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Macron fait des vidéos

Climat. Face à la colère de la jeunesse, Macron tente une opération séduction sur YouTube

Ce dimanche, Macron publiait une vidéo YouTube visant à réhabiliter son bilan sur l'écologie. Alors que des germes de radicalité commencent à s'exprimer sur le terrain de l'ecologie, cette vidéo s'ancre dans une tentative du gouvernement de séduire la jeunesse, qui va de pair avec une offensive répressive contre le mouvement climat.

Seb Nanzhel

16 novembre 2022

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Crédit photo : capture d’écran de la vidéo publiée sur la chaîne d’Emmanuel Macron

Ce dimanche 13 novembre, Macron publiait sur sa chaîne YouTube une vidéo intitulée "je réponds à vos (premières) questions sur l’écologie". Une vidéo qui fait suite à ses tweet et post Instagram du 5 novembre, qui appelaient les utilisateurs des plateformes à lui soumettre leurs interrogations sur le sujet.

Dans la vidéo, le président tente une apparition détendue et joue l’influenceur sur un montage qui imite les podcasts. C’est entre deux tentatives de blagues qu’il se gargarise de son bilan sur le terrain de l’écologie. Le contenu de la vidéo n’apporte rien de nouveau sur le discours écologique gouvernemental, à part éventuellement quelques nouveaux mensonges au compteur. La forme, en revanche, est significative sur la stratégie déployée actuellement par le gouvernement pour tenter de redonner du souffle à son écologie pro-patronale particulièrement discréditée.

Les discours sur l’écologie avaient en effet été mis au second plan par le gouvernement lors de la dernière période. Avec l’accentuation de la crise énergétique, le gouvernement a bien tenté de mobiliser des arguments écologiques de "sobriété" afin de justifier ses mesures austéritaires dans les services publics et ses politiques de culpabilisation individuelles. Mais la « redécouverte » des cols roulés, et celle de l’étendoir à linge par le député Gilles Le Gendre avaient achevé de discréditer le gouvernement, alors que la "sobriété subie" (pauvreté dans le langage de la ministre Agnès Pannier-Runacher) est le lot de plus en plus de personnes en raison de l’inflation.

Avec la COP27, le gouvernement tente de renouveler son discours et d’impulser un retour du "Make our planet great again". À l’approche de l’échéance, Macron a annoncé la sortie de la France du Traité de la Charte de l’Énergie, demandée de longue date par les militants écolos. Lors de son discours à l’ouverture de la COP27 en Egypte, il a ensuite tenté de s’imposer en leader européen de la transition écologique. A l’issue de ce discours, il est apparu dans un entretien avec de jeunes militants climat à Sharm El Sheikh, dont un extrait a été partagé par le média Brut. La démonstration récente de ses talents de youtubeur s’inscrit dès lors dans cette opération de séduction.

Le fond de l’écologie macroniste reste inchangé, entre mesures antisociales et pro-patronales. Le président lui-même n’a pas manqué de le rappeler en conviant dès le lendemain de son discours les entreprises françaises parmi les plus polluantes à l’Elysée pour leur promettre de nouvelles aides. En revanche, cette tentative de remobilisation marque un besoin du gouvernement de reprendre la main sur les questions d’écologie.

En effet, la crise écologique ne cesse de s’approfondir et la responsabilité du patronat et des États dans celle-ci deviennent flagrantes. Dans le même temps, les grandes messes internationales comme la COP27 apparaissent de plus en plus discréditées. Ce contexte voit émerger un renouveau dans les mobilisations climat, avec une multiplication des actes de désobéissance civile mais aussi la mobilisation de Sainte Soline qui a réuni plusieurs milliers de manifestants contre les projets de mega-bassines. Autant de symptômes d’une aspiration importante dans la jeunesse, mais pas uniquement, de changements profonds pour maintenir l’habitabilité de la planète.

Un phénomène dont la macronie a bien conscience. Et elle n’entend pas laisser se développer la radicalité en germe qui commence à s’exprimer aujourd’hui. Pour cela, elle compte sur la répression, à l’image du dispositif massif mis en place pour faire face aux manifestants de Sainte Soline, de la circulaire de Dupont Moretti appelant à durcir les poursuites contre les manifestants ou encore des discours de Darmanin sur "l’eco-terrorisme". Mais elle compte également sur cette campagne de séduction auprès de la jeunesse, pour enfermer l’écologie et ses perspectives entre les mains du gouvernement et des entreprises.

D’une main, Macron et sa clique tentent de maintenir la jeunesse dans les rangs en multipliant les coups de com’. De l’autre elle tape sur tous ceux qui en sortent.
Dans ces coordonnées, il faut donner au gouvernement de vraies raisons d’avoir peur en constituant des alliances entre les mouvements climat et les travailleurs, afin de pouvoir combattre frontalement le patronat et le gouvernement responsables de la crise, et de refuser tout compromis avec ces derniers.


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