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Régionales.

Dans l’ombre du FN, alliances et recompositions déplacent le curseur à droite

Romain Baron Depuis les municipales du printemps dernier, l’échiquier politique de l’hexagone est officiellement marqué par un tripartisme consacrant, à côté du PS et de Les Républicains, le FN comme troisième force électorale, en particulier dans les régions PACA et Nord Pas-de-Calais. A l’approche des régionales en décembre prochain, le processus se confirme, faisant frémir, dans un paysage augurant d’une nouvelle défaite du PS, différentes recompositions de la droite à la « gauche de la gauche », toutes marquées - directement ou non - par la pression à droite exercée par le parti frontiste.

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Le Pen au Nord, Le Pen au sud

Marine Le Pen, au sortir d’une enquête menée par l’Ifop pour La Voix du Nord et Le Courrier Picard, est donnée gagnante au 1er tour en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, devant Xavier Bertrand et loin, très loin devant le candidat PS Pierre de Saintignon (au point que même une vaste alliance PS-EELV-Front de Gauche resterait derrière elle, comme X. Bertrand du reste, au 2nd tour). Dans le même temps Marion Maréchal-Le Pen talonne Christian Estrosi sur les terres provençales, maniant à tout va, à l’image de son discours du Pontet dans le Vaucluse début juillet, la « PACA bleu-blanc-rouge » contre la « PACA black-blanc-beur », tout l’attirail frontiste traditionnel, xénophobe, populiste et réactionnaire, à l’appui. Le FN avait déjà conquis six cantons dans le Nord Pas-De-Calais aux départementales. Manifestement son implantation et sa légitimation continuent leur chemin, et à n’en pas douter une victoire de Marine Le Pen, 18 mois avant les présidentielles, renforcerait sa position dans la machinerie électorale
Face à cette situation, premier élément nouveau, le « front républicain » contre le FN n’est plus automatiquement de mise comme option alternative à des candidatures séparées. Une proposition d’alliance PS/LR a été lancée, sous couvert d’anonymat, par un ministre du gouvernement Valls. Cela n’a évidemment pas été sans susciter des frictions du côté du premier secrétaire du PS J.-C. Cambadélis. Valable avant tout dans le cas où le PS serait en 3ème position, comme en Nord-Pas-de-¬Calais-Picardie et en PACA, il s’agirait de procéder une fusion « technique » des listes PS et Les Républicains, qui permettrait à des élus PS de siéger, tout en laissant les sièges dirigeants aux Républicains. Certes cette perspective n’enchante pas ceux qui, au PS, refusent encore d’abdiquer sur absolument tout et pointent le flirt nauséabond de l’ex-UMP avec le parti d’extrême-droite. Cette alliance est réciproquement dénoncée à droite, par ceux qui se sentent plus proches du FN que du PS, à l’image, au premier chef, d’un Sarkozy ou d’un Estrosi qui, par-delà le duel de conjoncture avec Marion Maréchal-Le Pen, travaillent sur le même terrain idéologique que l’extrême-droite, celui des barbelés et des camps anti-migrants au premier plan en ce moment. Mais qu’elle puisse émaner d’un ministre PS, pour « technique » qu’elle soit présentée, révèle ni plus ni moins que l’idée est dans l’air. Elle est en tous cas de la poursuite du tournant réactionnaire du socialisme de pouvoir : un militarisme chaque jour plus prononcé et des attaques à la chaîne contre les travailleurs et leurs conquêtes historiques sur le temps et les conditions de travail, tandis que s’essouffle un semblant d’humanisme pro-migrants qui n’a pas fait illusion longtemps - la répression et la xénophobie d’Etat ayant rapidement repris de plus belle.


Écologistes toujours tiraillés, Front de Gauche toujours divisé, et un Mélenchon prêt à tout pour sortir la tête de l’eau

Côté centre et gauche, les tiraillements n’en finissent plus chez les écolos. A Paris, sous la pression d’une frange clairement pro-PS de ses élus ou militants - qui reste puissante malgré la sortie à droite de Jean-Vincent Placé et du député François de Rugy - le conseil politique régional d’EELV vient de rejeter la poursuite des négociations avec le Front de Gauche, le PG en particulier. Il choisit de mener la campagne tout seul, tout en se positionnant en PS-compatibles. Dans différentes régions cependant, l’alliance EELV-Front de Gauche PG a pu s’engager, en particulier dans le Nord-Pas de Calais. C’est ce type d’alliances, d’ailleurs, que Mélenchon, toujours à la recherche de forces d’appoint dont il souhaiterait être le porte-drapeau, ambitionne à tout crin. Il fait les yeux doux au PCF et à EELV, appelle à « l’union de l’opposition de gauche » et cherche notamment à arrondir les angles avec le PC afin de « trouver les convergences nécessaires ». Jusqu’où son opportunisme complètement décadent, envers du pot-pourri idéologique, national-républicain, qui lui sert de doctrine, est-il capable d’aller ?
Alors qu’il vient de faire le beau avec quelques autres grands « ex » ministres européens pour lancer, depuis la Fête de L’Humanité, un « plan B » pour la Grèce, Mélenchon a ainsi tenu à s’aligner sur Pierre Laurent, resté un inconditionnel de Syriza, trahison de Tsipras ou non : « Que les choses soient claires, je ne suis pas devenu anti-Tspiras », a-t-il précisé dans une interview le 16 septembre… alors même que le leader de Syriza louche maintenant activement du côté du PASOK pour pouvoir se constituer une nouvelle majorité. Mélenchon n’a pas manqué, du même coup, de saluer l’appel de quatre députés de gauche - Sergio Coronado (EELV), Jacqueline Fraysse (PCF), Isabelle Attard (ex-Nouvelle Donne) et Philippe Noguès (ex-PS) - à créer un nouveau « groupe rouge-rose-vert » à l’Assemblée pour défendre une politique « anti-austéritaire, écologiste et sociale ». On peut déjà anticiper l’inefficacité de ce nouveau groupe à changer le quotidien de ceux qui subissent cette austérité, les salaires de misère, le travail abrutissant, le chômage et la stigmatisation. En revanche c’est certainement l’esquisse de la future alternative institutionnelle à la mode « gauche plurielle », bien racoleuse, qui pourra naître sur les centres du PS, quand celui-ci aura assumé le basculement de son centre de gravité dans le camp de la réaction sur toute la ligne, et que les « frondeurs » n’auront eu d’autre choix que d’en sortir.

Dans ce contexte-là, à l’échelle hexagonale, l’espace à gauche et à l’extrême-gauche est littéralement vide. Face à ces candidats (avoués) de l’austérité et des patrons, ou (inavoués) de la conciliation de classe à la sauce « dialogue social » et dont « l’alternatif » sent à mille lieues « l’alternance », une campagne résolument anticapitaliste et unitaire des organisations révolutionnaires aurait ainsi eu tout son sens : sans la moindre ambiguïté réformisante ni illusion municipaliste ou régionaliste, directement ancrées dans la participation aux luttes, avec des listes de travailleurs, de femmes, de jeunes, référents du mouvements LGBTI ou antiraciste. Elle se serait saisie de l’opportunité de reconquérir tous ces exploités, ces jeunes, ces retraités, qui, faute de mieux, la politique ayant horreur du vide, continuent de se tourner vers les idées les plus réactionnaires qui soient, parce qu’elles seules leur apparaissent aller contre le système.


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