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Des couvre-feux dans plusieurs villes de France avec la bénédiction du gouvernement !

Confinez-vous mais allez travailler ! Voilà en somme les consignes du gouvernement. Pour faire illusion, le gouvernement joue la carte du tout-répressif et appuie la mise en place de couvre-feux (projet rêvé par la droite depuis de nombreuses années) par plusieurs mairies ou préfectures.

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Au départ, une initiative de Christian Estrosi, après sa tournée des EHPAD et son test positif au coronavirus quelques jours après, un couvre-feu à Nice, soutenu par Castaner. Le maire de droite qui affiche fièrement son drone qui incite les gens à rentrer chez eux, avait toujours rêvé de cette occasion où il pourrait déployer tout son arsenal autoritaire. C’est chose faite et plusieurs départements ou communes l’ont imité. Dans toutes les Alpes-Maritimes, dans plusieurs villes du Gard, dans le Var, l’Hérault, à Béziers, Perpignan, Carcassonne, dans plusieurs départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Mulhouse, à Cholet (Maine-et-Loire), à Colombes dans les Hauts-de-Seine, à Mulhouse, à Charleville-Mézières (Ardennes) et dans plusieurs communes du Pas-de-Calais les arrêtés municipaux et préfectoraux instaurant des couvre-feux se sont multipliés ces derniers jours. Couvrant une période allant de 20 heures ou 22 heures jusqu’à 5 ou 6 heures du matin, ces couvre-feux, décrété par les communes avec l’aval des préfectures ou par ces dernières, sont censés garantir l’efficacité du confinement mis en place par le gouvernement. Cette gestion répressive s’inscrit dans un discours politico-médiatique et des mesures qui tentent de faire peser la responsabilité de la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement sur les individus, accusés de ne pas respecter le confinement.

Pour le gouvernement comme pour les maires, pour la plupart de droites, ayant pris ces arrêtés il s’agit d’imposer une « discipline » aux « récalcitrants » qui favoriseraient la contagion. Ce discours autoritariste n’est en fait qu’un piètre cache-misère qui masque mal l’incapacité du gouvernement à gérer la crise du fait de son impréparation, de ses nombreuses contradictions mais surtout du fait de sa politique néolibérale, pro-patronale, qui a détruit la capacité de l’hôpital publique à faire face à une crise sanitaire et qui oblige des millions de travailleurs de secteurs non-essentiels à aller travailler. Où donc est la cohérence entre ces couvre-feux imposés de manière tardive et le fait d’exposer des centaines de milliers de personnes, et leurs proches, à des risques de contagion pour les seuls profits du patronat ? La responsabilité de la propagation de l’épidémie et du manque de moyen pour y faire face ne repose pas sur quelques joggeurs, mais bien sur le sommet de l’Etat !

Racisme et mépris de classe

 
On assiste ici à un recours qui n’est que trop habituel à la figure du bouc émissaire. Et il suffit d’écouter les zélateurs du couvre-feu et leur ton martial pour se convaincre que, comme souvent, il s’agit de détourner l’attention des vrais problèmes, en allumant des contre-feux. Est-ce un hasard si jeudi 19 Marine Le Pen a demandé l’instauration de cette mesure en pointant « certains territoires où des délits sont commis ». Cela « ne nuira à personne sauf aux dealers, voleurs, braqueurs et autres racailles qui profitent de la situation ! », avait-elle ajouté. Dans la même veine le maire Les Républicains de Perpignan Jean-Marc Pujol a déclaré : « Ce sont toujours les mêmes, ceux qui s’exonèrent de toutes les règles de droit depuis longtemps, parfois dans les quartiers, les milieux qui dealent. ». A mots à peine couverts ils désignent ainsi leurs véritables cibles, les habitants des quartiers populaires. Ce sont les populations les plus précarisées, stigmatisées qui se retrouvent à porter le fardeau de membre malade du corps social, responsable, selon ces politiciens trop déçus de ne pouvoir faire leur beurre médiatique habituel sur les musulmans ou les migrants, de l’ampleur catastrophique de cette crise. Mais au-delà du rôle que ces mesures jouent dans la communication de ces politiciens elles servent aussi à éroder les acquis démocratiques et à banaliser l’usage de la force répressive dans le contrôle social, de même l’idée que c’est aux classes populaires de payer par les dizaines de milliers de contraventions distribués pour les dépenses publiques faites massivement au profit du patronat (pas encore à l’hôpital...).

 Ces mesures de restrictions des libertés publiques et le discours « imbécile », transpirant de mépris de classe et de racisme qui l’accompagne est en phase avec la politique mise en place par Christophe Castaner et son sbire Didier Lallement, préfet de police de Paris. Sous le couvert de faire respecter un confinement total (sauf quand on travaille sans ordinateur), on a vu depuis une semaine se multiplier les témoignages de violences et de harcèlement policier dans les quartiers populaires, notamment à Paris et dans sa banlieue. Cette gestion répressive des quartiers est loin d’être une nouveauté mais c’est maintenant les politiques de lutte contre le virus qui servent de paravent au racisme et à la violence de l’état. De même qu’elles servent aujourd’hui à justifier des mesures répressives qui sont de dangereux précédents vis-à-vis des libertés publiques. 

 « Ceux qui s’entêtent à ne pas respecter ce qui est l’évidence même, on va le leur imposer. ». La posture viriliste de Robert Ménard, maire de Béziers, soutenu par le Rassemblement National est un reflet des déclarations du préfet Lallement qui déclarait mardi 17 mars vouloir :« faire rapidement comprendre les consignes » aux Parisiens qui connaissent bien sa brutalité. Mais derrière leurs rodomontades transparaît en fait la fébrilité d’un gouvernement et d’une classe politique qui n’a pas voulu et n’a pas su prendre des mesures cohérentes face à l’épidémie de Covid-19. Si le confinement est aujourd’hui, à cause du manque de réaction en temps et en heure du gouvernement, une nécessité pour faire face à l’épidémie, le couvre-feu et le recours à la répression n’est pas une manière efficace de lutter contre le coronavirus mais le produit d’une communication politique qui enchaîne les volt-face et d’une épidémie sécuritaire dont la banalisation, une fois la crise sanitaire passée, risque de poser des problèmes pour longtemps si elle n’est pas combattue. 

Crédits photo : AFP


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