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SCANDALE

Derichebourg. 200000€ pour des statues pendant que les salariés payent les frais de la crise

« Réduire les coûts du travail » permet en réalité de remplir grassement les poches du patronat. L’opération est si rentable que certains peuvent y compris se permettre d’être généreux. C’est le cas du groupe Derichebourg qui, en même temps qu’il impose des baisses de salaire, dépense 200.000 euros pour acheter deux statues du général de Gaulle.

Oscar Renard

1er mars 2021

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Crédit Photo : Révolution Permanente

Il suffit de voir les salaires du corps directif et le montant des dividendes (des chiffres que les entreprises gardent bien évidemment avec beaucoup de zèle) pour se rendre compte que les baisses de salaire et les licenciements, loin d’être une fatalité, sont un choix politique : il s’agit de faire payer la crise aux salariés. Récemment, après le PSE concernant 567 salariés chez AAA, on apprenait que le PDG du groupe cumulait plus d’un million d’euros de salaire par an. En effet « réduire les couts du travail » (bel euphémisme cachant la réalité difficile des familles concernées) remplit bien les poches du grand patronat. L’opération est si rentable que certains peuvent y compris se permettre d’être généreux.

C’est le cas du groupe Derichebourg qui, en même temps qu’il impose des baisses de salaire, dépense 200 000 euros pour acheter deux statues du général de Gaulle. En effet après deux tentatives, la filiale du groupe Derichebourg ESKA a réussi à acheter la statue du général Charles de Gaulle à la mairie d’Ameville, pour un montant de près de 80 000 euros frais compris, afin de l’offrir à Metz. Mais la générosité du groupe ne s’arrête pas là. François Grosdidier, le maire LR de Metz, n’était pas satisfait avec une seule statue grandeur nature du général : il en a alors demandé une autre de trois mètres. Celle-ci, avec un prix estimé de 120 000 euros, a aussi été financée par la même filiale du groupe Derichebourg. Le total des cadeaux offerts par Derichebourg est donc d’environ 200 000 euros.

Les salariés de Derichebourg Aeronautics Services (DAS, branche aéronautique du groupe à Toulouse) ont reçu la nouvelle comme une énième preuve de mépris de la direction et de l’actionnariat. La nouvelle est d’autant plus scandaleuse qu’en juin dernier, la direction a imposé avec la collaboration de FO un Accord de Performance Collective sous prétexte de difficultés financières. L’APC a entrainé une perte de salaire permanente comprise entre 300 et 500 euros par mois et a poussé environ 500 salariés à partir. Comme le dénonçaient les salariés du groupe, l’APC était un PSE déguisé. De son côté, un mois après, Macron louait les bienfaits des APC en mettant en avant le cas de DAS. Cette complicité entre le personnel politique et le grand patronat explique surement les cadeaux généreux au maire LR de Metz.

Mais la colère vient d’encore plus loin. Lors du premier confinement, les travailleurs de DAS ont été obligés de reprendre leur travail en plein pic de la première vague épidémique, et cela sous les pressions du PDG Pascal Lanette qui avait déclaré en CSE que les salariés devaient « choisir entre mourir de faim ou mourir du virus ». Avec le recul, on voit que l’objectif du groupe était de maintenir l’activité et ses rentrées d’argent à tout prix, au risque d’exposer les salariés et leurs familles au virus. Si l’affaire des statues montre une chose, c’est que de l’argent il y en a, mais que le grand patronat préfère le garder pour lui et les siens en dépit de la vie des travailleurs..

Et les preuves de mépris ne s’arrêtent pas là. Lors des dernières négociations annuelles obligatoires (NAO) du 20 janvier 2021, l’UNSA-SNMSAC a fait sept propositions dont l’augmentation de 40 euros pour le personnel hors cadre, l’augmentation de la prime Accord de 20 euros et le paiement de la mutuelle pour les salariés hors cadre. À cet égard, le DRH a déclaré hypocritement : « Je ne me vois pas mettre de l’argent dans les NAO cette année alors que l’État nous subventionne le chômage partiel longue durée, ce ne serait pas éthique ».

Les salariés de Déricherourg Aéro , en lutte contre l’APC en juin dernier, avaient raison quand ils refusaient de « négocier le poids des chaines » et de se battre pour 0 baisse de salaire et 0 suppression d’emploi. C’est le flambeau qu’a repris ensuite le Collectif des Salariés de l’Aéronautique. Bien que la crise économique soit bien là, ses conséquences ne sont pas naturelles, elles sont guidées par le choix politique de décharger ses conséquences sur les travailleurs.


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