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Congrès de Force Ouvrière

Départ de Jean-Claude Mailly : « il a vendu la classe ouvrière à Macron et au MEDEF »

Congrès chahuté pour Force Ouvrière. Le bilan de Jean-Claude Mailly, composé de nombreuses trahisons, a été vivement critiqué par de nombreux congressistes. Alors que la pression à la base exacerbe les contradictions au sein de la centrale syndicale, le nouveau leader de l’organisation, Pascal Pavageau, assure vouloir adopter une ligne plus radicale.

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Ils étaient plus de 3500 congressistes pour ce congrès de FO qui s’est clôturé vendredi 27 avril. Lors des plus de 200 prises de parole, les trahisons successives de Mailly ont été largement condamnées par la base. La nouvelle direction est attendue au tournant dans une organisation de plus en plus polarisée.

Mailly, traître jusqu’au bout des ongles

Fait rare, le secrétaire général sortant, à la tête de l’organisation depuis 14 ans, avait choisi de ne pas se rendre à cette dernière journée. Il faut dire que celui-ci a été particulièrement chahuté lors des interventions des congressistes. La ratification des ordonnances XXL, notamment, a été au cœur des discussions. Jean-Louis Basset, cheminot de Lyon a interpellé directement l’ancien secrétaire général sur la question : « Jean-Claude, à ta sortie de Matignon, nous avons été profondément déçus par tes propos très peu critiques voire consensuels envers ces ordonnances. Cette déception a laissé la place à la colère de nos militants et à nos adhérents. Certains nous ont même quitté. Cette attaque méritait une opposition franche et un appel immédiat à combattre ».

Pour Alexandre Tott, de Florange : « Il est impossible de dire qu’on a évité le pire ou même qu’on a sauvé la branche, il est impossible de dire que la hiérarchie des normes et le principe de faveur ont été préservés ou réaffirmés, c’est impossible parce que c’est faux mes camarades. » Nadine Hourmant, de l’entreprise Doux, actuellement en liquidation judiciaire a même enfoncé le clou : « J’aurais aimé que Jean-Claude Mailly soit à la tribune parce que ce message s’adresse à lui. […] La ligne rouge a été franchie mes camarades. Nos acquis volent en éclats, l’abrogation de la loi El-Khomri, les ordonnances Macron-Pénicaud : le secrétaire général a vendu la classe ouvrière à Macron et au MEDEF ».

Il faut dire que les trahisons de Mailly se sont révélées de plus en plus ouvertes et assumées. Après avoir ratifié les ordonnances, s’être payé la tête des militants contestataires, celui-ci a aussi tenu à défendre Stéphane Lardy, ancien négociateur FO et ancien membre du bureau, un temps envisagé pour lui succéder et qui est aujourd’hui au cabinet de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail : « Il a fait un choix de vie. Quand on quitte ses mandats, on est libre ! On n’est pas dans une secte quand on est à FO, on a le droit de vivre sa vie comme on l’entend ! ». Une manière sûrement de préparer le terrain pour son nouveau plan de carrière, comme l’a souligné Bernard Saas, de Dunlop Amiens : « Puis c’est au tour de Jean-Claude Mailly de se faire parachuter à Bruxelles, pistonné par Macron et Pénicaud, pour assister à son auto-désignation, dans un comité Théodule européen […] Eh oui, l’indépendance syndicale mène à tout mes camarades ».

Une organisation en crise

Les nombreux renoncements de Mailly laissent l’organisation syndicale dans une crise profonde. Alors que le chiffre de 500.000 adhérents était annoncé par la direction comme inchangé depuis 2011, la nouvelle direction a annoncé qu’elle ne les validait pas et qu’elle donnerait un nouveau décompte d’ici la fin de l’année. Une manière de préparer pour annoncer une baisse du nombre d’adhérents ?

