Crédits photo : EMMANUEL DUNAND / AFP
Alors que la Russie préparerait une offensive pour le printemps, ces deux derniers jours, Volodymyr Zelensky était en tournée en Europe pour visiter ses alliés. Première étape : le Royaume-Uni, où le président ukrainien a rencontré le roi et le Premier ministre britanniques. L’occasion pour Rishi Sunak de rappeler que les deux pays partageaient une « amitié indestructible ». Le président ukrainien a ensuite enchaîné : « Je vous demande, à vous et au monde — des mots simples mais pourtant très importants : des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté ». Le premier ministre britannique a répondu à cette demande en affirmant : « Nous ferons tout notre possible et notre impossible pour que le monde nous fournisse des avions modernes. »
Mercredi soir, c’est à l’Élysée que le président ukrainien était attendu. En amont, Zelensky avait accordé un entretien au Figaro dans lequel il expliquait à propos d’Emmanuel Macron : « Je crois qu’il a changé [...]. Après tout, c’est lui qui a ouvert la porte aux livraisons de chars. Il a aussi soutenu la candidature de l’Ukraine dans l’UE », après que le président de la république ait un temps appelé à ne pas « humilier la Russie ».
Finalement, face à son homologue français et à Olaf Scholz, le chancelier allemande, également invité, Zelensky a affirmé : « Plus tôt l’Ukraine obtient de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe et nous pourrons revenir à la paix en Europe », assurant à Scholz que ce choix était le « plus rationnel aujourd’hui », alors que le chancelier allemand avait hésité à envoyer des chars lourds à l’Ukraine. Une demande à laquelle Scholz n’a pas réellement répondu, lui affirmant en retour que l’UE soutiendrait l’Ukraine militairement « aussi longtemps que nécessaire ». Macron, lui, a promis de poursuivre « l’effort » de « livraisons de matériel de défense » et a expliqué « Nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine » « avec la détermination de l’accompagner vers la victoire et le rétablissement de ses droits légitimes ».
Ce jeudi, c’était au tour des députés européens d’écouter le discours de Zelensky. Ce dernier, invité à un sommet des chefs d’État et des gouvernements de l’UE, a été accueilli par la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, par les mots suivants : « Il s’agit d’un moment extraordinaire, en des temps extraordinaires. » Comme auprès de Rishi Sunak, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, Zelensky a réitéré sa demande : « Nous avons besoin d’artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d’avions de chasse modernes [...]. Merci d’en faire davantage. Nous devons aller plus vite que notre agresseur. »
La présidente du Parlement européen a soutenu sa demande, expliquant : « Désormais, les États doivent envisager, rapidement, comme prochaine étape, de fournir les systèmes à longue portée et les jets dont vous avez besoin pour protéger la liberté que trop de gens prenaient pour acquise », avant d’ajouter : « Notre réponse doit être proportionnelle à la menace, et la menace est existentielle [...]. Nous sommes avec vous aussi longtemps qu’il le faudra ». Elle conclue : « L’Ukraine est l’Europe, l’avenir de votre nation est dans l’UE. Nous savons le sacrifice que votre peuple a enduré pour l’Europe, et nous devons l’honorer non seulement par des mots mais aussi par des actes », « Lorsque le monde pense à l’Ukraine, il pense à des héros déjouant tous les pronostics, à David battant Goliath [...]. Des héros dont les noms seront évoqués pendant des générations. »
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a abondé dans le même sens, rappelant que les prochaines semaines seraient « décisives » pour l’issue de la guerre en Ukraine. Les présidents des différents groupes politiques au Parlement européen ont également appelé dans une déclaration commune les États membres à « accroître et à accélérer leur assistance militaire, à fournir le matériel militaire et les systèmes de défense nécessaire et à former les forces ukrainiennes. » . Et de conclure : (« nous réaffirmons que l’avenir de l’Ukraine est au sein de l’Union européenne et nous saluons les efforts considérables déployés par l’Ukraine pour atteindre les objectifs liés à son adhésion. »
La livraison de chars lourds à l’Ukraine avait déjà constitué un saut dans la surenchère militaire et le soutien des membres de l’OTAN à l’Ukraine. Si ces derniers venaient à accepter de livrer des avions de combat, cela constituerait un pas avant de plus dans l’escalade guerrière, dont les populations civiles sont les premières victimes. Dans tous les cas, cette surenchère guerrière ne servirait que les profits du patronat de l’industrie militaire et les intérêts géopolitiques des pays de l’OTAN.
Le cours belliciste actuel de l’OTAN en Ukraine pose de plus en plus le risque réel d’une confrontation directe avec la Russie. Zelensky se fait le porte-parole et instrument de cette politique agressive d’une partie de l’establishment des puissances impérialistes. Cette dynamique met en danger des millions de personnes non seulement en Ukraine et en Russie mais dans tout le continent. Le mouvement ouvrier doit se mobiliser pour mettre une fin immédiate à cette guerre réactionnaire.
