Avec 40.000 participants attendus, un budget fixé à 170 millions d’euros et 195 pays participants, la COP 21,qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre au Bourget (Seine-Saint-Denis) est l’un des événements majeurs du quinquennat d’Hollande. Au plus bas dans les sondages, le Chef de l’Etat entend profiter de l’événement pour redorer son image, tant sur le plan international que dans l’opinion publique. C’est en ce sens que le Président a annoncé la suppression immédiate des "crédits exports pour tous les nouveaux projets de centrale à charbon qui ne sont pas dotées d’un dispositif de capture et stockage de CO2". Quelques jours seulement après le cafouillage de Ségolène Royal au sujet de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, qui avait provoqué l’ire des écologistes, Hollande tente clairement de recoller les morceaux. Prônant une France "exemplaire" et qui entend « [s’] engager encore plus rapidement vers la voie d’une économie décarbonnée", le chef de l’Etat a redoublé d’effort pour apparaître comme un candidat crédible à sa propre succession en 2017.
Une conférence comme un coup d’épée dans l’eau
"Il y a un risque majeur que nous échouions". Avec ses déclarations catastrophistes, François Hollande tente de monter en épingle les enjeux de cette conférence. Faisant ainsi croire que la signature d’un accord serait l’Everest qui permettrait d’être à la hauteur des enjeux climatiques qui mettent en péril la planète. Qu’un accord à Paris signifierait un succès politique qu’il faudrait mettre à son crédit. Si la réticence des Etats-Unis, à lui seul responsable de 20 % des émissions de CO2 dans le monde, et le fait que seul 70 des 195 pays participants ont chiffré leur engagement quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, rendent la signature d’un accord total quasi-impossible, des accords à minima seront à coup sur présentés comme des pas en avant. Pays hôte, la France passerait pour le moteur de la conférence, exemplaire et orientée vers une "économie verte", ce que le Président compte bien capitaliser politiquement jusqu’à la dernière miette. La COP 21 est pour Hollande, engagé dans une course contre la montre en vue de 2017, une aubaine et une étape clef de son opération de reconquête entamée depuis quelques semaines.
Mais soyons clair. La COP 21, accord total ou pas, ne changera en rien les politiques de production d’énergie en vigueur, et ce malgré l’urgence écologique et les désastres qu’elles ont engendrés. Ainsi les objectifs visés, déjà largement décriés, sont jugés extrêmement insuffisants pour inverser la tendance d’un réchauffement global pouvant atteindre les 6°C . Mais pouvait-il en être autrement ? En s’attaquant aux conséquences (les gaz à effet de serre) sans jamais prendre en compte les causes (production, agro-industrie, exploitation d’énergies fossiles, etc ...), les classes dominantes veulent créer l’illusion d’une solution miracle : le "capitalisme vert". Mais un système fondé sur la recherche permanente de profits immédiats et qui guette sans cesse de nouveaux marchés exploitables - et l’écologie peut se révéler être très lucrative - ne peut, de par sa nature, qu’aggraver la situation environnementale et sociale actuelle. Alors que, selon l’ONU, "environ 150 millions de réfugiés du climat devraient être déplacés d’ici à 2050" et que les catastrophes climatiques se multiplient, la COP 21 s’annonce comme un véritable coup d’épée dans l’eau, une mascarade dont le but est de capitaliser politiquement sur des accords à minima, pour Hollande comme pour les autres.
Présenté comme une conférence devant marquer l’histoire face à l’urgence environnementale, la COP 21 de décembre prochain ne fait qu’exposer aux grands jours les travers du système capitaliste. Rien ne peut se mettre en travers de la logique de maximisation des profits, pas même une situation si catastrophique qu’elle pourrait mettre en péril l’espèce humaine elle-même. En faisant passer les émissions des gaz à effet de serre comme l’ennemi à abattre, les classes dominantes invisibilisent le problème, pour préserver leurs intérêts particuliers. Pour faire face à la situation, les mobilisations cordonnées à échelle internationale des organisations écologistes, de la jeunesse et du mouvement ouvrier prévues lors de la tenue de la COP 21 font office de premier pas pour mettre un terme à ces politiques dictées par les logiques productivistes, au détriment de l’écosystème et de la biodiversité.
