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En pleine pandémie, Sanofi distribue 4 milliards de dividendes

Alors que l’entreprise affichait récemment sa prétendue solidarité en versant 100 millions d’euros pour la lutte contre l’épidémie, elle a rappelé hier ses priorités en arrosant ses actionnaires de 4 milliards de dividendes, soit un montant 40 fois supérieur.

Samir Dehimi

29 avril 2020

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(Crédits : Philippe Wojazer)

Face à la pandémie, « tous » solidaires ?

 
En pleine période de catastrophe sanitaire on nous répète à n’en plus finir que nous devons être solidaires, que l’« union nationale » est au-dessus de tout afin de sauver l’économie. C’est dans ce contexte que M. Macron était favorable à une solidarité budgétaire européenne pour répondre à la crise. 

Cette solidarité, tant recherchée par M. Macron, ne s’est finalement avérée être qu’un plan budgétaire soutenu par l’Etat, c’est-à-dire par l’argent public, afin de permettre à l’économie de repartir. C’est ainsi que le 25 mars le gouvernement garantissait la coquette somme de 300 milliards d’euros pour, dit-on, soulager l’économie et éviter la faillite. Une « grande solidarité » capitaliste, qu’a résumée par une phrase admirable Bruno Le Maire :« quand on compte ses morts, on ne compte pas ses milliards » le 24 mars dernier dans La Croix.
 
Ces derniers mois, certaines grandes entreprises ont également cherché à se présenter comme « solidaires ». Au début du mois, Bernard Arnault a ainsi annoncé un don de plusieurs dizaines de millions d’euros à la Fondation des Hôpitaux de France. De même, le 20 avril, Sanofi annonçait un plan de « solidarité » de 100 millions d’euros pour soutenir la lutte contre l’épidémie. Un don qui, au regard de la réalité des profits et des dividendes de ces multinationales apparaissent comme de simples miettes…

L’hypocrisie de Sanofi

 
C’est ce qu’a rappelé avec force Sanofi qui vient d’octroyer la coquette somme de 4 milliards d’euros à ses actionnaires en temps de crise. Le journal Sud Ouest nous apprenait ainsi hier que « L’assemblée générale annuelle du groupe français Sanofi se tient ce mardi 28 avril. A l’ordre du jour figure notamment le versement prévu de près de 4 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires. »
 
Parmi les actionnaires qui en bénéficieront, nous retrouvons BlackRock cette multinationale américaine spécialisée dans la gestion d’actifs et très connue par les grévistes qui ont lutté contre la contre-réforme des retraites pour être un des acteurs qui a poussé afin de détruire nos retraites par répartition. Cette société vient ainsi de percevoir 200 millions d’euros, une goutte d’eau comparé aux 6000 milliards d’actifs qu’elle possède. La famille Bettencourt, propriétaire de l’Oréal, a de son côté reçue 120 millions d’euros.
 
De quoi rappeler ce que valent en comparaison les « dons » au titre de la solidarité nationale en période de pandémie. La CGT Sanofi a d’ailleurs réagi dans La Tribune le 27 avril : « en versant 3,95 milliards d’euros de dividendes, [Sanofi] va enrichir de centaines de millions quelques dizaines d’actionnairesqui font leurs fortunes grâce à la spéculation », tandis que « ce sont des milliards de personnes qui attendent des traitements urgents, et pas que pour le Covid-19 ».

Des dividendes d’autant plus problématiques en temps de crise que Sanofi bénéficie largement d’aides de l’Etat via le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) à hauteur de 1.5 milliards depuis 2008 comme le rappelait bien la CGT SNTRS dans un article du 1er juillet 2019. Une situation qui n’a pas empêché l’entreprise de drastiquement licencier précise le syndicat : « en 10 ans les effectifs de R&D de Sanofi en France sont passés de 6300 à 3800, on enregistre une baisse de 12,5% pour le groupe entre 2014 et 2017. Et cela continue, la Direction vient d’annoncer 300 suppressions d’emplois en R&D en France auxquelles s’ajoutent 166 en Allemagne. »
 
Or si, comme le rappelle le Club des Juristes, Bruno Le Maire avait expliqué le 27 mars 2020 que « les entreprises ayant bénéficié d’aides de l’État ne pourront pas distribuer de dividendes à leurs actionnaires cette année, sous peine de devoir rembourser lesdites aides et payer des pénalités. » cette mesure se limitait aux entreprises ayant bénéficié d’aides « dans le cadre des mesures pour lutter contre les conséquences de la pandémie Covid-19 ».
 
Sanofi peut donc tranquillement verses ses dividendes, d’autant que le groupe pharmaceutique peut espérer voir ses bénéfices exploser « grâce » à la pandémie même. Mais, si aujourd’hui Sanofi, par charité capitaliste, se vante d’avoir verser 100 millions d’euros en guise de solidarité, n’oublions pas que d’un autre coté elle a perçu 15 fois plus de l’Etat en dix ans, et qu’elle n’hésite pas à en verser quarante fois plus à ses actionnaires !
 
Un nouvel exemple qui souligne les faux-semblants de la solidarité des capitalistes, et l’indécence dont ils n’hésitent pas à faire preuve même en période de pandémie. A la veille d’une crise économique d’ampleur face à laquelle les directions d’entreprises prévoient des licenciements massifs comme c’est déjà le cas chez Boeing, il s’agit de se rappeler de cette situation et de lutter pour refuser que les travailleurs ne paient la crise !


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