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Des révoltes de 2005 à aujourd’hui : l’urgence d’un programme d’action pour les quartiers populaires

Les récents mouvements de révolte dans les quartiers populaires, conséquences d’un confinement autoritaire aggravant les conditions de vie et la répression déjà quotidienne, posent de nouveau avec clarté la nécessité pour les organisations d'extrême gauche de penser un programme en direction des habitants de ces quartiers. Revenir sur les événements de 2005 et l’absence de l’extrême gauche durant ces expériences, pour penser un programme à la hauteur de la situation est une tâche centrale des révolutionnaires d’aujourd’hui.

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A la suite de la seconde grande guerre et des vagues d’immigrations successives, la France puisant de la chair à canon et de la main d’œuvre dans les colonies d’alors, voit fleurir en périphérie des grande villes des zones d’habitations quasi exclusivement occupées par des personnes immigrées. Au cours du siècle dernier, ces quartiers populaires sont isolés du reste de la population et traités comme de véritables “semi-colonies” à l’intérieur de la métropole. Les habitations sont construites à la va-vite et donnent lieu à une insalubrité grandissante, les emplois sont majoritairement précaires et fournissent “les petites mains invisibles” du capital. La police fait un travail de répression quotidien, par des contrôles systématiques et des passages à tabac réguliers. De nombreux éclatements ont eu lieu dans les quartiers populaires contre ces conditions de vie et de répression, dont les événements de 2005 sont très caractéristiques. En ce sens, revenir sur ces révoltes et les mettre en perspective avec la période actuelle, doit nécessairement entraîner une prise de position des organisations du mouvement ouvrier envers cette frange de la population.

Embrasement des banlieues

2005 est une année de tension dans les quartiers. Dès le mois de janvier, une émeute éclate dans le quartier de la Goutte-d’Or à Paris (18e arrondissement), à la suite de graves blessures par balles causées par un fonctionnaire de police à un homme de 19 ans. Quelques mois plus tard, un jeune homme en scooter se tue en essayant d’échapper à une patrouille de la BAC, suscitant plusieurs jours de violences urbaines à Aubervilliers.
Le jeudi 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois, Zyed Benna, 17 ans et Bouna Traoré, 15 ans reviennent à pied du stade Marcel-Vincent de Livry-Gargan, où ils ont passé l’après-midi. En voyant une voiture de police s’arrêter et un policier descendre avec un pistolet flashball pointé sur eux, les jeunes prennent la fuite, ils ne veulent pas être en retard chez eux pour le repas de coupure du Ramadan, à 18 heures. Ils n’ont pas de papiers sur eux, les papiers étant conservés par leurs parents de part la difficulté qu’ils ont eu à les avoir. C’est alors que pour échapper à la BAC, ils se réfugient dans un transformateur EDF où ils mourront électrocutés. C’est leur troisième ami, Muhittin Altun, 17 ans qui, gravement brûlé par l’arc électrique, parviendra à regagner son quartier pour alerter la population.

La nouvelle du décès des deux jeunes dans des conditions atroces va provoquer une onde de choc dans le quartier où les jeunes se révoltent dans la nuit qui suit les événements en ciblant la police. Les révoltes locales s’accentuent le 28 octobre après les premières déclarations de Nicolas Sarkozy niant toute responsabilité de la police, s’atténuent dans la nuit du 29 au 30 octobre après une marche silencieuse des familles accompagnées de cinq cents habitants. Elles reprennent dans la nuit du 30 au 31 octobre 2005, après le lancer d’une grenade lacrymogène à l’entrée de la mosquée Bilal à Clichy où des dizaines de fidèles étaient réunis en période de ramadan. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, poursuivra sa série de déclaration cyniques en affirmant que la grenade aurait était lancée par des jeunes : “Il s’agit bien d’une grenade lacrymogène en dotation des compagnies d’intervention (...) ce qui ne veut pas dire que c’est un tir fait par un policier”. c’est alors que la révolte, principalement concentrée en région parisienne, va se répandre à travers tout l’hexagone.

