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Après la démission

Delevoye. Mais pourquoi les directions syndicales saluent-elles un « homme de dialogue » ?

Les heures qui ont suivi la démission de Delevoye ont donné lieu à un florilège de réactions. Du côté des directions syndicales, elles sont quasi unanimes. « Homme de dialogue » de la CFDT à l’UNSA en passant par FO, « qualité » de « débat » pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Mais pourquoi tant de louanges pour celui, soupçonné de conflits d’intérêts, et initiateur de cette réforme des retraites, en forme d’attaque historique contre le monde du travail ?

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Si après la démission de Delevoye, la grande majorité de la classe politique a loué sa « responsabilité », la réaction des directions syndicales qui appellent à se mobiliser contre la réforme des retraites depuis maintenant plusieurs mois a de quoi interroger.

Si d’un côté, ce n’est pas si étonnant de la part de directions syndicales qui n’ont eu cesse de prôner le « dialogue social » et l’ouverture de « réelles négociations », certaines réactions listées par LeMonde ont de quoi laisser songeur. Et la plus grande surprise est venue de Yves Veyrier (FO). « Ça doit être très difficile pour lui. C’est un homme de dialogue. Il portait avec une conviction qu’on ne peut pas lui reprocher le projet du gouvernement », a réagi le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier, interrogé sur LCI. « J’aime bien M. Delevoye [en tant que] personne, mais ce n’est pas le sujet », a-t-il ajouté. Une réaction pleine d’empathie et de compassion qui a de quoi interloquer quand on voit la succession d’affaires et de casseroles charriés, y compris après sa démission, par Delevoye.

Et c’est aussi du côté de Laurent Escure, secrétaire confédéral de l’UNSA, que la réaction a, là aussi, été détonante. Il a jugé que cette démission « tombe mal », espérant même que son successeur « ait la même connaissance technique et le même respect pour les partenaires sociaux ». C’est tout de même une position singulière pour celui qui représente le syndicat en première ligne du mouvement de grève reconductible à la RATP. Il n’a eu cesse ensuite de minimiser cette démission affirmant que désormais « les arbitrages et le dialogue se font avec l’Elysée et Matignon ». En somme, des appels à un retour au « dialogue » à la veille d’une mobilisation majeure contre la réforme des retraites. De quoi présager la volonté du secrétaire confédérale à négocier non pas le retrait mais des amendements à la réforme comme il l’avait annoncé haut et fort, il y a une dizaine de jours. Même chez le secrétaire confédéral de la CFDT, la réaction n’a pas tari d’autant d’éloge. S’il a sans surpris vanter la « loyauté » du haut-commissaire, il s’est déclaré « ébahi » et « abasourdi » par les révélations du « Monsieur Retraites » du gouvernement.

Du côté de la CGT, si Philippe Martinez a été moins prolixe en louanges, ne regrettant pas son départ en affirmant que « tout le monde doit respecter la loi dans notre pays », il a néanmoins vanté les « qualités » de « dialogue » de Delevoye : « Il est de la vieille école, donc tout à fait le contraire de ce que prône Macron » qui ne cesse d’« écarter les syndicats ». Une manière quelque peu singulière de remettre au gout du jour le « dialogue social », à savoir la négociation, qui des années durant, a permis en échange de miette de légitimer un certain nombre de contre-réforme sociale, comme pendant l’ère Hollande avec les Accords Nationales Interprofessionnels.

En somme, plutôt que de se réjouir du départ de Delevoye, principal artisan de la réforme des retraites, et d’exiger en plus de son départ du gouvernement, qu’il remballe sa réforme avec lui, c’est bien un flot de louange qui a suivi son départ. Un départ, on le rappelle, qui fait suite à des révélations en chaîne quant à des « oublis » successifs et répétés de déclarations ouvrant à des soupçons de conflits d’intérêts que ce soit au sujet de ses liens avec les assurances privées ou avec la SNCF. En somme, il s’agit d’un signal clair des directions syndicales pour réhabiliter le « dialogue » rompu avec le gouvernement et ce à la veille d’une mobilisation très massive ce 17 décembre.

Mais comme la plupart à la base, il s’agit de le répéter : non aux négociations ! Il nous faut le retrait total de la réforme des retraites !


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