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Parlement européen

Elections européennes : quels enjeux dans l’Etat Espagnol ?

Dans l’Etat espagnol, le match le plus important s’est déroulée le 28 avril, avec la victoire des sociaux-démocrates de Pedro Sánchez. La campagne pour le 26 mai apparait ainsi comme une continuation des élections générales.

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Dans le cadre des élections européennes, Révolution Permanente publiera une série d’articles sur les enjeux politiques au niveau national dans plusieurs pays. Ci-dessous nous publions l’article que Josefina L. Martinez, de La Izquierda Diario Espagne, qui fait partie du même réseau international que notre quotidien, a écrit sur les enjeux de l’élection dans l’Etat Espagnol.

Les sondages indiquent un scénario similaire à celui des élections générales, avec un avantage donné aux sociaux-démocrates du PSOE, une accentuation de la chute du Partido Popular et l’entrée de l’extrême-droite de VOX pour la première fois au Parlement européen.

Le Centre de recherches sociologiques de Madrid (CIS) a récemment publié une enquête sur les intentions de vote aux élections du 26 mai dans l’Etat Espagnol. En plus des députés européens, le pays devra élire les représentants des municipalités et des autonomies.

Dans de multiples pays, les Européennes s’annoncent comme un indicateur anticipant les tendances politiques nationales. En Italie, elles permettront de mesurer à quel point l’avancée de la Ligue du Nord de Salvini se fait au détriment du Mouvement 5 étoiles. En France, elles s’annoncent comme un test pour Macron, en pleine chute de popularité, et pourraient donner à Marine Le Pen un avantage important. Merkel s’interroge quant à elle sur l’avancée de l’extrême-droite d’Alternative pour l’Allemagne (AfD), et sur le score que réalisera son propre parti après l’annonce qu’elle ne se représenterait pas en tant que Chancelière. Plongé dans le traumatisme du Brexit, le Royaume-Uni se retrouve quant à lui dans la situation absurde de devoir participer aux élections au Parlement européen (Theresa May a annoncé la date des élections au 23 mai). Le gouvernement essayera d’arriver à un accord afin que les députés élus n’assument pas leurs fonctions, mais la crise ouverte de l’autre côté de la Manche demeure irrésolue.

Au contraire, dans l’Etat espagnol, le match le plus important s’est déroulée le 28 avril, avec la victoire des sociaux-démocrates de Pedro Sánchez. La campagne pour le 26 mai apparait ainsi comme une continuation des élections générales, alors que le pays est toujours dans l’attente de la formation d’une coalition gouvernementale. Bien que les « socialistes » néolibéraux du PSOE affirment qu’ils chercheront à gouverner seuls, Unidas Podemos persiste à faire pression pour un gouvernement de coalition. Selon l’enquête du CIS, les socialistes devraient réunir 29 à 31% des voix, soit un total de 17 ou 18 sièges à Strasbourg, surpassant leurs 14 sièges actuels. Le PP pourrait passer de 16 à 12 sièges, et Unidas Podemos pourrait se retrouver avec 8 députés, soit l’équivalent des sièges de Podemos et Izquierda Unida à l’heure actuelle.

La candidature de Lliures per Europa, dirigée par Carles Puigdemont, exilé en Belgique depuis l’automne catalan, concentre quant à elle l’attention internationale dans ces élections. Alors que plusieurs de ses anciens compagnons du Parlement catalan sont toujours en détention provisoire, Puigdemont a de fortes chances d’être élu au Parlement européen. Il est accompagné sur sa liste de deux autres exilés poursuivis par la justice espagnole : Toni Comín et Clara Ponsatí. Dans une vidéo de campagne, les trois candidats demandent du soutien aux prochaines élections et déclarent : "A tous ceux qui veulent nous faire taire, qui nous veulent vaincus, emprisonnés et oubliés, disons clairement ce 26 mai en Catalogne et en Europe que nous ne nous rendrons pas et que nous gagnerons".