Ce qui est sûr, c’est que l’organisation pâtit des trahisons et renoncements de son premier secrétaire. Pour Marc Hébert, du Finistère : « Même en 1989, nous n’avons jamais été dans cet état de délabrement au niveau de l’image de la représentation de la confédération. […] Lorsqu’on rencontre les gens et qu’on parle de Jean-Claude Mailly – excusez-moi de le dire – ils baissent la tête et disent ‘’parle-moi d’autre chose’’. Vous avez tous regardé la télévision, vous avez tous écouté la radio, vous avez tous lu les articles dans la presse : ‘’vous n’avez pas eu honte à un moment donné ?’’ ».

Un constat partagé par Delphine Guéguan, syndicaliste chez Monoprix, qui prévient la nouvelle direction : « Au quotidien, beaucoup de reproches reviennent à mes oreilles, surtout sur les positions prises dernièrement par Jean-Claude Mailly. J’espère que notre prochain secrétaire général aura compris qu’il y a actuellement un malaise au sein de Force Ouvrière et qu’il est urgent d’afficher des positions claires. »

Cependant, ces critiques virulentes ne représentent pas toute l’organisation syndicale. Lors de l’intervention musclée de certains syndicalistes, on a pu voir la salle des congressistes divisées entre les applaudissements fournis de certains militants et les huées d’autres qui jugeaient les critiques trop violentes. Une volonté de tempérance liée autant aux ambitions réformistes de certains qu’à une volonté de calmer le ton dans une organisation où le fossé s’agrandit entre la ligne combative et celle de la négociation. C’est cette volonté qui explique que le rapport d’activité de Jean-Claude Mailly ait été adopté, même si à une très courte majorité avec un score très inhabituel (50,54 %).

Pascal Pavageau, une nouvelle ligne pour l’organisation ?

C’est ce fossé grandissant entre les différentes lignes au sein de l’organisation syndicale qui explique sûrement que son nouveau secrétaire général, Pascal Pavageau, souffle le chaud et le froid. Celui qui est présenté comme un militant très combatif par les grands médias, ne semblent pas aussi prêt que ça à aller à l’affrontement.

Certes, la nouvelle résolution générale, qui donne la ligne du syndicat pour les quatre prochaines années semblent se placer sur le terrain du combat contre le gouvernement Macron, en cohérence avec les déclarations de Pavageau sur le président « Jupiter », accusé d’avoir fait passer la « loi travail XXL » et d’avoir adopté une ligne : « Je pense donc tu suis. ». Dans ce texte, le congrès « exige le retrait du projet de loi, le maintien du statut particulier des cheminots ainsi que le maintien du service public ferroviaire ». Il est aussi précisé que « la perspective d’une mobilisation interprofessionnelle est aujourd’hui nécessaire, y compris par la grève », le tout « en lien avec toutes les confédérations syndicales ».

Ces déclarations combatives illustrent, pour l’heure, la nécessité pour le nouveau leader de FO de donner des gages pour canaliser la pression à la base plus que de se concrétiser dans les actes. En effet, à un moment charnière du mouvement social, celui-ci a d’ores et déjà annoncé qu’il ne participerait pas au défilé du 1ermai aux côtés de la CGT et de Solidaires. D’autre part, le moratoire demandé sur la réforme du rail, s’il est présenté comme une annonce radicale par les grands médias, est surtout une manière d’appeler le gouvernement à la négociation. Les déclarations du nouveau secrétaire général sont d’ailleurs très claires sur ce sujet : « Si vous voulez que les choses se tassent, vous gelez la réforme et vous reprenez le dialogue, vous prenez le temps ». Et de regretter l’absence d’invitation dans les bureaux du ministère : « Il paraît qu’il y a une réunion la semaine prochaine, le 7, à Matignon. A ma connaissance, ni la fédération FO des cheminots ni la confédération n’ont été invitées ».

Avec le départ de Jean-Claude Mailly, c’est la politique ouverte d’accompagnement des contre-réformes de Macron qui est sanctionnée sur la gauche par la base. C’est à elle d’exiger que les mandats donnés à la nouvelle direction soient réellement appliqués et ne finissent pas par accoucher d’un nouveau Mailly.


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