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L'homme qui parlait de "réduire les inégalités"...

Deux démissions en deux jours pour Delevoye… à quand la démission du ministère ?

Suite à la polémique déclenchée par les révélations du Parisien, qui a mis en lumière que le haut-commissaire aux retraites avait « oublié » de signaler dans sa déclaration d’intérêts qu’il occupait un poste dans une compagnie d’assurances, Jean-Paul Delevoye est contraint de démissionner d’un deuxième emploi qu’il occupait au sein d’un institut privé cette fois, pour lequel il touchait l’équivalent de 5.300 € nets par mois. Un pas de plus dans l’indécence pour le gouvernement, qui défendait aujourd’hui encore l’ambition égalitaire et de « justice sociale » de la réforme des retraites.

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Crédit Photo : AFP/Dominique Paget

Contraint de quitter le poste qu’il occupait au sein de l’Institut de Formation de la Profession de l’Assurance depuis décembre 2016, Jean-Paul Delevoye multiplie les conflits d’intérêt et les entorses à la loi. Il y a moins de 48h, une première affaire, révélée par le Parisien, confirmait que l’architecte de la réforme des retraites, par-delà les beaux discours sur un système à points prétendument « plus juste » qu’un système par répartition, est bel et bien à la solde du monde des assurances et des investisseurs privés. Le journal révèle en effet que, parallèlement à sa fonction de haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye est membre du Conseil d’Administration de l’IFPASS. Or, le système à point est une manne pour le secteur : en obligeant les travailleurs à capitaliser plus longtemps des points dont la valeur est susceptible de largement fluctuer, il incite à souscrire des assurances privées et à entretenir des actionnaires pour pouvoir partir avant 64 ans ou se garantir une pension suffisante. Obligé de démissionner de l’IFPASS (mais pas son poste au ministère) suite à ce conflit d’intérêt flagrant, le haut-commissaire aux retraites a toutefois pu compter sur le soutient de certains députés LREM : oui, le ministre a oublié de déclarer cette fonction… mais en même temps, il n’aurait pas touché d’argent pour cela, car il exerçait cette fonction bénévolement.

Qu’on se rassure pour le haut-commissaire : le cumul des fonctions lui a permis de toucher de l’argent ailleurs. Sa déclaration d’intérêts à la Haute-Autorité à la Vie Publique (HATVP) révèle que depuis 2017, Jean-Paul Delevoye occupait la présidence du Think Tank Parallaxe, au sein du groupe IGS, spécialisé dans les écoles et centres de formation en France. Au sein de ce groupe, le futur ministre-délégué a pu encore renforcer ses liens avec le monde de l’entreprise et de l’actionnariat. Visant à faire “vivre et évaluer l’impact d’un nouveau modèle éducatif articulé autour des valeurs”, le Think Tank a accueilli au sein de ses membres Armelle Carminati-Rabasse, présidente de la commission innovation sociale et managériale du MEDEF, Yannick Morel, responsable des relations enseignement supérieur de l’Agence pour l’emploi des cadres (APEC), ou encore Bérangère Golliet, directrice transformation de Danone France. Peu de chances, donc, que les valeurs revendiquées par le Think Tank soient autre chose que celles du capitalisme, du patronat et de l’actionnariat, premiers bénéficiaires de la réforme des retraite.

Au-delà de ces accointance, les fonctions rémunérée de Jean-Paul Delevoye à la présidence de Parallaxe étaient non seulement incompatibles avec son nouveau poste au ministère (l’art . 23 de la Constitution interdit de cumuler la fonction de membres de gouvernement avec “tout emploi public ou toute activité professionnelle”,), mais elles lui ont en plus permis d’empocher la coquette somme de 64.420 euros en 2019 ! Il faut espérer que ces revenus seront comptabilisés lors du calcul de la retraite de M. Delevoye, aux côtés de son salaire de ministre délégué (10 135 € bruts par mois) et des pensions de retraite qu’il touchera au titre de ses anciennes fonctions de député et de sénateur et qu’il a choisi de se faire verser au titre du régime général !

Du point de vue de la transparence, de la justice sociale et de la « réduction des inégalités » par un système de retraite « plus juste », le haut-commissaire peut donc largement revoir sa copie. Delevoye a depuis longtemps choisi son camp, et au cœur d’un mouvement de grève historique contre des réformes qui travaillent à creuser toujours plus l’écart entre les plus riches et le reste de la population, ces éléments doivent nous inciter à demander toujours plus fort la démission du gouvernement et l’abandon de la réforme des retraites, mais aussi de toutes celles impulsées par un gouvernement qui ne vise qu’à défendre les intérêts des entreprises et de la classe à laquelle il appartient. Contre la réforme des retraites, mais aussi contre toutes celles qui visent à nous pousser toujours plus vers la précarité, continuons à nous organiser, et poursuivons la lutte !


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