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Le nouvel épicentre

Crise sanitaire aux États-Unis : la gestion catastrophique de la première puissance mondiale

Les États-Unis sont en passe de devenir le nouvel épicentre de l'épidémie avec près de 12000 morts. La première puissance mondiale se révèle incapable de faire face à la crise. Ce mardi, rien que dans l’Etat de New York, ce sont 731 morts qui ont été comptabilisés.

Cléo Rivierre

7 avril 2020

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L’épidémie de Coronavirus continue de se répandre dans le monde et les États-Unis sont en passe de devenir le nouvel épicentre de l’épidémie. D’après les chiffres de l’Université Johns Hopkins ce mardi, le pays fait état de près de 400 000 cas et 13 000 morts du Coronavirus. L’État de New York constitue le principal foyer, avec plus de 4 000 morts pour la seule ville de New York. En 24h, ce sont 731 morts qui ont été enregistrés ce mardi dans l’Etat, où toutes les solutions sont envisagées, comme la mise en place d’un hôpital dans une cathédrale.

De plus, selon Le Figaro, « les États-Unis se préparent à subir une hausse importante des victimes de l’épidémie de Covid-19 (…). Les déclarations des autorités sanitaires n’ont laissé planer aucune ambiguïté : le pire est à venir. Afin de souligner la gravité du moment, l’officier qui dirige [le] service de santé fédéral l’a comparé à d’autres tragédies nationales : "Ce sera notre Pearl Harbor, notre 11 Septembre, mais il ne sera pas localisé. Cela va se produire dans tout le pays." »

Une gestion catastrophique de la crise sanitaire

Si la situation est si grave, c’est en grande partie à cause d’une gestion catastrophique du gouvernement états-unien. Le pays fait face à une pénurie de respirateurs artificiels, de matériel de protection et effectue relativement peu de tests de dépistage.

Comme l’écrivent nos camarades de Left Voice, journal-frère de Révolution Permanente aux États-Unis, « Il y a deux mois déjà, General Motors et d’autres grands producteurs industriels auraient pu s’associer à des fabricants d’appareils médicaux pour produire des milliers de ventilateurs dont le besoin se fait cruellement sentir. Au vu de cette incapacité de l’industrie, le gouvernement aurait dû intervenir fin janvier, mettre ces producteurs sous son contrôle, les rééquiper et commencer immédiatement à produire des ventilateurs d’urgence. Trump vient seulement d’invoquer la Defense Production Act [loi pour réguler la production en temps de guerre] ce mois-ci, et il n’y a ni engagement de quantité ni date de livraison connue du public en ce qui concerne la production d’équipements médicaux. Les semaines qui viennent de s’écouler, marquées par l’inaction du gouvernement, vont donner lieu à des morts qui auraient pu être évités. »

De la même manière, « le gouvernement américain a refusé d’utiliser les tests fournis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), créant ainsi artificiellement une pénurie de tests. Cela a conduit à a) sous-estimer le nombre de cas et b) à rendre impossible le diagnostic et le suivi des contacts (stratégie de la Corée du Sud). Le virus s’est répandu comme un feu de forêt, sans que les autorités publiques ne s’en aperçoivent. »

La crise sanitaire tient aussi au fait que « les différents gouvernements – fédéraux, des États et des villes – n’ont pas fourni d’équipements de protection individuelle adéquats aux travailleurs en première ligne. En conséquence, les soignants tombent malades et meurent du COVID-19 et ce à un rythme alarmant, ce qui contribue à un grave manque de personnel dans les hôpitaux ». Comme en France, dans certains hôpitaux, les soignants sont forcés de réutiliser les masques et les gants malgré les risques que cela comporte, ou bien utilisent des sacs-poubelle pour remplacer les blouses qu’ils n’ont pas.

La situation est telle qu’à New York, l’on en vient à envisager d’enterrer les morts du Covid-19 dans les parcs municipaux. D’après Courrier International, « En raison [du] manque d’espace dans les morgues, des camions frigorifiques ont été acheminés vers les hôpitaux “pour y entreposer les corps des victimes”. (…) Selon National Review, ces inhumations temporaires se feront “probablement en utilisant un parc de la ville de New York”. » Mark Levine, conseiller municipal de New York et président de la commission de santé du conseil municipal, explique que « Des tranchées seront creusées pour accueillir des rangées de 10 cercueils. Cela sera fait de manière digne, ordonnée et temporaire. Mais ce sera difficile à vivre pour les habitants de New York. ».

