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Santé

Crise à l’hôpital : rien à attendre de Macron, tous en grève le 7 juin pour des moyens et des embauches

Ces dernières semaines, les fermetures de service, les mobilisations d’hospitaliers et d’usagers ont remis sur le devant la scène la situation critique de la santé. Mardi 7 juin, l’intersyndicale appelle à une date de mobilisation nationale à l’hôpital. Une date importante qui doit servir à unir la colère des différents secteurs de la santé et à préparer un plan de bataille.

Nathan Deas

3 juin 2022

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L’hôpital public va mal, les services d’urgence vont très mal

L’hôpital public va mal, les services d’urgence vont très mal. Symptôme et conséquence d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de la Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Par manque de personnel hospitalier, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été. Les grippes saisonnières, les bronchiolites infantiles, puis la pandémie de Covid passent et chaque fois les mots manquent pour parler de la saturation, l’asphyxie, l’épuisement des personnels.

La période estivale traditionnellement synonyme de réductions d’effectifs, n’a pas encore commencé que plusieurs dizaines de service suspendent déjà leurs activités la nuit. A Bordeaux, depuis le 18 mai dernier, les 800 000 habitants de la ville sont triés à l’entrée des services d’urgences à partir de 17h. Selon le SNPHARE, le syndicat des anesthésistes, 120 services d’urgence sur les 600 que comptent le territoire ont dû suspendre partiellement ou complètement leurs activités.

En déplacement à Cherbourg ce mardi, le chef de l’Etat a tant bien que mal tenté de désamorcer la colère. Mais l’énième « mission d’information » promise en guise de révolution n’a pas convaincu. « Le gouvernement fait l’ignorant mais les problèmes sont connus. Les syndicats, les collectifs, les coordinations ne cessent de faire des propositions : les directions d’hôpitaux et le gouvernement n’entendent que ce qu’ils veulent. L’exécutif cherche avant tout à gagner du temps en période électorale. Mais si nous ne sommes jamais entendus, c’est bien que ses intentions sont toutes autres » réagissait Sylvain Murat, brancardier au CHU De Pellegrin à Bordeaux et représentation Sud Santé Sociaux, dans nos colonnes.

Le scénario du pire et une colère qui monte

Dans une tribune publiée dans Le Monde Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne, prophétise :« Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques le démontrent, l’engorgement aux urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. »

Selon 9 syndicats et collectifs, qui appellent à la grève ce mardi 7 juin, la situation ne peut plus durer. « Nous sommes dans une situation inédite : il n’y a jamais eu autant de fermetures de services d’urgences. Il n’y a jamais eu autant de fermetures de lits, jamais eu un taux d’absentéisme aussi élevé partout », résume Cédric Volait animateur du groupe de travail national de la CGT sur les services d’urgence.

Face à la maltraitance des patients, à la souffrance des soignants et aux fermetures de services, les mobilisations se multiplient. Dans ce contexte, un appel intersyndical a été lancé pour le 7 juin dans tout le secteur de santé et un préavis d’une semaine à compter du 7 juin a été lancé aux urgences.

Frapper tous ensemble pour une revalorisation des salaires et des moyens

Parmi les revendications figurant dans l’appel à la mobilisation : le « Recrutement de professionnel•le•s supplémentaires immédiatement et plan de formation pluridisciplinaire, ratio de personnel adapté à la charge de travail, respect des équipes et des plannings », la « Revalorisation générale des salaires pour rattraper les 10 ans de blocage, reconnaissance des contraintes et des pénibilités horaires (nuit, week-end) et reconnaissance des qualifications des professionnel•le•s », mais aussi le« renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements, recrutement de personnels (brancardiers, coursiers, logisticiens, secrétaires) permettant de recentrer les soignants sur leur métier ». La date du 7 juin devra également être l’occasion de revendiquer la fin des suspensions et des sanctions contre les soignants. Face à la crise de l’hôpital et la pénurie en personnel, le maintien du pass sanitaire à l’hôpital est plus que jamais criminel.

Alors que la crise hospitalière, particulièrement celle des urgences, avait déjà déclenché des mobilisations nationales en 2019, l’appel à la grève du 7 juin fait suite à la colère qui s’est exprimée à la base ces dernières semaines. Depuis des mois, les situations critiques ont essaimé des réactions épidermiques et parfois massives contre la fermeture d’urgences ou de services hospitaliers. Le 10 mai plus de 3000 personnes se sont rassemblées devant les locaux de la sous-préfecture d’Oléron Sainte Marie, suite à l’annonce de la fermeture pour 4 mois du service d’urgence. L’ARS a été contrainte de faire marche arrière. A Dreux, suite à un préavis de grève déposé par la CGT, les soignants ont obtenu l’ouverture de postes supplémentaires. Pas moins de 500 personnes se sont retrouvées le 12 mai devant le CHU de Poitier. A Bordeaux, également, habitants et travailleurs de l’hôpital se sont rassemblés le 24 mai pour dénoncer les mesures de restrictions mises en place sur les urgences de nuit.

Alors que la colère n’est plus à démontrer et que les grèves services par services portées par les directions syndicales ont clairement montré leur incapacité à construire un vrai rapport de force, il est nécessaire de doter le mouvement hospitalier d’une stratégie qui se donne les moyens d’unir les différents services de l’hôpital en lien avec les autres secteurs du privé et du public en lutte pour les salaires. Si la mobilisation prendra des formes distinctes localement, ce mardi 7 juin est ainsi une première occasion d’unir la colère – de tous les secteurs de l’hôpital- et de se mobiliser contre le mépris du gouvernement et la casse des services publics essentiels.

Pour l’emporter face au gouvernement, cette date doit permettre de poser la question de la construction d’un plan de bataille d’ensemble. Sur ce terrain, c’est notamment en allant chercher le soutien de la population, et notamment ses couches populaires qui sont les plus impactés par la destruction des services de santé, que la mobilisation pourra acquérir d’autant plus de poids dans le rapport de force. Plus largement, alors que dans le contexte de l’inflation et face à la vie chère, un certain nombre de grèves isolées voient le jour pour revendiquer des augmentations de salaires, il est clair que l’annonce de mobilisations sectorielles n’apporte pas une réponse à la hauteur des enjeux. Au contraire, il est urgent d’exiger des directions syndicales un plan de bataille clair et visant à la convergence de l’ensemble des secteurs du public et du privé en première ligne de la crise économique et des attaques à venir. Pour la défense du service public et les salaires.


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