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43 morts à Gênes

Effondrement du Pont Morandi : ouverture d’une crise politique en Italie

L'effondrement du viaduc Morandi à Gênes le mardi 14 août, faisant 43 morts et plusieurs blessés, a ouvert une nouvelle crise politique en Italie, où gouvernement, entreprise privée et Union européenne se renvoient tour à tour la responsabilité de cette "catastrophe". Ce drame, au-delà de poser au grand jour la problématique de la défaillance des infrastructures italiennes, fragilise fortement le gouvernement.

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Crédit photo : LUCA ZENNARO / EPA/MAXPPP

L’effroi est national. Ce mardi 14 aout, ce sont plus de 200 mètres du pont autoroutier Morandi qui se sont écroulés, entrainant la chute de 35 voitures, plusieurs camions, et surtout la mort de 43 personnes. Cet évènement est loin d’être anodin, puisqu’il marque l’effondrement du cinquième pont italien en l’espace de cinq ans. La défaillance des infrastructures italiennes, que le viaduc autoroutier vient confirmer, est un sujet houleux pour les gouvernements successifs, qui se déchirent sur les réformes à adopter.

Mais le pont Morandi tombe d’autant plus mal pour le gouvernement d’extrême droite de Giuseppe Conte, formé par la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) lorsqu’on sait que les représentants de ce dernier ont construit leur parti sur une ligne anti-infrastructure. En effet, c’est autour de leur refus cinglant du projet "Gronda", visant à condamner le viaduc Morandi, que la clique du M5S s’est attirée des voix électorales.

En 2012, Paolo Putti, conseiller municipal du M5S, répondait au président des industriels de la Ligurie, inquiet de l’état des infrastructures italiennes : "Calvini affirme que le pont Morandi s’écroulera dans dix ans, mais il peut encore tenir cent ans". Un de ses collègues, en 2013, dénonçait quant à lui "la petite fable de l’effondrement du pont Morandi".

Si ces archives ont été effacées au plus vite par leurs auteurs, la colère des Italiens ne s’apaise pas. C’est donc en vain que le gouvernement a tenté une récupération populiste en organisant des funérailles nationales aux victimes, auxquelles ne sont allées que la moitié des familles concernées : "C’est l’Etat qui a provoqué cela, [que les dirigeants] ne se montrent pas. Le défilé des politiciens a été honteux".

Pris en tenailles, l’Etat cherche donc d’autres responsables que lui.

En première ligne, l’entreprise privée gestionnaire du viaduc, Autostrade, qui n’aurait pas pris les précautions nécessaires en termes de sécurité. Toujours est-il que ce ne serait pas étonnant si cela était avéré par les enquêtes en cours : partout où les infrastructures sont privatisées, les accidents prolifèrent car la rentabilité devient le mot d’ordre numéro 1 des gestionnaires. Cela se vérifie en Italie, mais aussi au Royaume-Uni, et bientôt en France où le pacte ferroviaire fonce droit vers la privatisation de la SNCF.

Et avec une chute en bourse de 25% de l’action de la société mère d’Autostrade suite à la catastrophe, cette situation n’est pas prête de s’améliorer.

Mais pour échapper à la crise politique, le gouvernement est toutefois prêt à faire de grandes concessions économiques : tel qu’envisagée par l’exécutif, la révocation totale et prématurée de l’entreprise comme gestionnaire de l’autoroute lui coûterait plusieurs milliards d’euros ! Une énième démonstration que les politiques austéritaires du gouvernement italien ne sont destinées qu’aux classes populaires : depuis la crise de 2008, plus de 10 millions de personnes, soit 10% de la population italienne, vivent sous le seuil de pauvreté absolue.

Enfin, c’est vers l’Union européenne que le gouvernement d’extrême-droite italien s’est tourné pour se dédouaner de cette catastrophe, accusant la Commission européenne de geler les investissements par ses politiques budgétaires d’austérité. Mais s’il est vrai que ces dernières, comme démontrées plus haut, sont criminelles, et ce d’autant plus pour les classes populaires, il revient au gouvernement italien la responsabilité d’avoir priorisé la défense des frontières dans le cadre de sa politique raciste anti-migratoire plutôt que la consolidation des infrastructures et transports italiens, pourtant défaillants depuis plusieurs années.

Ainsi, de ces trois protagonistes, aucun n’est irresponsable. Si face à cette crise ils ont tendance à se délimiter les uns des autres, ce sont pourtant leurs politiques libérales communes qui ont mené à la mort de ces 43 personnes. Pour éviter toute récupération, c’est donc ensemble qu’ils doivent être dénoncés.


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