Une crise politique et économique

L’ampleur de la catastrophe est une conséquence des très fortes inégalités qui règnent aux États-Unis et du système de santé privé très onéreux. La gestion catastrophique est aussi, en partie, une conséquence de la légèreté avec laquelle Donald Trump a pris le problème dans un premier temps.

Nos camarades de Left Voice donnent leur point de vue : « Dès le début, Donald Trump a minimisé le coronavirus à plusieurs reprises. Encore aujourd’hui, il n’a toujours pas lancé de projet coordonné au niveau fédéral pour endiguer la pandémie. Le 22 janvier, lorsque le premier cas a été diagnostiqué aux États-Unis, Donald Trump déclarait : "Nous avons la situation totalement sous contrôle. Il s’agit d’une personne, venant de Chine. Nous avons la situation sous contrôle. Tout va bien se passer". En sous-estimant la propagation et la gravité de l’épidémie, des centaines, puis des milliers de nouvelles contaminations sont passées inaperçues sur le territoire américain, sans qu’aucun test n’ait été effectué. »

Mais aujourd’hui, cette gestion erratique met le pouvoir en crise. En effet, alors que la campagne présidentielle de Trump a dû être interrompue, son scepticisme au début de l’épidémie le met aujourd’hui en mauvaise posture, bien qu’il prenne désormais la mesure de la crise sanitaire. De plus, celui qui s’est toujours présenté en champion de l’économie va désormais devoir faire face à une récession et à des taux de chômage qui explosent.

Les travailleurs payent la crise

Il y a deux semaines, on apprenait que le nombre d’inscriptions au chômage avait augmenté de 3,3 millions en une semaine. Les chiffres de la semaine dernière montrent que 6,6 millions de nouvelles inscriptions au chômage ont été déposées. Un total de près de dix millions en seulement deux semaines. Bien que ces chiffres n’incluent que ceux qui ont demandé des indemnités de chômage – et n’incluent pas les millions de travailleurs sans papiers qui ont probablement perdu leur emploi mais ne sont pas éligibles au chômage – ils indiquent néanmoins clairement que le nombre de suppressions de postes a augmenté de manière exponentielle depuis le début de la pandémie de coronavirus. Il s’agit de la plus importante vague suppressions de postes depuis la Grande Dépression. À titre de comparaison, les États-Unis ont vu 12 millions d’emplois supprimés entre 1930 et 1932. Il s’agit aujourd’hui d’au moins autant d’emplois supprimés, et ce en deux semaines seulement.

Selon Left Voice, « Les gouvernements (fédéral, des États, municipal) ont refusé d’accorder des congés maladie, et ce même face à la crise imminente. Cela n’a pas permis aux travailleurs contaminés et à ceux présentant un risque élevé de complications de rester chez eux. Les travailleurs contaminés ont continué à aller travailler, comme ils le font par défaut aux États-Unis (70 % des épidémies de norovirus [virus qui cause la gastro-entérite] aux États-Unis sont causées par des travailleurs du secteur alimentaire qui continuent à aller au travail malgré qu’ils soient contaminés. La crainte de perdre leur emploi ainsi que celle de laisser leurs collègues à court de personnel sont des facteurs importants dans cette décision. Ainsi, on comprend bien comment le coronavirus a continué à se propager. Recommander aux gens de se confiner ne sert pas à grand-chose si les travailleurs qui décident de le faire perdent leur salaire. »

Dans certains secteurs, les travailleurs passent à l’offensive face à cette situation. Ainsi, lundi dernier, un millier de travailleurs d’une usine de conditionnement de viande dans le Colorado ont débrayé après avoir appris que 10 de leurs collègues avaient contracté le coronavirus. Ils demandent à être reconnus comme faisant partie de la catégorie des « travailleurs essentiels » afin de pouvoir bénéficier de congés maladie et d’un service de garderie gratuit. Des grèves ont également eu lieu dans la grande distribution, notamment chez Amazon, et dans les usines General Electric où les travailleurs revendiquent la reconversion de la production pour fabriquer des masques.


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