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Comment la direction de la SNCF tente de briser la grève

A peine les annonces d’Edouard Philippe ce mercredi terminées, Jean-Baptiste Djebbari rencontrait le PDG de la SNCF Jean Pierre Farandou pour déléguer à celui-ci la charge de convaincre l’ensemble des agents alors que ceux-ci entamaient leur deuxième semaine de grève reconductible.

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Les vacances de Noël approchant et la détermination des grévistes ne faiblissant pas, la direction de la SCNF, main dans la main avec le gouvernement, entreprend un vaste travail de communication interne pour tenter de briser la grève. Pour cela le PDG de la SNCF Jean Pierre Farandou emploie les grands moyens. Etape 1 : convoquer une réunion vidéo-conférence avec plus de 1 500 cadres SNCF lors de laquelle le PDG et le DRH Benjamin Raignault ont « traduit en langage cheminot » les annonces d’Edouard Philippe, pour tenter de blinder au maximum leurs intermédiaires internes. Etape 2 : envoyer un courrier électronique à l’ensemble des agents SNCF via une plateforme interne « Temps réel ». L’objectif de la manœuvre est de chercher à convaincre « cheminot par cheminot » d’en finir avec la grève.

L’argumentation de la direction repose sur plusieurs manœuvres. D’abord, essayer de diviser les cheminots entre ceux qui pourront bénéficier de la pension prévue par leur régime spécial, à savoir les contractuels nés avant 1975, les agents hors ADC nés avant 1980 et les conducteurs nés avant 1985, et ceux qui passeraient sous un régime de retraite à points tel que prévu par la réforme. Pour les premiers, la SNCF se veut rassurante : « Ces salariés non concernés par le système universel conservent l’intégralité des règles du régime spécial actuel : âge d’ouverture des droits, conditions de trimestres, retraite calculée sur 75% du salaire des six derniers mois, etc. »

Le pari de la direction est que les cheminots et agents SNCF qui ne seraient, d’après le gouvernement, pas touchés par la réforme acceptent d’en finir avec la grève, et que les autres, les jeunes qui seront eux concernés par la réforme et qui représentent 52 000 agents selon un décompte réalisé par l’Unsa-ferroviaire, se retrouvent isolés. L’enjeu central étant d’en finir avec une grève reconductible jusqu’ici très largement suivie, et alors qu’une nouvelle journée de grève nationale interprofessionnelle doit avoir lieu mardi 17 et promet d’être plus encore plus massive que le 5 décembre.

Mais la direction utilise ses positions et ses moyens pour s’adresser directement à chacun des 143 000 agents, tentant ainsi de convaincre la base. Ainsi, en ce qui concerne l’instauration d’un âge pivot prévu par le gouvernement, la lettre de la direction précise « Le Premier ministre a annoncé l’instauration d’un ‘âge d’équilibre’ pour tous les Français, et donc pour tous les cheminots partant à la retraite. Cet âge d’équilibre, qui s’appliquerait à tous les salariés quel que soit leur statut, donnerait droit à un départ en retraite à taux plein, avec un système de bonus/malus pour celles et ceux qui partiraient avant ou après celui-ci. Les modalités d’application de cet âge d’équilibre pour les statutaires (calendrier de mise en oeuvre et articulation avec les règles actuelles) sont soumises à la concertation. Les concertations sur ces sujets démarreront dès demain. »

Les organisations syndicales représentatives investies dans le mouvement de grève reconductible (CGT, Unsa, Sud Rail), qui avaient rendez-vous jeudi 12 pour discuter de dossiers internes, ont vu l’ordre du jour initial modifié le jour même de la réunion pour transformer la réunion en concertation sur les modalités d’application de la réforme des retraites. « Cette rencontre ne visait qu’à permettre à la direction de l’entreprise et au gouvernement de pouvoir déclarer que les organisations syndicales cheminotes étaient autour de la table » de la concertation, a estimé le porte-parole de SUD-Rail, dont l’organisation, comme celle de la CGT, a fait le choix de quitter la réunion. Il semblerait que l’UNSA ferroviaire aussi, même si cela est moins clair. Du côté de la CFDT, la volonté de négociation est toujours au rendez-vous. Mais aussi bien du côté de l’Unsa que de la CFDT, il faut souligner que ces derniers jours les directions de ces organisations ont multiplié les déclarations pour trouver des pistes de sortie de conflit.

Vendredi, Jean Pierre Farandou diffusait une vidéo où il s’adresse aux cheminots pour leur demander de faire une trêve pour les fêtes de fin d’année.

Anasse, cheminot et délégué Sud Rail, lui répond : « Il n’y aura pas de trêve. On a déclaré la guerre, on ne va pas poser les armes (…) Il est hors de question qu’on regarde nos enfants le jour de Noel et qu’on leur dise ‘mon fils, ma fille, pour Noël, papa et maman t’ont offert la clause du grand père’ ! S’il faut faire grève jusqu’à Noël pour être entendu on le fera, jusqu’au retrait ! »

Contre ces énièmes tentatives de briser la grève et de diviser les grévistes, qui interviennent en parallèle de manœuvres semblables à la RATP, l’enjeu est au contraire de radicaliser le mouvement, dans les transports et plus largement chez les enseignants, dans la santé, dans les secteurs de l’énergie, de la pétrochimie, dans les ports, dans la jeunesse, et de poser la question de la reconductible et d’une grève générale capable non seulement de faire reculer le gouvernement sur sa réforme des retraites, mais également de donner une perspective à la colère accumulée contre Macron et sa politique.


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