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Les rats quittent la macronie

Démission de Collomb : vers un pourrissement accéléré du macronisme

« Je suis régénéré ! » fanfaronnait Macron en revenant des Antilles. Hélas ! Jupiter n'avait rien vu venir. Quelques jours plus tard à peine, voilà que Gérard Collomb, Ministre de l'intérieur et soutien de la première heure de Macron, pose sa démission. Comble de l'affront : ce dernier la maintient malgré le refus de Macron lui-même. Nouvelle crise d'autorité au sommet de l'Etat, qui marque un saut dans le pourrissement accéléré du macronisme.

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Régénéré ou dégénéré ?

Pour un Jupiter censé tout voir et tout savoir, force est de constater que Macron n’a rien venu venir. La démission de son proche soutien et ami tombe au pire des moments. En pleine séquence où le président, en chute libre dans les sondages, s’imaginait « régénéré », et remonter la pente en la jouant « proche du peuple » pendant un voyage aux Antilles. Mais tout est renversé. C’est aujourd’hui l’effet inverse qui se produit.

Incapable de prévoir que Collomb irait si loin, Macron a été totalement déboulonné par l’insistance de son ministre à maintenir sa démission. En prime, Edouard Philippe, lui aussi totalement dépassé par les événements, doit prendre en charge l’intérim et passe pour un nigaud. Une situation unique qui met en lumière tout l’amateurisme et l’inexpérience du gouvernement.

De Jupiter à serpillière : qui sera le prochain rat à quitter la macronie ?

C’est un vrai casse tête qui s’ouvre désormais pour Macron : qui pour remplacer Collomb ? Le « nouveau monde » est bien incapable de trouver des relais au sein de l’ « ancien monde ». La réalité est que Macron n’a que quelques pions à déplacer sur son échiquier à taille réduite ; des pions qui occupent même parfois plusieurs positions : on évoque ainsi Castaner ou Darmanin pour remplacer Ministre. Or tous deux occupent déjà divers fonctions clés au sein de LREM. 

Et la situation ne risque pas de s’arranger. Déjà l’annonce de la démission de Hulot, en direct sur France Inter, avait tout de l’humiliation. Mais Macron avait couvert l’affaire en justifiant l’affaire par la personnalité atypique de Hulot, un sentimental un peu impulsif. Vu le profil de Collomb, difficile de refaire le coup.

Car il ne s’agit pas de n’importe quel ministre. Comme le rappelle Nicolas Chapuis, journaliste au Monde, il ne s’agit pas du présentateur d’Ushuaia qui quitte Macron, mais le chef de la police, poids lourd de la politique et un de ses premiers et plus fidèles soutiens : « Emmanuel Macron voulait rompre avec l’impression laissée par Hollande d’une cacophonie. Du point de vue de la continuité gouvernementale, c’est raté. Cela pose aussi la question de l’entourage de M. Macron. Combien de poids lourds lui reste-t-il ? La campagne des européennes se complique très clairement pour La République en marche. »

Crise d’autorité : quand le « nouveau monde » en carton prend l’eau

Avec le maintien de sa démission, passant outre la décision du président, Collomb envoie un signal fort : à ce jour, il vaut mieux être maire que ministre de Macron. A tel point qu’Edouard Philippe disait lui-même dans l’Emission Politique, lors de sa prestation sur France 2, qu’il n’excluait pas de viser la mairie du Havre aux municipales de 2020... Le "vieux monde" a repris la main sur le nouveau. Déjà sérieusement érodé, le prestige de Macron a complètement disparu. Jupiter est devenu une serpillière.

Cette démission marque un saut dans une situation déjà critique pour Macron en ouvrant une véritable crise d’autorité. La question qui se pose va désormais au-delà de l’intérim ; il s’agit de savoir à quel point Macron aura les ressources - politiques et humaines - de mener à bien la suite de ses réformes. Comme le rapporte Médiapart qui cite les propos d’un conseiller de l’Elysée : « Le problème, c’est que le président ne fait plus peur, on ne le redoute plus ».

La bourgeoisie ne s’y trompe pas. Les éditorialistes sont unanimes : tous parlent d’une "crise d’autorité". Mais plus qu’une crise d’autorité, qui toucherait, à première vue la personnalité voire le charisme du président, la crise est aussi structurelle. Le risque couve d’une déconnexion entre le "haut" et le "bas" qui menace de s’installer. Il y a quelques jours François Fressoze, éditorialiste au Monde, s’en inquiétait déjà : " le résultat c’est qu’entre le haut et le bas la circulation est bloquée avec tous les risques de thrombose que cela comporte et sans que l’on voie se dessiner de véritables remèdes. Ce que vit Macron, un peu plus d’un an après le début de son mandat, est conforme à ce qu’ont connu ses prédécesseurs avec d’autres méthodes : Sarkozy et ses coups de menton, Hollande et ses sommets sociaux, pour arriver à cette sorte d’incompréhension entre un président de la République qui veut faire bouger le pays et le pays qui, de fait, bouge depuis des années, mais dans une défiance envers le politique qui ne désarme pas. Attention, danger ! »

Face à ce pourrissement accéléré du macronisme, on ne peut tout à fait exclure sa consolidation tardive, pour ne pas dire sénile. Dans la situation, les bureaucraties syndicales, en acceptant de jouer le faux jeu des négociations contribuent à le maintenir en place. Sans une contre-offensive en propre du monde du travail et de la jeunesse, le macronisme continuera de pourrir. Mais le fruit ne tombe pas tout seul de l’arbre, il faut l’en arracher à un moment.


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