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Offensive sécuritaire

Délation des points de deal : la nouvelle sortie réactionnaire de Darmanin

En décembre dernier, Darmanin annonçait le lancement futur d’une plateforme de la police nationale qui permettrait de dénoncer anonymement des potentiels lieux de trafic de drogues. Depuis ce mercredi, il est donc possible pour quiconque le souhaite de communiquer à la police des informations, fondées ou non, sur des “points de deal”. Ce sont ces informations qui permettent la continuité de la répression que subissent les quartiers populaires sous couvert de la “lutte contre les trafics de drogue”.

Ella Dall’erta

9 mars 2021

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La délation en phase avec la politique sécuritaire du gouvernement

Ce projet d’appel à la délation, qui a remporté le premier prix des Victoires des acteurs 2021 (récompensant les meilleures initiatives de transformation de l’action publique) dans la catégorie “Grand prix des lecteurs” lors d’une cérémonie à l’Assemblée Nationale en février dernier, est une façon pour la police de redorer son image. Le projet est simple, pousser les populations à dénoncer les points de deal en bas de chez elles, en prolongeant la politique ultra sécuritaire du gouvernement. La rhétorique reste la même, après une séquence marquée par des attaques liberticides, islamophobes et des déclarations à gogo sur « l’ensauvagement des territoires perdus de la République », en effet pour définir son projet Darmanin affirmait « Notre politique, c’est celle de la transparence et des résultats concrets. C’est celle que je mène par exemple en rendant compte du nombre d’islamistes radicaux étrangers en situation irrégulière qui sont expulsés chaque mois. Il en est de même sur la lutte contre la drogue lorsque je donne mensuellement les chiffres des saisies de stupéfiants ou le nombre de trafiquants interpellés ».

Après les nombreux rassemblements contre les lois sécuritaires et liberticides telles que la Loi Sécurité Globale et la loi contre les Séparatismes, cette plateforme a également pour but de coopter les franges réactionnaires voyant dans les trafics de drogue une menace pour la sécurité de tous. De plus, en demandant à la population de participer à cette “sauvegarde” d’une sécurité en ostracisant les habitants des quartiers populaires, Darmanin se livre une nouvelle fois au tout répressif.

Dans la continuité du tournant répressif du gouvernement, le nouveau dispositif que l’on peut observer sur le site Moncomissariat.fr n’est rien de plus qu’un autre moyen de réprimer et assurer le contrôle de la police dans les quartiers populaires. En effet, Darmanin annonce fièrement que, depuis le début de l’année 2021, 301 “points de deal” ont été démantelés sur un total de 3952 cartographiés en France Métropolitaine et Outre-Mer. Ces lieux de trafics sont majoritairement situés en Seine-Saint-Denis, dans le Rhône et dans les Bouches du Rhône.

Les quartiers populaires, cibles du gouvernement

Pour Darmanin, islamisme et trafic de drogues ne font qu’un. Cet amalgame est le fruit d’une stigmatisation de ces quartiers populaires, incarné par toute la rhétorique de “l’ensauvagement” de la société qui fait l’emphase sur une insécurité irrationnelle. Par le biais de cette plateforme, le gouvernement compte bien user de ses forces répressives pour commencer la "reconquête des territoires”. Ces “territoires perdus de la République” sont explicitement visés par ce dispositif qui suit le virage à droite de l’Etat sans se cacher, en utilisant toujours plus de termes et de méthodes empruntés à l’extrême-droite. De plus, si les trafics de drogue sont aussi présents dans les départements cités plus haut, c’est parce qu’ils sont le foyer des quartiers populaires dans lesquels le marché de l’emploi est très limité et ne propose que des contrats précaires : les habitants sont en première ligne face à la précarité. S’ajoute à cela le racisme structurel d’Etat, avec des contrôles policiers quotidiens et des patrouilles fréquentes, qui ne va aller qu’en se renforçant avec l’utilisation de ce nouveau dispositif.

Dans les quartiers populaires, qui ont été durement atteints par l’aggravation de la répression avec le confinement, plusieurs vidéos des contrôles hyper violents ont tourné sur les réseaux sociaux. Les médias dominants parlaient du nombre record des contrôles dans les quartiers populaires dans la crise sanitaire, comme si finalement la montée épidémiologique s’expliquait par le « non-respect du confinement » de ces habitants. Des habitants qui pour la plupart, dépendent du travail informel, se retrouvent à la rue ou travaillent encore sans aucune protection, totalement exposés au virus.

C’est donc une attaque de plus contre les populations déjà visées par une politique raciste et xénophobe, qui subissent de plein fouet la précarité accentuée par la crise sanitaire. Encore une fois, le gouvernement occulte le vrai problème en se focalisant sur la continuité de sa politique sécuritaire, liberticide et islamophobe, et en appelant scandaleusement à la délation. Pourtant cela fait longtemps que ces logiques répressives ont montré leur inefficacité pour lutter contre le trafic de drogue, la logique de la délation en plus de son caractère sordide, sert en réalité une nouvelle fois un agenda répressif et réactionnaire.


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