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Un film de Xavier Gayan

Cinéma. Guyane, la vérité sans filet

A écouter les critiques, il sortirait plusieurs chefs d’œuvre par semaine, disait Maurice Pialat. La quantité des toiles du mercredi vite oubliées, donnent raison aux propos de l’immense cinéaste, qui n’avait pas pour habitude de mâcher ses mots. Les grands films restés en périphérie, apportent selon moi une confirmation mordante à l’ironie du réalisateur, tempêtant contre un cinéma français qu’il jugeait au bord de l’engourdissement fatal.

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Silien Larios

Rencontres en Guyane,réalisé en 2008 est à découvrir. A l’heure d’Adopi, le film de Xavier Gayan se trouve visible en streaming. En attendant une diffusion en salle de cinéma. Uniquement sur internet la caméra picaresque du cinéaste se promène au hasard de rencontres. Le gré des pérégrinations conduit de fous rires non coupés, jusqu’au danger de montrer toute réalité pas belle à entendre. Le tout ponctué par des mouvements d’appareils virevoltants quand arrivent les fêtes guyanaises…

Beaucoup de créateurs, ne veulent plus tenter le diable. Par peur, les écueils du politiquement incorrect coupant les couilles sont rarement franchis… Ils évitent le danger d’affronter toutes vérités pas belles à voir. Ici la vérité se rencontre sans filet. Les discussions seules, à plusieurs, se font naturellement. Le plus naturellement du monde… La caméra est oubliée. Elle est derrière, comme une invitée surprise, parfois au plus près des visages.

Sans tabou, loin des clichés se trouvent évoqués : le post colonialisme, la violence des relations inter communautaires, les petites misères, grandes joies de la vie quotidienne du couple… La force du film vient de là. Tous les points de vue sont filmés avec spontanéité, de l’émotif capté sur pellicule. Un regard lumineux passe du joyeux à l’humide au détour d’une même phrase. Le cinéma se rencontre comme la première fois. Toutes les générations s’expriment, ça passe du poétique à l’effroyable…

Des rencontres en Guyane, je n’en dirai pas plus. Le film de Xavier Gayan va bien au-delà… Il y a aussi des plans d’endroits filmés non comme des cartes postales, mais comme des lieux de vie. Véritable leitmotiv conducteur du film, le carnaval. La dernière séquence est hallucinante de beauté. La conclusion un hommage direct auxDamnésde Luchino Visconti.


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