C’est alors la première fois dans l’histoire contemporaine de la France, qu’une émeute perd son caractère local et s’étend à tout le territoire national. En deux jours, plus de 80 communes touchées en Île-de-France, la révolte s’étend à plus de 200 communes dans la France entière. Le 8 novembre, c’est l’État d’urgence, exceptionnel pour l’époque, qui sera déclaré et prolongé pour 3 mois. Du 27 octobre au 27 novembre, la révolte sera diffusée sur les écrans du monde entier, les banlieues françaises se sont révoltées, et font une irruption soudaine et violente sur la scène politique. Expression profonde d’une révolte, non seulement contre le manque de logements, d’emploi ou de moyens pour les services publics dans les quartiers comme le répètent les organisations politiques associatives réformistes. Les jeunes se révoltent face à un système, celui du contrôle au faciès, des fouilles au corps humiliantes et systématiques, du racisme d’Etat et des discrimination de tous les jours, partout et tout le temps, même lorsqu’il n’est pas manifeste. Les jeunes vont courageusement se révolter contre ce legs pourri plongeant au plus profond du capitalisme français, de son passé colonial et de son présent impérialiste où les banlieues constituent une sorte de semi-colonie interne de "citoyen-ne-s de seconde catégorie". L’oppression dont elles et ils souffrent n’est pas simplement double, en tant que prolétaires, avec ou sans travail, et d’étrangers, mais triple, en tant que prolétaires, étrangers ou d’origine étrangère mais de surcroît issus de cet Empire où le capitalisme français a plongé ses racines, tiré le sang qui en a fait et continue à en faire une puissance impérialiste.

Union sacrée de la classe politique et adaptation de la gauche

Le gouvernement de Chirac affaibli par les fortes mobilisations sociales, va se saisir de la situation pour se reconstituer une base sociale sur sa droite en réprimant durement ces mobilisations des quartiers populaires. Pour ce faire, il va faire appel à une union sacrée de la classe politique à laquelle tous les partis institutionnels vont se plier, de la droite la plus extrême au PCF. Un consensus va naître pour condamner la violence des émeutiers. Par exemple, Georges Tron, à l’époque Secrétaire national chargé de la fonction publique à l’UMP, considère qu’à ce stade, la révolte n’a plus aucun lien avec la mort des deux jeunes, tandis que Manuel Valls fera mention d’une violence de plus en plus dure et gratuite. Cependant, les organisations du mouvement ouvrier, à commencer par les grandes centrales syndicales, ainsi que l’extrême gauche, loin de tirer profit de cette situation pour la transformer en point de départ d’une nécessaire riposte ouvrière et populaire, ont laissé un boulevard au virage autoritaire du gouvernement après plus de trois semaines de révolte dans les banlieues et d’inaction de leur part. L’attitude du PCF a de nouveau confirmé l’orientation totalement adaptée à l’idéologie républicaine et réactionnaire de par son appel à la restauration de l’ordre républicain, dans le “respect et la fraternité”…

Le PCF a appelé à « opposer l’action démocratique et citoyenne à la violence auto-destructrice ». Pour ce faire il appelait à des réunions dans les préfectures, le bastion de l’arbitraire où les mandataires non-élus du gouvernement font appliquer la loi. Son organe de jeunesse a même réussi à se placer à droite de sa direction en soulignant que « les incivilités, la violence diffuse, sont l’apanage d’une minorité de personnes supposées délinquantes. »
Après « la violence hors de l’Histoire » en 1968, le parti Lutte ouvrière, collant de près à la ligne du PCF, développe un discours sur « la violence stérile » de 2005 considérant que la révolte serait menée par des jeunes sans « conscience sociale ».  

L’union sacrée de la gauche institutionnelle à l’Etat Francais et l’adaptation de plusieurs courants de l’extrême gauche s’est illustrée par la journée d’action convoquée par la CGT Val de Marne deux jours après le début des révoltes qui restait sur la ligne de « défense des services publics ». En restant à l’extérieur du tête à tête entre les matraques, les grenades lacrymogènes et les lois d’exceptions et les populations et les jeunes de banlieue, ces organisations, notamment les plus importantes, ont compromis les chances d’une contre-offensive sociale massive et d’ampleur contre toutes les attaques que le gouvernement Villepin a démultiplié.