La Commission électorale espagnole a tenté d’empêcher sa candidature, en réponse à une demande du PP et de Ciudadanos, avant que le Bureau du Procureur général ne réaffirme le droit des trois candidats à se présenter, position qui a également été ratifiée par le Tribunal Constitutionnel. Puigdemont allègue que, s’il est élu au Parlement européen, il jouira de l’immunité et ne pourra être détenu en Espagne. Cela reste à voir, mais il s’agira sans aucun doute d’un élément de plus dans l’affaire complexe du conflit catalan.

Enfin, VOX entrera pour la première fois au Parlement européen avec environ 4 sièges, rejoignant le bloc des partis populistes d’extrême-droite et xénophobes, qui dans ces élections pourraient atteindre 20% à 25% des sièges, avec un discours de haine, de racisme et d’euroscepticisme.

Ni l’extrême droite, ni l’Europe du capital et des frontières

Les candidats du PSOE, du PP et des citoyens sont totalement alignés sur Bruxelles et l’Europe du capital. Le candidat socialiste, Josep Borrell, a déjà été président du Parlement européen entre 2004 et 2007. La défense des politiques austéritaires et liberticides de Bruxelles, la politique étrangère impérialiste comme celle menée à l’encontre du Venezuela et l’augmentation de la xénophobie institutionnelle sont des éléments partagés par l’ensemble du spectre politique espagnol, de la droite aux "progressistes" néolibéraux du PSOE.

Alors que des milliers de migrants continuent de mourir chaque année en Méditerranée, la gouvernance de l’UE et les gouvernements impérialistes renforcent les barrières, les murs et les forces de police pour empêcher le passage ou réprimer les millions de migrants qui vivent déjà dans l’UE, les "colonisés internes", avec la menace pesante de déportation. Les États encouragent ainsi les discours racistes et xénophobes sur lesquels l’extrême-droite s’élève.

De la Grèce au Portugal, le néo-réformisme ne passe pas le test

La candidature Unidas Podemos cambiar Europa regroupe Podemos, Izquierda Unida, Catalunya en Comú et Anticapitalistas. María Eugenia Rodríguez Palop, professeure d’université, a été nommé tête de liste en remplacement de Pablo Bustinduy, après que celui-ci ait quitté ses fonctions en raison de ses affinités avec Errejón, au milieu de la grave crise interne du parti de Pablo Iglesias.

Unidas Podemos se présente comme une alternative au "néolibéralisme et au néofascisme" dans l’Union européenne et dénonce les accords entre le groupe socialiste et le groupe des conservateurs au Parlement européen, qui ont permis d’appliquer les principales politiques néolibérales. Cependant, en même temps qu’ils dénoncent le PSOE au Parlement européen, ils encouragent un gouvernement commun avec celui-ci dans l’État espagnol. Une situation à l’image de celle du Bloc de Gauche et du Parti Communiste au Portugal, qui soutiennent depuis quatre ans le gouvernement socialiste du Costa qui a maintenu les contre-réformes du code du travail et les privatisations.

Depuis l’échec retentissant de Syriza, devenu l’un des principaux agents des politiques de la Troïka en Europe, la crise des projets néo-réformistes s’est aggravée. Il faut mettre de côté la rhétorique et parler clairement : du PSOE, il ne faut attendre aucune alternative aux politiques néolibérales, les partis sociaux-démocrates étant les principaux garants de l’ordre capitaliste de l’Europe du capital.

Face à la croissance de l’extrême-droite et aux néolibéraux pro-européens défenseurs des grandes multinationales, la seule issue possible est la lutte pour une alternative indépendante, qui contribue à construire une gauche internationaliste, révolutionnaire et de classe, avec un programme anticapitaliste et défendant la perspective stratégique des Etats-Unis socialistes d’Europe.

Traduit par Jade Marlen.


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Josefina L. Martínez

Historienne, correspondante IzquierdaDiario.es

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