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Leur démocratie

Election européenne : Quand l’anti-démocratisme crève l’écran

Le 26 mai prochain se tiendront les élections européennes, et la polémique enfle autour du « grand débat » sélectif en direct sur France 2, qui a écarté une poignée de candidat, 7 au total. Un « anti-démocratisme » qui crève l'écran, et qui n'est, en fin de compte, que la face émergée de l'iceberg.

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19 listes déposées, 12 invités. Et encore, France 2 n’avait convié que 9 têtes de listes avant de se voir contraint par le tribunal administratif de Paris d’inviter également Benoit Hamon (Génération.s), Florian Philippot (Les Patriotes) et François Asselineau (UPR) au premier débat télévisé en vue des élections européenne du 26 mai prochain. Si le conseil d’Etat a invalidé la décision du tribunal administratif quelques heures avant le débat, France 2 a choisi de maintenir ces douze invitations, sans doute pour éviter de faire enfler la polémique provoquée par cette sélection de candidats.

Il n’empêche que nous sommes encore loin du compte. Ainsi, la liste de Lutte Ouvrière et Nathalie Arthaud, le seul parti d’extrême-gauche historiquement présent aux européennes, a été écarté par France 2, avec la bénédiction de la justice et du CSA. Le référé déposé par Nathalie Arthaud au Tribunal administratif de Paris mardi dernier visant à remettre en cause cette décision de plus antidémocratiques a été rejeté par la justice et le Conseil d’Etat refusant de la juger. D’autres candidats souhaitant se présenter ont aussi été écartés de ce premier débat européen : Jean Lassalle (Résistons !), Dominique Bourg (Urgence Ecologie), Jérémy Clément (Ralliement d’initiative citoyenne), Patrick Cribouw (Union Jaune), Thierry-Paul Valette (Rassemblement des Gilets Jaunes), Christophe Chalençon (Evolution citoyenne). Mais si ce déni de démocratie crève l’écran, il n’est pourtant que la face émergée de l’iceberg.

Une montagne d’obstacles pour les « petits »

En effet, le simple fait de pouvoir déposer une liste aux élections européennes est un véritable parcours du combattant. Si, pour les présidentielles, il s’agit de récupérer les fameux 500 parrainages de maires et élus département et régionaux de 50 départements différents, le « critère » est bien plus cynique et explicite à la fois dans le cadre des européenne : La possibilité de se présenter dépend uniquement d’un critère financier.

Ainsi, le simple coût de l’impression des bulletins de votes s’élève à environ 1 million d’euros ! Un obstacle considérable et « non-esquivable » avec la nouvelle formule des élections, qui présente un scrutin national (auparavant, il était possible de présenter des listes par circonscriptions régionales, 8 au total pour la France). L’objectif affiché est ainsi limpide : Il s’agit d’empêcher les « petits partis » de pouvoir se présenter.

Mais il ne s’agit que d’un premier obstacle. En effet, le coût de la campagne n’est remboursé qu’aux listes atteignant les 3% des voix. L’effet est donc double pour les listes qui n’atteignent pas ce seuil : Non seulement les un million nécessaire à la présence effective de la liste, mais également l’ensemble des frais relevant de la campagne en elle-même (affiche, tract, location de salle pour les meetings, déplacements etc...) ne sont pas remboursés.

Dans un tel contexte, la plupart des formations politiques engagées dans les élections européennes, et dont les sondages les placent bien au-dessus de la barre des 3%, choisissent la voix de l’emprunt auprès des banques. Ces dernières, pour être sûre d’être remboursés et réaliser un juteux profit, soit dit en passant, directement remboursés par l’Etat, sont on ne peut plus pointilleuses sur les prêts. Ainsi, une formation telle que la France Insoumise s’est vue refusé des prêts par certaines banques. Autant dire que la démarche pour de « petit parti » n’est même pas de l’ordre de l’envisageable. Au final, le système, s’il est incapable de jugulé le nombre de liste comme officiellement annoncé, permet au plus riche de faire campagne gratuitement, et aux formations moins au premier plan de supporter l’ensemble des coûts d’une telle campagne.

Cette mécanique bien huilée a déjà permis d’éliminer certaines formations politiques. Le Nouveau Parti Anticapiliste, présent aux élections présidentielles avec la candidature de Philippe Poutou, n’a ainsi pas réussie à réunir les fonds nécessaires pour participer aux échéances européennes de mai prochain. Les 23 et 24 mars dernier, la direction du NPA, au sein de laquelle siège des camarades du Courant Communiste Révolutionnaire animant Révolution Permanente, a ainsi appelée à voter pour la liste de Lutte Ouvrière le 26 mai prochain.

Des contraintes financières aux choix des candidats présent à l’antenne « hors période d’équité », tout est ainsi fait pour « sélectionner » les voix entendues dans le cadre des élections européenne. Une image saisissante de la réalité de cette « démocratie », et ce dans un contexte ou toute contestation sociale est à la fois réprimé par la force et diabolisé dans les grands médias.


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