Une isolation de la contestation qui a permis une répression sans précédents

Durant tout le mois de novembre 2005, isoler le mouvement à été le mot d’ordre du gouvernement pour empêcher son extension territoriale, mais avant tout, sociale. En considérant sous couvert d’un discours plus ou moins ouvertement raciste et néocolonial, ou à l’inverse paternaliste et ouvriériste, les événements de novembre 2005 comme un trop plein de violence stérile, les analystes de gauche comme de droite ne poursuivaient qu’un seul but, nier leur caractère éminemment politique. Le confinement de la contestation a permis au gouvernement de durement réprimer la mobilisation en implémentant de nouveaux dispositifs et doctrines de maintien de l’ordre tels que l’utilisation massive de flash-ball et brigades d’interventions rapides dans le but d’interpeller un maximum de jeunes. Les forces de répression se serviront de ces nouvelles méthodes expérimentées dans les banlieues en 2005 pour accentuer les mesures bonapartistes sur le reste de la population, et durement réprimer les gilets jaunes en 2018 et cortèges syndicaux depuis 2016.

Le 18 mai 2015, le tribunal prononce la relaxe des deux policiers inculpés dans la poursuite de Zyed et Bouna.

Le bilan des révoltes de 2005 porte sur l’unité nationale de la caste politique et des médias qui ont tous en chœur criminalisé les habitants des quartiers populaires. Unité nationale dans laquelle les organisations du mouvement ouvrier n’ont pas su apparaître comme une alternative et n’ont pas tenté d’agréger la colère des habitants des quartiers à un plan de bataille contre le gouvernement et l’État. Partant de ce bilan, il est nécessaire de voir les évolutions politiques et sociales qui ont eu lieu depuis ces événements, et de proposer un programme à la hauteur des enjeux de cette nouvelle période portant les revendications des habitants de quartiers populaires.

Mouvement contre la Loi travail, Gilets Jaunes et Réforme des Retraites : la répression policière hors des cités et nouvelle période de lutte des classes

Depuis les événements de 2005, la répression au sein des quartiers populaires n’a cessé de s’intensifier, renforçant toujours plus le mépris et le racisme d’Etat que subissent ces habitants.
Pour autant, les coordonnées majeures de la période ont évolué avec pour point de départ la crise économique de 2008 qui a donné lieu à une polarisation de plus en plus importante de la société. En effet, les gouvernements successifs n’ont cessé de faire payer les conséquences de la crise, notamment l’augmentation de la dette due à l’injection massive d’argent public pour sauver les banques, aux classes populaires au travers de mesures d’austérité. Les conséquences de ces mesures d’austérité, véritables attaques ouvertes contre les acquis des travailleurs, par la casse des services publics et notamment de l’hôpital, ont entraîné une réelle rupture entre les gouvernants et le reste de la population. La désertification des services publics en milieux ruraux, et encore plus dans les quartiers populaires, le déclassement social, la précarisation constante des contrats de travail, la hausse du chômage, etc.. ont entraîné un regain des luttes sociales.

C’est notamment à partir de 2016 et le mouvement contre la Loi El Khomri, qu’une partie de la population et notamment de la jeunesse s’est levée contre le gouvernement d’alors et ses attaques d’envergure comme le code du travail. C’est dans ce même mouvement que le retour d’une forte répression contre les mouvements sociaux apparaît avec clarté. Plus encore, c’est le mouvement des Gilets Jaunes qui va inaugurer une nouvelle période de lutte des classes et d’affrontements contre la police et l’arsenal répressif jusqu’alors circonscrit aux frontières des banlieues.

Dans ce mouvement intense d’une durée historique, les méthodes élaborées et testées durant les révoltes de 2005 tels que l’usage massif de LBD et la création d’unité de choc et de contacts ont été mis au service de la répression de la mobilisation. L’Etat et sa police ont alors démontré leur caractère profond d’outil répressif et de domination, à un ensemble de couches sociales jusqu’alors maintenues dans l’unité nationale qui voulait que “la police protège au quotidien” et que “la violence policière dans les quartiers est justifiée”. Au contraire, les images et vidéos des nombreux passages à tabac, des mutilations perpétrées par les forces de répression contre des manifestants et les témoignages de blessés ont rompu l’omerta autour de l’institution policière, garante de l’ordre d’une société dirigée par et pour la grande bourgeoisie. C’est aussi au travers d’une répression juridique que s’est incarnée le tournant autoritaire de l’Etat, condamnant jusqu’à la prison ferme des manifestants et laissant libre la plupart des policiers ayant mutilé. La justice expéditive, elle aussi est sortie des expériences dans les quartiers populaires.

