffusion de tracts dans les aérogares et assemblées générales de salariés, pour nombre d’entre eux une chose est claire : les journées de grèves isolées ne permettront pas de faire reculer le gouvernement. Concrètement, beaucoup de syndicalistes voient le blocage de l’aéroport comme la méthode à suivre : «  il faut que l’on bloque l’aéroport, manifester ne suffira pas  », nous expliquait un syndicaliste de Hop !, la filiale d’Air France.

Dans la fonction publique, les organisations syndicales dénoncent un choix de « régression sociale »

Fait rare dans le secteur, les huit organisations syndicales de la fonction publique (CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP) ont publié un communiqué commun dans lequel elles s’opposent à une réforme « injuste et inutile, qu’elles décrivent à juste titre une réforme qui « va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue ».

Selon BFMTV, un préavis de grève a été déposé pour les journées du 1er au 31 janvier, couvrant l’ensemble des salariés et agents des villes, départements, régions, établissements publics, métropoles, offices de l’habitat, services et entreprises de l’eau et de la thanatologie.

La Confédération Paysanne appelle elle aussi à la mobilisation

« Les paysannes, souvent avec des carrières incomplètes, ayant travaillé avec des sous-statuts voir sans être déclarées, seront fortement pénalisées ». Dans leur communiqué publié ce vendredi, la Confédération Paysanne appelle à rejoindre la mobilisation du 19 janvier, et dénonce l’impact qu’aura la réforme des retraites sur les paysans ainsi que « l’escroquerie à grande échelle » que représente l’annonce d’une pension minimum à 1200 euros : « les paysannes et paysans ont déjà vécu ces effets d’annonce suivis de grande déception ».

Appel à la grève et la mobilisation pour le personnel et les étudiants dans l’enseignement supérieur

Dans l’enseignement supérieur, où la précarité touche déjà les étudiants, les personnels et les enseignants, ce sont 23 organisations de l’enseignement supérieur qui ont signé un communiqué commun, qui s’adresse à « l’ensemble des personnels de l’ESR, titulaires ou non titulaires, les étudiants et les étudiantes, à s’engager, à se mettre en grève, et à participer aux manifestations et aux actions organisées partout sur le territoire ». Décriant une réforme « qui frappera de plein fouet les personnels de l’ESR et plus particulièrement les précaires » ainsi que les jeunes « qui connaissent un taux de chômage supérieur au double de la moyenne nationale ».

Dans le même temps, plusieurs établissements de l’enseignement supérieur, comme à l’EHESS, l’Université de Paris, ou encore la fac du Mirail, des Assemblées Générales ont ou vont avoir lieu pour préparer la mobilisation du 19 janvier et ses suites.

Théâtre, opéras, France Télévision...le secteur de la culture rejoint le mouvement

« L’art de la grève » dont avaient fait preuve les travailleurs de l’art et de la culture pendant le mouvement de grève de 2019 pourrait-il faire son retour en 2023 ? La CGT Spectacle a déposé un préavis de grève pour le 19 janvier qui concerne la Comédie Française, l’Opéra de Paris, l’Opéra de Rouen, Théâtre national de l’Opéra Comique tandis qu’un préavis de grève illimité a été dans plusieurs théâtres nationaux, comme celui de La Coline ou de Chaillot. De leur côté, les syndicats CGT, FO, CFDT de France Télévisions ont déposé un préavis de grève illimité.

La CGT Culture a quant à elle déposé un préavis de grève du 19 janvier au 31 janvier, dans lequel elle s’oppose au report de l’âge légal et à l’allongement de la durée de cotisations, et revendique entre autres « l’augmentation du point d’indice à hauteur de l’inflation (à indexer sur celle-ci) », ainsi qu’un « un plan ministériel et négocié de résorption de la précarité ; car la condition première pour bénéficier d’une retraite est d’avoir pu travailler ! ».


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