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Moyen-Orient

Cisjordanie. Les colons israéliens pourront avoir accès aux vaccins, mais pas les Palestiniens ?

La campagne nationale de vaccination israélienne inclura les colons israéliens qui occupent la Cisjordanie, mais exclura des millions de palestiniens, en attente de l'Autorité Palestinienne qui compte sur des dons internationaux de vaccins.

Salvador Soler

30 décembre 2020

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L’article original, écrit par Salvador Soler est disponible sur le site de La Izquierda Diario, journal frère de Révolution Permanente, traduit de l’espagnol par Ju Angio.

Samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a reçu une injection du vaccin contre le Covid-19, marquant le début d’un déploiement national du dit vaccin dans les prochains jours.

Pourtant, la campagne de vaccination de masse, décrite comme la plus importante de l’histoire d’Israël et intitulée « Give a shoulder » (« Tends l’épaule »), n’inclura pas les millions de palestiniens vivant sous contrôle israélien malgré une récente augmentation des cas et des décès dus au virus. Ainsi les colons israéliens vivant en Cisjordanie pourraient être vaccinés mais pas les Palestiniens, dans un acte clair de ségrégation sociale et raciale.

Selon les derniers chiffres du ministère israélien de la santé, plus de 370 000 personnes ont été testées positives au virus depuis que l’État hébreu, un pays d’environ neuf millions d’habitants, a confirmé son premier cas en février. Le vaccin sera administré dans 10 hôpitaux et centres de vaccination à travers Israël pour les travailleurs de la santé à partir de dimanche, selon le Ministère de la santé. Au cours de la semaine, le ministère a déclaré que les vaccins seront étendus au grand public, en commençant par les plus de 60 ans.

Israël a conclu un accord avec le laboratoire pharmaceutique Pfizer pour fournir 8 millions de doses de son vaccin nouvellement approuvé, assez pour couvrir près de la moitié de la population israélienne de neuf millions d’habitants, car chaque personne a besoin de deux doses. Elle a également conclu un accord séparé avec Moderna au début de ce mois pour acheter six millions de doses de son vaccin, soit assez pour trois millions de personnes supplémentaires.

Pendant que les israéliens seront vaccinés, les palestiniens continueront d’attendre

Des millions de Palestiniens vivant sous contrôle israélien devront attendre beaucoup plus longtemps que le reste du pays. En effet, la campagne de vaccination inclura les colons israéliens qui sont des citoyens israéliens habitant au plus profond de la Cisjordanie, mais pas les 2,5 millions de Palestiniens du territoire.

Ceux-ci devront attendre l’Autorité palestinienne, à court d’argent, qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie occupée, un territoire défini dans les accords dits d’Oslo en 1993. « Si nous voyons que les demandes d’Israël ont été satisfaites et que nous disposons de capacités supplémentaires, nous envisagerons certainement d’aider l’Autorité palestinienne » a déclaré Yoav Kisch, le vice-ministre israélien de la santé, à la radio Khan.

L’Autorité palestinienne espère obtenir des vaccins grâce à un partenariat mené par l’Organisation mondiale de la santé avec des organisations humanitaires connues sous le nom de COVAX, qui n’a pas encore atteint les 2 milliards de doses qu’elle espère acheter l’année prochaine pour les habitants des pays pauvres. Il s’agit d’une aide humanitaire internationale historique pour l’Autorité palestinienne mais qui permet à Israël de poursuivre son statu quo d’occupation et de ségrégation.

Ce qui complique les choses, c’est le fait que les Palestiniens disposent à peine d’une unité de réfrigération capable de stocker le vaccin Pfizer et d’une très mauvaise infrastructure sanitaire due, au niveau central, à des politiques racistes, similaires à celles de l’apartheid en Afrique du Sud, et au blocus économique de toute la bande de Gaza.

L’Autorité palestinienne a signalé plus de 85 000 cas en Cisjordanie, dont plus de 800 décès, et l’épidémie s’est intensifiée au cours des dernières semaines. La situation est encore plus grave à Gaza, où vivent deux millions de Palestiniens, et qui est soumise à un blocus israélien et égyptien depuis que le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Les autorités ont signalé plus de 30 000 cas, dont 220 décès. En outre, le système de santé est également décimé et détruit par les bombes qui continuent de tomber sur la bande de Gaza depuis le début de la pandémie.

En ce sens, il est pour cela nécessaire de soutenir le peuple palestinien contre l’oppression sioniste et dans la lutte pour le droit à l’auto-détermination palestinienne, contre l’occupation d’Israël, dont le choix quant aux vaccins pour une certaine partie de la population n’est que la plus récente expression de cette logique de ségrégation.


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