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25 novembre

Des milliers de femmes dans la rue contre les violences de genre sur fond d’offensive sécuritaire

Sur fond de crise sanitaire et économique, accompagnée d’une escalade répressive du gouvernement Macron, le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, a rassemblé dans plusieurs villes en France des milliers de manifestant.e.s, malgré le confinement.

Petra Lou

26 novembre 2020

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Le mouvement des femmes à l’international a mis en lumière, sous un nouveau jour, l’étendue et la multiplicité des violences faites aux femmes, et surtout de la violence systémique du patriarcat qui est loin d’être une oppression individuelle.Ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, se sont tenus dans plusieurs villes manifestations et rassemblements.

Cette journée de lutte internationale s’inscrit dans un contexte tout à fait particulier : sur fond de pandémie mondiale, qui a accéléré une crise économique sans précédent, nous assistons en France à un véritable tour de vis sécuritaire de la part du gouvernement. A la tête d’un discours islamophobe, qui prend chair dans le projet de loi sur le séparatisme en passe d’être voté à l’Assemblée, le gouvernement fait toute une instrumentalisation nauséabonde du combat féministe pour justifier ce tournant xénophobe et profondément raciste. Dans les différents rassemblements, la colère s’exprimait notamment contre le « gouvernement de la honte », plaçant « un violeur à l’Intérieur et un complice à la justice ». Le tout sur fond d’augmentation croissante des violences sexistes due aux confinements répressifs et autoritaires mis en place par les gouvernements du monde entier. Alors que le gouvernement tente des coups de comm’ autour du 25 novembre après un Grenelle contre les violences conjugales il y a un an qui n’était fait que de mesures cosmétiques et d’augmentation du budget pour la police, certains courants féministes ont réaffirmé la nécessité de se mobiliser dans la rue et de s’organiser en toute indépendance de l’Etat.

D’autre part, la gestion de la crise sanitaire du gouvernement a été et continue d’être catastrophique : avec une gestion policière qui s’accompagne d’un renforcement drastique des forces de police, et de la loi Sécurité Globale, entre autres, qui a suscité des réactions notamment dans les syndicats de journalistes, et chez certaines franges de la jeunesse qui sont descendues dans la rue. Cette situation de crise sanitaire, économique et sociale, précipite des millions de femmes et de personnes LGBTI dans une situation d’extrême précarité et place dans le même temps des pans entiers du monde du travail particulièrement féminisés en première ligne de la gestion de la crise.

Des milliers de personnes en France pour dire stop aux violences faites aux femmes

Toulouse

C’est à Toulouse que la mobilisation a été la plus impressionnante. Préparée depuis plusieurs mois à l’initiative de nombreux collectifs féministes et notamment l’assemblée "Toutes en grève", la journée du 25 novembre a vu 5000 personnes défiler dans le centre-ville.

Derrière un cortège de tête en non-mixité, de nombreux cortèges syndicaux, politiques et associatifs. Notamment des soignantes et également des travailleuses de l’éducation, rappelant le combat mené contre l’islamophobie d’Etat et pour le droit des femmes et des filles à s’habiller comme elles le souhaitent, en écho à la polémique menée par Blanquer sur les « tenues républicaines » dans les collèges et les lycées. Les militantes de Du Pain et des Roses étaient présentes, pour réaffirmer la responsabilité de l’Etat et des patrons qui ne cessent de nous précariser et nous réprimer. Ironiquement, le dispositif policier face à ces milliers de manifestant.e.s était impressionnant à Toulouse, et a commencé à réprimer dès que la dissolution de la manif a été prononcée.

Fait notable, la présence toujours plus massive de féministes latino-américaines dans les cortèges toulousains, et en particulier de la communauté chilienne qui occupe une place importante dans l’histoire et la population de la ville rose. Ainsi, dans une séquence émouvante, les manifestant.e.s se sont retrouvées pour chanter la Cancion sin miedo.