En même temps que le caractère de classe de l’institution policière se dévoile aux yeux d’une majorité de la population, les phénomènes de luttes contre l’exploitation et les oppressions s’intensifient. Initié par les Gilets Jaunes, ce nouveau cycle de lutte des classes n’a pas tardé à s’étendre hors des frontières hexagonales comme on a pu le voir au Chili, à Hong-Kong, en Equateur, en Algérie, au Soudan et dans d’autres pays encore. Dans ces pays aussi, la police à joué le rôle de garde-fou des régimes en place, mutilant et tuant parmi les manifestants.

Par suite, le mouvement contre la réforme des retraites commençant le 5 décembre, malgré le caractère timoré de la stratégie des directions bureaucratiques des syndicats, a montré au grand jour le retour d’une frange de la classe ouvrière dans la lutte, et notamment dans les secteurs des transports dont la grève fut exemplaire. Une fois de plus, la police a démontré son rôle de gardien des profits, en s’attaquant physiquement aux grévistes dans les piquets de grève, notamment au sein des dépôts de bus de la RATP. Ce sont aussi les travailleurs hospitaliers qui demandaient plus des moyens pour le système de santé, qui ont reçu des coups de matraque et des jets de gaz lacrymogène.

Cette nouvelle période de lutte des classes et d’affrontements contre l’Etat ouvre des perspectives importantes pour un mouvement d’ensemble contre le gouvernement et contre l’État capitaliste, autoritaire et raciste. Un mouvement dans lequel, les habitants des quartiers populaires ont un rôle à jouer et ils le démontrent aujourd’hui, à l’heure du confinement par leur grande réactivité face à la répression endurcie par les règles autoritaires prises par le gouvernement et les victimes qui en découlent, et par la possibilité que ces révoltes soient les premiers symptômes d’un affrontement plus ouvert contre l’Etat Bourgeois.

La gestion étatique de la crise sanitaire comme tournant autoritaire et amplificateur de la précarité dans les quartiers populaires

La crise du coronavirus qui s’est étendue au monde entier est devenu un puissant révélateur des contradictions du système capitaliste, dont les conséquences sont d’abord payées par les secteurs les plus précaires de la classe ouvrière.

D’une part, le phénomène a été le déclencheur d’une crise économique de grande ampleur. Une situation dans laquelle le taux de chômage explose aux USA, et où la moitié des travailleurs en France sont placés en chômage partiel. Les premières victimes de cette crise au niveau économique sont les travailleurs précaires dont sont majoritairement constitués les quartiers populaires. En effet, de nombreux travailleurs et travailleuses de ces quartiers sont infirmières, aides soignantes, travailleurs dans des EHPAD, agents d’entretien, caissières en grande distribution, éboueurs, livreurs, etc.. Et sont donc en première ligne face au virus. Dans le même sens, nombre sont celles et ceux qui continuent de travailler dans des usines ou des industries non-essentielles qui n’arrêtent pas de tourner malgré la mise en danger de la vie de ces travailleurs.

Au delà d’être en première ligne face au virus, ces travailleurs précaires subissent en plus les conséquences des mesures prises par le gouvernement dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire qui renforce les mesures répressives et le racisme d’Etat en même temps que d’étendre les droits des patrons contre les salariés
Ce contexte d’amplification de la répression et de la misère sociale s’ajoute à la précarité déjà existante en quartier populaire où de nombreux travailleurs sont sans papiers et sans contrat, où près de 45% de jeunes de moins de 25 ans sont au chômage et ou 40% de la population des quartiers vivent dans la pauvreté selon les chiffres de 2017 avancés par le magazine Challenges.

D’autre part, la gestion autoritaire de la crise par le gouvernement au travers de son confinement, plutôt que d’avoir préparé la pandémie par l’achat massif de tests et de matériel pour le personnel hospitalier, c’est de renforcer les mesures répressives dont sont victimes les habitants des quartiers populaires. Depuis le début du confinement, ce sont des dizaines de vidéos et de témoignages qui montrent l’accentuation de la répression en quartier populaire comme c’est le cas pour Ramatoulaye, frappée et tasée à Aubervilliers c’est aussi le cas de ce jeune homme tabassé pour “être sorti fumer une clope” ou encore de l’évènement tragique de Villeneuve-la-Garenne où un homme à moto s’est fait fauché par la portière d’une voiture de police.

