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IVG

En Argentine, la lutte pour l’IVG est toujours dans les rues

Face au changement de gouvernement en décembre 2019, et à la promesse de l’actuel président de présenter un nouveau projet de loi échappant à celui qui a été systématiquement repoussé depuis 2007, les femmes descendent à nouveau dans la rue le 19 février pour demander l’approbation du projet présenté par la Campagne nationale pour le droit à l’avortement. La manifestation aura un écho sur la place de la République à Paris.

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La lutte pour la légalisation de l’avortement en Argentine, qui remonte à plusieurs décennies, a gagné en force et en détermination ces dernières années. Le premier projet de loi concernant l’IVG, élaboré par la campagne nationale pour un avortement légal, sûr et gratuit a été présenté par la première fois en 2007. Mais au bout de deux ans, il a perdu son statut parlementaire. Il a donc été présenté cinq fois de plus, étant systématiquement repoussé par les gouvernements kirchneristes, qui ont refusé toute forme de débat.

Mais grâce à la lutte et à la croissance incessante du mouvement féministe, les gouvernements du pays du pape n’ont plus pu ignorer la revendication pour le droit à décider. Ainsi, à la mi-2018, onze ans après sa première présentation, le projet de loi a été traité au parlement, étant approuvé par la chambre des députés, mais rejeté par le Sénat.

Face à ce refus, le 28 mai 2019, Journée internationale d’action pour la santé des femmes, le projet de loi a été présenté au Parlement pour la huitième fois et attend actuellement d’être traité dans les commissions correspondantes.

Alberto Fernandez en Europe : une promesse prudente et timide de légaliser l’avortement

Mais la situation semble plutôt sombre : les élections de décembre 2019, qui ont mis Alberto Fernandez à la tête du pays, ont montré qu’un grand nombre des législateurs qui ont mené la guerre contre les femmes pendant le débat pour l’IVG en 2018, occupent à nouveau ces mêmes sièges, ou exercent de nouvelles fonctions au sein des gouvernements nationaux et provinciaux.

Dans ce contexte, en quête de soutien pour ses tentatives de renégociation des échéances de la dette illégitime avec le FMI, le Alberto Fernández a effectué une tournée en Europe pour rencontrer les principaux dirigeants politiques de la région. Et lors d’une conférence à Sciences Po à Paris, le président argentin a déclaré que lorsque la session ordinaire du Congrès rouvrira, son gouvernement enverra une proposition propre à débattre au Parlement.

Le problème de cette initiative, qui a reçu beaucoup d’applaudissements et d’approbation à Paris, est qu’elle ignore entièrement le projet qui attend d’être traité au Parlement, de même qu’elle néglige le combat inlassable des femmes pour ce droit fondamental. Elle oublie des dizaines d’années de lutte et l’énorme marée verte qui a conduit le débat dans les secteurs les plus impensables d’Argentine.

Les alliances du gouvernement, incompatibles avec les droits des femmes

Les droits et libertés que l’État doit garantir à tous, tels que la libre contraception, l’éducation sexuelle complète et l’avortement légal, trouvent dans l’ingérence des Églises et le pouvoir qui leur est donné sur les politiques publiques, un obstacle insurmontable.

C’est pourquoi seul le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT) maintient dans son programme, comme il l’a fait dans sa plateforme électorale, la demande de séparation immédiate de l’Église de l’État, la demande de légalisation de l’IVG et le soutien absolu au projet de la Campagne National pour le Droit à l’avortement, qui regroupe plus de 700 organisations et maintient une validité incontestable. Il n’y a pas de temps à perdre et ni agenda à revoir.

Dans ce cadre, les militantes féministes socialistes révolutionnaires du courant international Pan y Rosas jouent un rôle fondamental, développant la lutte pour un mouvement des femmes anticapitaliste et lutte des classes, qui se bat pour conquérir tous les droits des femmes avec une mobilisation indépendante, mais aussi pour une société libérée de toutes les formes d’exploitation et d’oppression.

La vie des femmes n’est pas négociable

Pour que plus aucune femme ne meure d’un avortement clandestin, pour garantir l’éducation sexuelle, la gratuité de la contraception et le droit de décider, l’interruption volontaire de grossesse doit être légalisée et non simplement dépénalisée : c’est ce que propose le projet présenté depuis 2007 par la Campagne nationale pour le droit à l’avortement avec un large soutien social.

Contrairement à la simple dépénalisation, ou « semi-légalisation », le projet qui attend d’être traité au Parlement reconnaît le droit de toutes les personnes ayant la capacité de devenir enceintes, indépendamment de leur âge, de leur nationalité, de leur orientation ou de leur identité sexuelle, d’avoir accès à cette pratique de leur propre initiative. En outre, il propose l’inclusion de l’IVG dans le Plan médical obligatoire et dans l’ensemble du système de santé.

Le projet de la campagne n’envisage pas non plus l’objection de conscience, autre revendication des secteurs anti-droits, car il consacre cette pratique « comme un droit dont l’exercice ne peut être refusé ou violé en raison de croyances ou de positions personnelles, religieuses ou morales ». Selon l’initiative du mouvement féministe, l’avortement doit être pratiqué dans les cinq jours suivant la demande, étant pour le consentement de la personne enceinte la seule exigence.

Le 19 février, avec un nouveau « pañuelazo » en Argentine, dont l’écho se fera également sentir à Paris, la Campagne nationale pour le droit à l’avortement relancera sa revendication dans les rues. C’est là que le mouvement des femmes est mis au défi de multiplier ses forces pour donner un message fort et demander l’approbation de son projet, la Campagne nationale pour l’avortement légal, et insister sur le fait que la création d’un nouveau projet mené par l’Exécutif ne vise, une fois de plus, qu’à réduire nos droits.

Crédits photo : Juan Mabromata / AFP


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