Paris

En région parisienne, ont eu lieu plusieurs rassemblements, comme à République, ou encore à Saint-Denis, Saint-Michel ou Montreuil, où plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées. Malgré le confinement, ces rassemblements ont été appelés par plusieurs organisations syndicales, féministes, ou encore des partis politiques et ont rassemblé notamment de nombreuses jeunes femmes.

À Paris, l’affaire de Julie, autour de la revendication Justice Pour Julie, a été mise en avant comme le symbole de la violence institutionnelle et judiciaire infligée aux femmes victimes de violences. Corinne Leriche, la mère de Julie, est intervenue à différents rassemblements pour faire entendre sa voix et celles des victimes de violences sexuelles, et porter ce combat long maintenant de presque une dizaine d’années afin d’obtenir justice pour sa fille qui a été victime de viol perpétré par une vingtaine de pompiers.

A #Republique contre #violencesfaitesauxfemmes, Sylvie gréviste depuis 16 mois de l'hôtel Ibis Batignolles

"Pour notre combat c'est très important d'être là en tant que femme, travailleuse, mère, pour dire au monde entier qu'on doit faire entendre nos voix !"#25novembre pic.twitter.com/4ujKwCTY38

— Du Pain Et Des Roses (@Pain_Et_Roses) November 25, 2020

Au pied de la statue de la République, un tour de prises de parole a été entamé après qu’ait été rappelé le contexte particulier dans lequel s’inscrit cette journée ainsi que l’importance de "ne pas confiner nos luttes féministes". Se sont alors succédé des interventions de l’Union Solidaires, d’Attac, du CNDF, des effrontées ainsi que des interventions de la France Insoumise et du NPA. Les rassemblements ont été l’occasion de remettre également sur la table le "remaniement de la honte”, qui avait suscité une vive réaction dans le mouvement féministe, ainsi que le bilan lui aussi honteux d’un gouvernement qui se vantait de faire des femmes la cause principale de son quinquennat. Un autre élément de la mobilisation qui était très présent portait sur le tournant répressif du gouvernement, avec la Loi Sécurité Globale et l’impunité policière.

Nantes

Dans la droite lignée de l’offensive sécuritaire du gouvernement, et alors que les images de l’évacuation terriblement violente de la place de la République à Paris étaient encore dans toutes les têtes, les manifestant.e.s de Nantes ont subi une répression féroce.

Bordeaux

À Bordeaux, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant l’Hôtel de Ville avec la présence d’énormément de jeunes, et de différentes organisations, avant de partir en manifestation.

Contre l’offensive sécuritaire et la crise économique : s’organiser en toute indépendance de l’Etat et de ses institutions !

La gestion autoritaire et sécuritaire de la pandémie et les confinements « made in Medef » qui placent les profits avant nos vies sont venus jouer le rôle d’accélérateur des violences faites aux femmes et ont servi d’excuse à l’État pour renforcer son arsenal répressif, raciste et islamophobe, ce qui vient aggraver les violences qui sont faites aux plus précaires d’entre nous. Avec le collectif Du Pain et des Roses, nous analysons les violences faites aux femmes dans leur manifestation la plus dramatique (violences sexuelles, viols, féminicides...) comme le dernier maillon d’une longue chaîne de violence, qui prend racine dans un système capitaliste patriarcal que nous cherchons à combattre.

Face à l’offensive sécuritaire du gouvernement et à la crise économique dont les femmes sont souvent les premières victimes, il est important que les féministes exigent le retrait « pur et simple » de la loi sécurité globale, comme celui du projet de loi « confortant les principes républicains ». Nous appelons à ce que toutes les organisations féministes, anti-racistes, les organisations de la jeunesse et du mouvement ouvrier prennent position et construisent un front unitaire contre ces projets qui sont autant d’attaques à l’encontre de la majorité des femmes. C’est un combat indispensable qui, nous pensons, doit se faire sans négociations, en toute indépendance du gouvernement et de ses institutions, et ce pour l’avenir des femmes, de la jeunesse et de nos futures luttes.


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