Cette répression vis à vis des jeunes de quartiers populaires est d’autant plus intolérable que les conditions de confinement sont des plus précaires pour ces habitants qui, n’ayant d’autres choix, sont obligés de s’enfermer dans habitations insalubres, délaissées depuis de nombreuses années par l’Etat et les bailleurs sociaux, véritables vautours.

C’est face à cette situation, de dégradation des libertés et des conditions de vie des habitants de quartier populaire, que des phénomènes de révoltes ont éclaté un peu partout en Île de France mais aussi dans le quartier du Mirail de Toulouse ou encore aux Aubiers de Bordeaux. Ces affrontements entre jeunes de quartiers populaires, exacerbés par les contrôles systématiques et abusifs, et la police peuvent être analysés comme les prémisses potentiels d’un conflit de plus grande ampleur entre l’Etat, et sa gestion de crise pro-patronale, et les classes populaires premières victimes de la gestion de crise par le gouvernement. D’ailleurs, le gouvernement cherche absolument à éviter ce type de scénario en demandant, au travers de l’institution policière, aux forces de répression “d’éviter le contact, la confrontation avec les perturbateurs” pour tenter de ne pas attiser les braises de la révolte.

Sans comparer termes à termes la situation actuelle d’avec celle de 2005, il est clair que le gouvernement craint la contagion de ces révoltes de basse intensité, au reste dans la société dans un aprés-confinement ou de larges franges de la population semblent déterminés à rendre des comptes avec le gouvernement. Il est donc nécessaire que les organisations du mouvement ouvrier prennent en charge les revendications des habitants de quartiers, en majorité travailleurs précaires ou privés d’emploi, pour permettre un tous ensemble victorieux face au gouvernement et face à cet État raciste et autoritaire. D’autant plus que ce dernier se prépare à des affrontements de classe à venir, au vu du tournant bonapartiste et autoritaire commencé lors du mouvement des Gilets jaunes et largement amplifié par les mesures de confinement.

Penser et déployer un programme d’action envers les quartiers populaires : Une tâche stratégique des organisations du mouvement ouvrier

Après avoir tiré un bilan des événements de 2005 et de la passivité des organisations du mouvement ouvrier vis à vis des habitants de quartiers populaires, voire de leur participation tacite à l’unité nationale, il est nécessaire que les organisations du mouvement ouvrier proposent un programme d’action à la hauteur face à la précarité accrue par la crise et face à la répression contre laquelle les jeunes se révoltent.

Le silence assourdissant des organisations syndicales est une preuve du décalage qui existe entre la réalité que vivent les travailleurs précaires et la jeunesse des quartiers, et l’absence de programme stratégique vis à vis de ces classes populaires. Une contradiction importante qui révèle une fois de plus le visage des directions des principales organisations syndicales, qui cherchent à contenir la colère sociale et à diviser les différents secteurs de la classe ouvrière.

À l’inverse, une très bonne initiative est celle de la RATP-CGT Flandres qui ont fait un communiqué dénonçant la violente répression qui s’abat sur les habitants des quartiers populaires, et montre la solidarité des travailleurs des transports publics avec les habitants des quartiers. Une dynamique qui cherche à unifier les rangs des classes populaires pour faire à Macron et son monde.
Parce que le seul rôle de la police, en tant que bras armé du capital est celui d’être garant de ses intérêts, et parce que ce rôle a été mis en évidence et questionné pendant le mouvement des Gilets Jaunes et que maintenant, les capitalistes tentent de redonner une nouvelle légitimité perdue, c’est que nous devons être très clairs là dessus et exprimer haut et fort : Police hors de nos quartiers !

Pourquoi nous laisserions notre "sécurité" et notre santé aux mains de ceux qui ont arraché les mains et les yeux des Gilets Jaunes, qui ont tabassé les soignants, et qui persécutent, répriment et assassinent depuis des années les jeunes dans les banlieues ?

