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Lutte contre l'extrême droite

Dissolution de Bordeaux Nationaliste. Doit-on vraiment remercier Darmanin ?

Mercredi 1er février, le ministre de l’intérieur a annoncé la dissolution du groupuscule d’extrême-droite « Bordeaux Nationaliste ». À gauche, plusieurs secteurs s’en satisfont et vont même jusqu’à féliciter Darmanin. Pourtant, ni lui ni Macron ne sont des alliés dans la lutte contre l’extrême-droite.

Petra Lou


et Naël Franchitto

8 février 2023

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Mercredi 1er février, le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin a prononcé la dissolution du groupe identitaire « Bordeaux Nationaliste », selon les termes du décret présenté en Conseil des Ministres. Il présente Bordeaux Nationaliste comme [promouvant] « une idéologie xénophobe, appelant à la haine et à la violence » et dénonce leur l’implication dans des faits de violences récurrentes et de dégradations.

Ce groupuscule fascisant connu pour nombre de ses actions violentes était notamment à l’origine des jets de pavés sur la marche de Fiertés bordelaise en 2022, ainsi que des agressions racistes perpétrées dans le quartier Saint-Michel l’année dernière.

Cette dissolution répond aux députés de la France Insoumise qui, à la suite de l’attaque de la conférence de LFI à l’Université Bordeaux Montaigne par une vingtaine de militants d’extrême-droite, demandaient dans un communiqué à Darmanin « une réaction à la hauteur de cette attaque contre les groupuscules d’extrême-droite ». La mairie de Bordeaux salue et qualifie cette décision comme un « acte de responsabilité », tandis que certains secteurs de la gauche française y voient une victoire importante. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon est allé jusqu’à féliciter Darmanin dans un tweet suite à cette annonce.

Une dissolution hypocrite de la part du gouvernement

Même si à gauche comme l’extrême gauche, personne ne pleurera la disparition de Bordeaux Nationaliste, féliciter Darmanin et considérer la dissolution comme une « victoire » est problématique. En réalité, cette décision de Darmanin est totalement hypocrite et s’inscrit pleinement dans la stratégie menée par le ministre de l’Intérieur depuis son arrivée en 2020.

D’un côté, celui-ci joue sur le terrain de l’extrême-droite en poussant toujours plus loin l’offensive raciste et xénophobe, comme avec sa Loi Immigration, qui devrait être examinée courant avril. De l’autre, il se pose en adversaire des « extrêmes » et en garant de l’ordre, en n’hésitant pas à s’attaquer à certains groupuscules d’extrême-droite comme Génération Identitaire et maintenant Bordeaux Nationaliste.

Une politique qui lui permet de mieux légitimer par ailleurs les dissolutions ou les menaces qui visent des organisations de l’antiracisme, luttant contre l’islamophobie ou pro-palestiniennes, telles que le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF), l’association humanitaire « Barakacity » ou encore le collectif Palestine Vaincra.

En outre, cette décision de Darmanin est évidemment impuissante à lutter contre l’extrême-droite. Comme l’explique Libération : « Le mouvement néofasciste, dont Gérald Darmanin a annoncé mercredi l’interdiction, opère depuis plusieurs mois sous un autre avatar, qui n’est lui pas concerné par le décret de dissolution ». Dans le même sens, l’Organisation Offensive Antifasciste Bordeaux (OAB) questionne l’inefficacité de ces dissolutions dans un communiqué ce vendredi, expliquant que « Ces dissolutions débouchent bien trop régulièrement sur des reconstitutions », ajoutant qu’« à l’heure actuelle, ce combat n’est en rien terminé puisqu’un autre groupe s’est reformé sur les cendres de « Bordeaux Nationaliste » depuis l’été dernier, la « Bastide Bordelaise ». »

Face à l’extrême-droite, aucune confiance en l’État et son gouvernement : c’est à notre camp social de construire la riposte dans la rue !

A l’heure où le gouvernement reprend les thématiques et le vocabulaire de l’extrême-droite, il est évident que Darmanin ne peut être un allié contre l’extrême-droite. Loin d’être un point d’appui, les dissolutions de la main d’un gouvernement qui fait prospérer les idées racistes ne peuvent que laisser la porte ouverte à des offensives visant notre camp social et ses organisations.

En ce sens, c’est par nos luttes qu’il faudra mener le combat contre l’extrême-droite et ses idées réactionnaires. De ce point de vue, le mouvement massif qui a émergé contre la réforme des retraites en catalysant la colère de la population est une occasion importante de travailler à l’unité de notre classe en menant une bataille ouverte contre les idées racistes de l’extrême-droite et son projet politique pro-patronal.


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