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2ème rentrée sous Covid et sans moyens supplémentaires

Dans les lycées de Saint-Denis, les profs en grève contre une « rentrée apocalyptique »

« Pas d’infirmière, pas d’assistante sociale. Élèves en danger » dénoncent les enseignants du lycée Bartholdi de Saint-Denis (93) en grève ce jeudi 16 septembre. Tout comme leurs collègues du lycée Paul Éluard, voisin, les enseignants se mettent en grève pour dénoncer l’état de désorganisation et l’absence de moyens alloués au pôle médico-social, en pleine crise sanitaire.

Yano Lesage

16 septembre 2021

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Un manque de moyens sanitaires et sociaux criant….

« Aujourd’hui, c’était lycée mort » au lycée professionnel Bartholdi de Saint-Denis. Ce jeudi 16 septembre, cas rare, l’établissement a dû fermer ses portes face à la mobilisation des enseignant.e.s très massivement en grève. A près de deux semaines de la rentrée, l’établissement ne compte toujours pas d’infirmière, ni d’assistante sociale pour accueillir et prendre en charge les élèves. En pleine crise sanitaire, le fait que le pôle médico-social ne soit toujours pas pourvu inquiètent les enseignant.e.s : « les élèves en danger », affiche la banderole. En effet, on s’étonne que pour la deuxième rentrée sous Covid, l’urgence ne soit pas mise sur ces recrutements, alors que la Seine-Saint-Denis a particulièrement souffert de la crise sanitaire et social du Covid-19. Et que sans cet encadrement médico-social, ce sont les conditions d’enseignement et de prise en charge des élèves qui en pâtissent directement.

Dans ce contexte déjà tendu, ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la décision du rectorat de supprimer un poste administratif, laissant l’établissement sans chef des travaux ; décision sur laquelle le Rectorat de Créteil est revenu à la suite de l’annonce de la grève des enseignant.e.s qui ont rejoint leurs collègues du lycée Paul Éluard en grève ce jeudi 16 septembre. Comme quoi, la mobilisation paye !

Une rentrée impréparée

Déjà vendredi 10 septembre, une trentaine d’enseignant.e.s étaient en grève à Paul Eluard et ont décidé de reconduire la mobilisation ce jeudi 16 septembre avec leurs collègues de Bartholdi. En effet, la situation de cet autre lycée de Saint-Denis est très similaire à celle de Bartholdi : là aussi, ce sont trois postes de surveillants qui ne sont toujours pas pourvus, il manque une assistante sociale et une Conseillère d’orientation psychologue. Plus globalement, « la rentrée est apocalyptique » commente un enseignant : « On cumule. Il y a les problèmes d’emploi du temps, l’insuffisance des salles et les élèves qui errent à la recherche de leur salle de cours… ». Un bâtiment entier n’a toujours pas accès au réseau, ni ne dispose des logiciels élémentaires pour faire cours. « le PC de ma salle sert uniquement à donner l’heure »

Comme anecdote de cet état de désorganisation, la mise en place des spécialités : de manière arbitraire, une option « littérature anglais » a été arbitrairement remplacée par « anglais – monde contemporain ». Jusqu’à plusieurs jours après la rentrée, les professeurs d’anglais ne savaient pas quelle était l’option proposée aux élèves… Impossible pour ces derniers de choisir, et pour les enseignants d’être en mesure de préparer les cours pendant l’été.

Hausse des effectifs en pleine pandémie

En plein contexte épidémique, ce n’est rien ou presque qui a été ajouté au protocole sanitaire indigent déjà présent l’année précédente : on recommande d’ouvrir des fenêtres qui ne s’ouvrent souvent pas, de garder ses distances dans des cantines et des couloirs bondés. Pis, les effectifs augmentent dans les classes. Les dédoublements qui avaient valu l’année précédente dans les lycées ne sont plus au goût du jour du Ministère.
A Éluard, « le Rectorat de Créteil n’a pas voulu permettre la création d’une 18ème seconde ce qui aurait permis de limiter les effectifs à 24 élèves par classe comme les années passées » explique un enseignant de Paul Eluard. « Dans une mauvaise foi incroyable, face à notre demande, le Rectorat nous a retorqué que ce n’était pas le nombre d’élève par classe qui influait sur le niveau des élèves. Alors qu’on sait très bien que les conditions d’encadrement jouent sur le suivi des élèves ». En l’état, la 17ème seconde devait ainsi contenir 48 élèves... Une 18ème seconde a finalement été créée, mais uniquement grâce aux heures supplémentaires des enseignants. Aucun moyen supplémentaire n’a été donné par le Rectorat pour obtenir des effectifs corrects en classe de seconde.

Soutien des parents d’élèves et coordination entre les lycées

Sur les deux établissements, la mobilisation se poursuit et se construit, forte des premières victoires engrangées. En témoigne la mobilisation du 16 septembre, commune aux deux établissements et qui a été décidée conjointement.

Elle se forge également avec les parents d’élèves : une réunion s’est tenue le mardi 14 septembre avec les enseignant.e.s de Paul Éluard, et d’autres sont appelées dans les semaines à venir. La FCPE locale a d’ailleurs décidé de soutenir la mobilisation des enseignant.e.s.

Mais ce sont bien d’autres établissements qui sont confrontées aux mêmes problématiques : sureffectifs, indigence du pôle médico-social, non remplacement ou absence de recrutement sur des postes d’enseignants, d’administratifs, de CPE… Avec la crise sanitaire, ces manques de moyens deviennent d’autant plus criants qu’ils mettent en péril la scolarité mais aussi la sécurité des élèves et des personnels. Face à cette casse organisée de l’éducation publique appelée de ses vœux par Blanquer, particulièrement vive dans les quartiers populaires, l’urgence est à la mobilisation. Comme ont pu le montré les enseignant.e.s et les parents d’élèves des lycées Eluard et Bartholdi.


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