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Second discours à la nation

Covid assassin, Macron complice !

Rarement on aura vu discours aussi arrogant, mélange de mots ronflants et de grotesque. Singeant la mine grave des présidents devant affronter des heures sombres, Macron a trouvé le responsable de la crise actuelle et s’est choisi un programme : les « gens » qui font preuve d’irresponsabilité, dans le premier cas, et le flou, dans le second. Pour ce qui est des mesures concrètes, il faudra attendre encore plusieurs heures, ou demain, que Philippe ne les décline. Et dire qu’on est en pleine course contre la montre…

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Crédits photos : PHOTO : ASSOCIATED PRESS / BOB EDME

Il fallait en effet une sacrée dose de culot et faire preuve de mémoire courte pour aborder son discours comme l’a fait Macron, ce lundi. Après que lui et ses ministres nous ont assuré de tout et son contraire, mais surtout qu’il n’y avait rien à craindre du Covid- 19, nous invitant à aller au théâtre, à continuer à envoyer les enfants à l’école et, surtout, à aller voter, ce dimanche, le président a eu le toupet de se plaindre du non-respect « des consignes », ce dimanche. Lesquelles ? Le fait que 46% des 47,1 millions d’électeurs et d’électrices se soient rendus aux urnes dans des conditions d’hygiène absolument sidérantes pour tout spécialiste de médecine un peu sérieux, en phase de pandémie mortelle ? [1] [1]

Histoire de nous faire comprendre la gravité de la situation, nous autres qui sommes aussi peu dotés de sens civique, Macron n’a pas lésiné sur l’anaphore : « nous sommes en guerre ». La formule, répétée six fois, aurait pu faire penser à un moment gaullien ou churchillien de Macron, pour prendre les références qui sont les siennes. Il n’en est rien. N’est pas Charles ou Winston qui veut et, en guise de plan de bataille, Macron n’a été capable de fournir que des bribes de demi-mesures. Là encore, si l’on s’en tient aux standards européens actuels, en l’occurrence les décisions prises par Madrid et Rome, Paris a, de nouveau un train de retard, alors que l’épidémie tue déjà, à grande échelle.

Au niveau de la communication - une question centrale, en temps de guerre - Macron a appelé à ne céder ni à la panique, ni aux rumeurs, ni aux fake-news. Mais c’est lui et son gouvernement, la conduite erratique de l’exécutif, qui fomentent l’inquiétude. Ces derniers temps, en effet, pas un seul ministre qui dise la même chose que l’autre, pas un seul membre du gouvernement qui soit en capacité de donner une vision claire des choses. En revanche, comme le soulignait Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, lundi matin, sur France Inter, incapable d’affirmer ou de récuser les rumeurs circulant autour de l’intervention possible de l’armée, les « Français » vont devoir « imprimer ». C’est-à-dire qu’au cas où nous n’ayons pas compris la gravité de la crise, en cas « d’infraction », Macron promet de nous « sanctionner » et sa porte-parole de nous faire « imprimer ».

Plus concrètement, on aurait pu imaginer que le programme de l’exécutif aurait prévu le confinement généralisé, l’annonce d’une aide massive au système de santé et la fermeture de toutes les activités non-stratégiques pour limiter les déplacements aux seuls secteurs stratégiques. Mais, là encore, Macron a poursuivi sur la voie des contorsions et des incohérences : pas de réquisition des structures privées et de l’industrie pharmaceutiques, juste la mise en place d’un hôpital de campagne en Alsace ; pas de confinement généralisé, juste une restriction sur les trajets pendant quinze jours ; pas de fermetures des entreprises, foyers d’incubation par excellence, bien entendu, puisqu’il faut maintenir l’activité. Cette dernière (non)-mesure est à mi-chemin entre l’incohérence, au regard de la réalité, et le jusqu’auboutisme pro-patronal. En effet, dans certains secteurs, l’activité s’est d’elle-même réduite ou arrêtée. Ailleurs, dans certaines grandes entreprises, non par altruisme, mais aussi parce que les commandes baissent, les patrons ont décidé de fermer. Pas partout, c’est sûr, notamment dans la grande industrie, et c’est là un autre des aspects criminels du discours de Macron : le fait de ne pas avoir décrété la fermeture de tous les lieux de travail dont l’activité n’est pas essentielle à la lutte contre l’épidémie.

Mais qu’on ne se trompe pas : Macron a, avec lui, « la science ». Le mot tourne en boucle depuis quelques jours, a été répété à l’envi par les représentants du gouvernement sur les plateaux télés post-électoraux de dimanche et a été repris par le président dans son allocution. Il ne faudrait pas paniquer car « le conseil scientifique » aurait donné son avis. Mais quelle confiance avoir dans un « conseil » composé « d’experts » qui, pour certains, affirmaient encore il y a quelques semaines qu’il s’agissait d’une grippe comme une autre ? Macron a beau jeu d’invectiver les « demi-experts » et les « faux-sachants ». Celui qui, jusqu’à présent fait montre de son incapacité à anticiper la crise et à planifier sa réponse s’appelle, tout bonnement, Emmanuel Macron.

Après avoir laissé dans le vague la déclinaison concrète des mesures qu’il a décrites dans ses grandes lignes –au sujet de ce qu’impliquent les restrictions de déplacement sur 15 jours, sur le rôle des armées, etc. -, Macron a promis de nous dire « toute la vérité » et s’est dit assuré de « pouvoir compter [sur nous] ». Deux choses, en guise de conclusion, à ce stade : si c’est la même « vérité » que celle qui nous a été servie au cours de ces dernières semaines, on peut s’attendre à tout. Et, plus que jamais, le monde du travail, les classes populaires et la jeunesse savent qu’ils ne peuvent faire aucune confiance en Macron. C’est par la solidarité, la responsabilité, l’appui aux travailleuses et aux travailleurs qui sont sur des fronts exposés, par le soutien aux personnels médicaux, que nous serons en mesure de répondre à cette situation catastrophique. Côté gouvernemental, c’est encore une fois une démonstration de bêtise et d’incompétence crasse que nous a livrée Macron. Avant le prochain discours, « solennel », bien entendu. Dans l’intervalle, c’est un temps précieux qui est perdu.


[1On notera par ailleurs la légèreté avec laquelle Macron s’est félicité des élections au premier tour de 30.000 maires, sur les 35.000 communes que compte le territoire, pour passer, après, à un report à une date indéterminée du second tour, qui risque fort d’entraîner l’invalidation du premier tour là où aucun candidat n’aurait été élu



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