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En Argentine aussi, on se mobilise !

De Macri à Macron, la casse de l’éducation

Novembre dernier, le chef du gouvernement de la ville de Buenos Aires, Horacio Rodríguez Larreta, présente le projet de loi UniCABA afin de rassembler tous les instituts de formation d’enseignants de la ville en une université unique. Depuis lors, de nombreuses manifestations occupent les rues porteñas pour exprimer le refus de plusieurs milliers d’étudiants et d’enseignants.

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Étudiante à l’Institut Lenguas Vivas Ramón Fernández, il me semble important, non seulement de défendre l’éducation publique et de me prononcer contre la fermeture de ces 29 instituts, mais également de dénoncer les décisions prises par ce gouvernement néolibéral qui, à grand pas, détruit l’éducation et les droits sociaux de ce pays. L’UniCABA est l’un des exemples parmi tant d’autres des réformes menées dernièrement.

Tous les mardis, la Commission de l’éducation est menée à l’Assemblée législative de Buenos Aires pour y débattre le projet de loi fortement appuyé par les partis politiques du gouvernement tandis que professeurs, étudiants, diplômés et spécialistes en éducation s’y opposent.

Réforme UniCABA : de quoi s’agit-il ?

Composé de 15 articles et dressé sur trois pages uniquement, ce projet de loi implique la suppression des 29 instituts de formation d’enseignants de la ville de Buenos Aires afin d’être remplacés par une université unique, l’UniCABA, déjà en construction. Plusieurs facteurs sociaux, politiques et économiques connaitront des changements importants et défavorables aux étudiants et professeurs. En supprimant la répartition des centres universitaires dans différentes zones d’une ville aussi étendue que Buenos Aires, la création de l’UniCABA obligerait des dizaines de milliers d’étudiants à parcourir de longues distances pour pouvoir étudier. Il est également question de limiter l’offre d’horaires de tous les cursus et matières, ce qui mettra de nombreux étudiants dans l’incapacité de poursuivre leurs études, la plupart d’entre eux travaillant en parallèle. L’article 10 stipule que : « L’UniCABA sera organisé en interne selon les organes de direction et d’administration établis par le statut académique à définir. Ce statut sera rédigé par le/la recteur/trice, désigné/e par le pouvoir exécutif, qui doit avoir une expérience académique reconnue et une aptitude dans le milieu universitaire, et qui dirigera le processus de formulation et de reconversion du projet institutionnel et académique. Le statut sera approuvé par le pouvoir exécutif par l’intermédiaire du ministère de l’éducation ». C’est-à-dire que le pouvoir exécutif conserverait le pouvoir de veto sur le statut. La parole des étudiants, diplômés et enseignants ne sera donc pas prise en compte.

En outre, la suppression des 29 instituts de la ville de Buenos Aires engendrerait une forte réduction des cours qui provoquerait la suppression de milliers d’emplois de professeurs mais également du personnel non-enseignant comme le personnel administratif, d’entretien, de sécurité, etc.

Le gouvernement n’a fait aucun appel au dialogue avec des professionnels de l’éducation, aucun fondement pédagogique n’a été élaboré, ni aucune étude ou investigation ont été menées afin d’évaluer et de mener à bien ce projet.

Malgré le silence des médias, la résistance s’organise

De multiples marches, assemblées, manifestations et cours ouverts se sont organisés et ont occupé les rues, depuis plusieurs mois, afin de s’opposer à la réforme et faire prendre conscience du problème à la plus grande partie de la population.

Aucun média, jusqu’à il y a une dizaine de jours, ne présentait la situation. C’est lors de l’inauguration du salon du livre à la Rural, à Buenos Aires, le 26 avril, qu’un groupe d’étudiants et professeurs ont interrompu l’acte d’inauguration afin de s’exprimer contre la fermeture de ces 29 instituts. Ayant peu de possibilité de se faire entendre, cette action a provoqué une diffusion plus importante au niveau des médias. En effet, pour la première fois, la lutte contre ce projet de loi, est finalement apparue sur les écrans et dans la presse argentine.

En France comme en Argentine, l’éducation publique en danger

L’éducation publique est l’un des premiers secteurs à être touché par les gouvernements néolibéraux, en Argentine comme en France. Réduire les financements et rendre plus « autonomes » les institutions et universités semble être une priorité pour Macri comme pour Macron. C’est le cas de l’université du Mirail, à Toulouse, avec le projet de fusion d’universités contre lequel se mobilisent étudiants et enseignants depuis plusieurs mois.

Dénoncer ces attaques contre le système éducatif en Argentine comme en France est indispensable pour faire prendre conscience à nos sociétés qu’il s’agit d’une volonté généralisée des gouvernements néolibéraux de soumettre l’éducation à la logique de la rentabilité. Cependant partager ces luttes et résistances dans le monde est également indispensable pour montrer qu’il est possible de s’y opposer et de défendre une autre vision de l’université, accessible à tous et non soumise à la loi du marché.


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