On ne peut pas lutter contre la répression sans donner une issue indépendante à la crise sanitaire en même temps. Les deux choses sont intimement liées. Les organisations syndicales ainsi que les organisations associatives des quartiers peuvent jouer un rôle important dans la gestion de la crise car avec les habitants des quartiers sont les seuls à connaître les besoins de la population.
Car nous sommes contre la présence de la police dans nos quartiers, et contre le confinement répressif décrété par l’Etat, sans tests massifs, ni masques, dans des logements exigus. Parce que nous sommes obligés de faire un confinement car les politiques des gouvernements ont été d’anéantir la santé publique pendant des décennies, et parce les laboratoires sont en mains des une poignée des capitalistes qui s’enrichissent sur notre santé.

Pendant que les bourgeois se confinent dans des manoirs et luxueux appartements, les habitants des banlieues doivent le faire dans des conditions très difficiles, des logements petits et surpeuplés, souvent insalubres. La situation est d’autant difficile qu’ils doivent sortir pour aller travailler dans des travails pénibles, précaires et mal payés, prenant les transports en commun. Et ni dans leur travail ni dans les transports la distanciation et les mesures barrières sont appliquées.

Il est nécessaire que les habitants des quartiers prennent eux même en main les mesures de sécurité et d’hygiène face à la crise du coronavirus. Nous revendiquons un contrôle des habitants, des travailleurs, et organisations syndicales, sur la production et la distribution des denrées alimentaires et sanitaires, organisés en comités au niveau de tout le territoire national.
Les réseaux sociaux pourraient jouer un rôle important pour aider à l’organisation, cela a été démontré dans les actions des Gilets Jaunes voire dans le début du mouvement, et les jeunes manient parfaitement ces outils. Appeler à se réunir dans des réseaux de coordination en attendant pouvoir réaliser des Assemblées Générales pour discuter démocratiquement les mesures sanitaires et de distanciation sociale à prendre dans la lutte contre la pandémie, en commun avec les travailleurs des hôpitaux, dont certainement grand nombre vivent dans les cités pour prendre en charge à l’échelle de quartiers les besoins des habitants, alimentaires, médicaux et autres nécessités pendant le confinement. 

Nous exigeons la réquisition des logements vides pour que tout le monde puisse avoir un logement décent, liée à un plan plus général et à long terme de construction de logements. Mais aussi l’élaboration d’un plan de création et développement de structures publiques, tel que des hôpitaux, des écoles, financé avec les impôts sur les fortunes (rétablissement de l’ISF et suppression du CICE et de ses équivalents) pour améliorer les conditions de vie des populations “entassées” et oubliées dans les quartiers.
Parce que les migrants et sans abris sont plus vulnérables que jamais face à la pandémie, nous exigeons immédiatement la régularisation de tous les sans papiers, pour que toute personne puisse avoir droit à un logement décent, à la santé de qualité et gratuite et à un travail.

Pour finir avec les problèmes de chômage et travail précaire dans les quartiers ainsi que le problème de manque de personnel dans les hôpitaux, il faut embaucher tous les travailleurs précaires en CDI et distribuer toutes les heures de travail entre toutes les mains disponibles. Cela nécessite une embauche massive et un plan de formation dans les hôpitaux et laboratoires, et dans tous les secteurs essentiels de l’économie, pour ériger un plan sanitaire d’urgence. Mais aussi de la nationalisation et l’unification de tout le système de santé et des laboratoires pharmaceutiques. À bas les dix monopoles de laboratoires pharmaceutiques ! Nous exigeons une recherche indépendante contrôlée et guidée par les travailleurs et la population.

Il faut reconvertir la production vers le bien social, pour fabriquer du matériel sanitaire qui aujourd’hui manque, et ce sous contrôle des travailleurs et des usagers ainsi que des habitants des quartiers qui sont les plus touchés par la pandémie, qui doit s’accompagner de la nationalisation sans rachat et sous contrôle des travailleurs des entreprises qui font faillite.
Plus que jamais, il est nécessaire de construire au niveau national et international un parti révolutionnaire et internationaliste en vu de la situation de plus en plus aiguë de lutte de classes qui pourrait s’ouvrir à l’issue de cette crise et ses conséquences économiques catastrophiques.


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